Hommage à la culture hellénique
En arrivant à Liège, un masque doré me collait à la peau : j’étais “la Grecque” », constate Aikaterini Lefka, maître de conférences en faculté de Philosophie et Lettres. Dans
Compatriotes du soleil , son nouvel ouvrage, la docteur en philosophie et lettres de l’ULg entend «
relancer le dialogue interculturel ». A travers une œuvre originale, elle propose un “périple littéraire” permettant aux lecteurs d’apprécier la continuité de la pensée et de la manière de vivre du peuple grec. L’ouvrage balaye 28 siècles d’écriture dans l’intention d’ériger une passerelle entre l’Antiquité et l’Epoque contemporaine et propose un panorama littéraire dans lequel son auteur ne souhaite « n
i diviniser, ni diaboliser » la culture, mais, simplement, la présenter de l’intérieur.
Classiques et contemporainsAussi, parmi les pages de cette anthologie thématique, on trouve des extraits de l’
Iliade et de l’
Odyssée (VIIIe siècle avant J.-C.), mais aussi des œuvres de grands poètes lyriques et tragiques, d’historiens et de philosophes de l’Antiquité, mis en parallèle avec des passages de textes néohelléniques, issus de la tradition poétique populaire orale commencée au IXe siècle de notre ère, comme Constantin Cavafy et les nobélistes Giorgos Seferis et Odysseas Élytis, auxquels fait également référence le titre du livre – pour ne citer que les plus connus. Les textes se présentent à la fois en version originale et en traduction française.
La langue est l’expression d’une culture. « L
a pensée grecque se trouve derrière les mots, affirme la chercheuse.
Mon livre ressemble à une croisière sur la mer Egée ; le lecteur effectue une série d’escales, chaque texte symbolise une île différente sur laquelle il peut choisir de s’attarder. » La mémoire historique, l’admiration devant la beauté du paysage, l’appel du grand large et la nostalgie du pays, la liberté… sont autant de notions-clés abordées par le biais de la présentation comparative de textes littéraires.
L’horreur de la mort et l’amour de la vie constituent en outre deux thèmes chers aux yeux de l’auteur. Celle-ci rappelle que, malgré l’importance du christianisme – pour lequel la vie n’est qu’un moment souvent difficile à passer en espérant la béatitude de la vie éternelle pour les justes –, les poèmes populaires déplorent l’horreur d’Hadès et le sombre sort qui attend les âmes des défunts. D’autre part, l’amour de la vie reste une valeur impérissable dans l’esprit de ce peuple aux traditions de plusieurs millénaires. « S
i la vie est symbolisée par une médaille, la mort en constitue son revers, assure Aikaterini Lefka.
Le quotidien était très difficile mais les Grecs trouvaient toujours le moyen de sourire à la vie et d’apprécier ses plaisirs, à commencer par les plus simples : il y a là quelque chose à retenir », ajoute t-elle.
Sans finA la suite d’une année de recherche documentaire et de longues discussions avec son philologue de père, l’auteur avait réuni tous les extraits nécessaires à la rédaction de l’ouvrage. Son choix s’est essentiellement porté sur des poèmes à cause de leur brièveté et de leur efficacité narrative. Le fruit de ce travail se présente ainsi dans un format accessible à tous et susceptible d’être enrichi par la suite. «
J’espère ouvrir des pistes, mon ouvrage n’a pas de fin », conclut Aikaterini Lefka.
Initialement destiné aux étudiants en grec moderne de l’université de Liège, le livre ne manquera pas de séduire un public plus vaste. Philologues classiques, philosophes, parents d’élèves, amis, etc., ont donc déjà manifesté leur envie de le parcourir.
Coralie Solheid
Aikaterini Lefka, Compatriotes du soleil. Eléments diachroniques de la pensée grecque, Editions de l’université de Liège, Liège, 2008.