Janvier 2009 /180
Janvier 2009 /180

Les chercheurs se mouillent

 Repeuplement du milieu aquatique mosan

poisson2Le parvis de l’Institut Van Beneden était comble le 26 novembre dernier. Les journalistes se pressaient autour de Benoît Lutgen, ministre wallon de l’Environnement, et du gouverneur de la province de Liège, Michel Foret, qui avaient délaissé momentanément leurs cabinets respectifs afin de déverser dans le fleuve quelques dizaines de milliers de gardons, ides, goujons, perches et brochets.

Ferrer le poisson
Si l’opération de repeuplement des rivières est assez habituelle pour les pêcheurs, celle-ci revêtait un caractère symbolique puisqu’elle faisait suite à une pollution. Le 31 juillet 2007, la société Chimac sise à Ougrée avait, en effet, accidentellement libéré 80 kilos de pesticide dans les eaux de la Meuse. Cet accident avait eu des conséquences dramatiques pour la faune et la flore fluviales. Ayant admis sa responsabilité, la société Chimac a accepté, dans le cadre d’une concertation avec le ministre, de verser une indemnisation de 350 000 euros pour les dégâts causés. Le déversement des 450 kilos de poissons le 26 novembre constituait une première étape dans le plan de restauration et de repeuplement du milieu aquatique mosan. Jean-Claude Philippart, chercheur qualifié au FNRS, accompagnait le processus en qualité d’expert.

« Notre collaboration avec la commission piscicole de la province de Liège est assez ancienne, rappelle le chercheur. En 1964 déjà, cette commission qui rassemble les représentants des fédérations de pêcheurs avait contacté le service d’éthologie de la faculté des Sciences. » Les liens se sont consolidés au fil des ans, tant et si bien que la commission a financé plusieurs projets de recherche concernant l’état des rivières et la santé des poissons. « Il est d’ailleurs symbolique que la fédération des pêcheurs de la Basse-Meuse et la Maison wallonne de la pêche ont choisi l’université de Liège pour le premier coup d’envoi des restaurations des dégâts environnementaux de la Meuse et du canal Albert », souligne Jean-Claude Philippart. A terme, quatre tonnes de poissons seront déversées à plusieurs endroits du fleuve.

poissonDepuis les années 1970, le service d’éthologie dirigé aujourd’hui par le Pr Pascal Poncin et, en son sein, le laboratoire de démographie des poissons et d’hydroécologie de l’ULg ont acquis leurs lettres de noblesse dans le monde scientifique. La palette des activités menées dans le service du Pr Poncin s’est étendue : les recherches sur la démographie des poissons et sur leurs comportements voisinent avec l’aquaculture développée à Tihange. Une expertise qui a permis au laboratoire de participer dès 1983 au programme “Espèces menacées en Wallonie” lancé par la Région wallonne, lequel avait mis en exergue le mauvais état de la faune fluviale. « Nous avons alors décidé – dans une optique de conservation de la nature – de créer un élevage d’espèces rares comme le barbeau, précise Jean-Claude Philippart. Ce qui a permis, à plusieurs reprises, de rempoissonner les rivières de Wallonie. » Une activité qui a engendré la mise en place d’un suivi des populations piscicoles par télémétrie, approche assez unique en Communauté française qui rejoint un des axes majeurs de recherche de ce service : l’application de techniques nouvelles de suivi automatisé du comportement.

Expertise
L’étoffe progressive des équipes de recherche permet aujourd’hui de parler d’un véritable “Pôle poissons” à l’ULg. Associant recherche, formation, coopération au développement et service à la communauté, ce pôle – à la base de la spin-off Profish Technology – a acquis une renommée internationale et attire nombre de doctorants étrangers. Une bonne santé qui suscite à présent l’engouement d’autres centres universitaires tel que le laboratoire d’immunologie et vaccinologie en faculté de Médecine vétérinaire. La constitution d’une équipe pluridisciplinaire est dans l’air.

Patricia Janssens

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