L’université sans frontières

Une idée ambitieuse dans la Grande Région

Les autorités des universités de Sarrebruck, Luxembourg, Trêves, Kaiserlautern, Metz, Nancy et Liège

La démarche n’est pas neuve, mais une coopération transfrontalière de cette ampleur en enseignement supérieur et recherche, associant les grandes universités de la Grande Région (Sarrebruck, Luxembourg, Metz, Nancy et Liège), a tout d’une initiative unique en Europe. Un laboratoire européen en miniature – à la dimension de la “Grande Région” tout de même ! – mettant en pratique la philosophie de la Déclaration de Bologne, en quelque sorte.

Petite Europe
Le projet “Université de la Grande Région” (UGR), récemment lancé à Sarrebruck par les recteurs et présidents des universités impliquées, est à l’origine (en 2007) une proposition de l’ULg. Les fonds européens Interreg, les régions et les universités partenaires ont ensuite donné vie à cette idée ambitieuse. Aujourd’hui, le projet démarre, coordonné par l’université de la Sarre et doté d’un budget de 6 millions d’euros pour trois ans et demi. Concrètement, il s’agit de créer un espace commun d’enseignement supérieur au sein de cette “petite Europe” formée par la Sarre, la Lorraine, le Luxembourg, la Rhénanie-Palatinat et la Wallonie.

La phase opérationnelle s’élabore au sein de cinq modules de travail coordonnés chacun par l’une des universités partenaires. D’ici au printemps 2009, le projet permettra la création et la mise en réseau des structures conduisant à des nouveaux cursus de formation d’intérêt “grand régional”, toutes disciplines confondues, débouchant sur des diplômes conjoints assortis d’un label Grande Région spécifique, représentant un incontestable atout sur le marché du travail pour les étudiants. La mobilité des étudiants, des professeurs et des chercheurs est au cœur du projet d’université de la Grande Région, donnant ainsi à chacun une perception très concrète des réalités (culturelles, linguistiques, sociales et économiques) de l’espace “grand régional”. Le renforcement de la coopération en recherche et dans la formation doctorale est également à l’ordre du jour.

Au sein de l’université de la Grande Région, un étudiant pourrait, par exemple, réaliser le premier semestre d’un master à Metz, le poursuivre à Sarrebruck, le finir à Liège, et recevoir un diplôme conjoint des trois universités, porteur du sceau “grand régional”. Autre exemple : des écoles doctorales communes aux universités partenaires pourraient voir le jour pour la formation des chercheurs dans telle discipline, etc.

Autoroutes de la formation
« Avec l’UGR, nous construisons les autoroutes de la formation dans la Grande Région, explique avec enthousiasme Bernard Rentier, recteur de l’ULg. Notre volonté est de mettre en place des structures solides et pérennes de coopération transfrontalière en enseignement supérieur et en recherche. » Le projet vise en effet à accumuler de bonnes pratiques d’échange d’informations et de simplification des procédures administratives afin de faciliter la mise en œuvre d’un partenariat sur la longue durée. L’UGR veut s’ouvrir à l’ensemble des institutions d’enseignement supérieur de la Grande Région et présenter celle-ci comme un espace européen dynamique de formation, de recherche et d’innovation.

De la Grande Région à l’Europe et au monde, il n’y a qu’un pas, franchi par Rolf Tarrach, recteur de l’université de Luxembourg. « L’UGR est une nouvelle opportunité pour les étudiants de la Grande Région, mais pas seulement. Pour ceux des autres continents, nous allons leur dire qu’à l’UGR, ils auront l’occasion de vivre “l’Europe en direct”, de découvrir sa richesse qui naît de sa diversité, avec des partenaires de qualité dans quatre Etats différents. »

Didier Moreau