Février 2009 /181
Février 2009 /181

Littérature de l’imaginaire

Un colloque “réhabilite” Emilio Salgari


"Mes romans parcourent triomphants dans le monde entier. " Peu d’écrivains pourraient se targuer aujourd’hui d’un tel succès planétaire. Et dans un passé récent ? Georges Simenon peut-être. Et plus lointain ? Jules Verne certainement. Mais, vous n’y êtes point : il s’agit d’... Emilio Salgari. Voilà un auteur italien né en 1862 et mort en 1911, qui a écrit plus de 87 volumes, qui a influencé comme personne l’imaginaire de la Péninsule, et qui est resté longtemps méprisé par la critique officielle de son pays, tout en restant par ailleurs quasiment ignoré par l’édition française et les lecteurs francophones. Au contraire de celle et ceux de l’Amérique latine par exemple.


Il faut dire que cet écrivain populaire avait accumulé les “handicaps”. Producteur de best-sellers à répétitions, lu par ce qu’une certaine élite considère comme le menu peuple, dont l’œuvre prolifique a été exploitée par la BD autant que par le cinéma, Salgari a le plus souvent été considéré dans les hauts lieux de la chose écrite comme un représentant de la paralittérature. Là où les colloques universitaires reconnus ne daignent pas trop s’aventurer...

Luciano Curreri, professeur de langue et littérature italiennes, et Fabrizio Foni, boursier post-doc à l’ULg, ont tenu à réparer cette injustice. Les 18 et 19 février prochains, en effet, ils organisent à l’Université une rencontre autour d’un auteur qui a fait rêver plusieurs générations jusqu’à nos jours, nourrissant comme personne leur imaginaire et les transportant notamment de l’Egypte ancienne (avec Les filles des pharaons) et de la Rome antique (avec Carthage en flammes) jusqu’aux contrées plus lointaines et plus récentes du Far-West. « La plupart de ceux qui l’ont lu et qui ont grandi avec lui, avoue le Pr Curreri, croient que Salgari a visité tous les pays dont il parle dans ses livres. En fait, il n’en est rien : il allait, comme il disait, “se reposer en bibliothèque”, là où il se mettait en quête d’informations.» Un peu à la manière d’un Jules Verne fréquentant quotidiennement celle d’Amiens. 


A vrai dire, ces derniers temps, le regard porté sur ce représentant transalpin de la littérature populaire s’est sensiblement modifié. « Notre colloque s’inscrit dans cette heureuse évolution », observe Fabrizio Foni. Qui observe que le monde étudiant lui-même n’y est pas insensible : « A Namur, sans que ça ne lui ait été demandé, un étudiant veut faire son mémoire sur une comparaison entre Moby Dick de Melville et Le pêcheur de baleines de Salgari. » Faut-il voir là un signe prometteur de la fin d’un ostracisme – de la part des sphères académiques – qui n’a que trop duré ?


« C’est à espérer », se réjouissent de concert Luciano Curreri et Fabrizio Foni. Un duo qui a tout fait, dans la préparation du colloque, pour recevoir l’aide d’instances italiennes représentatives telles que le Consulat d’Italie et Elicai. Car étudier l’œuvre de Salgari, c’est sans conteste étudier l’histoire culturelle et sociale de l’Italie contemporaine.

 

Henri Deleersnijder

 

Colloque international “Un po’ prima della fine? Ultimi romanzi di Salgari tra novità e ripetizione (1908-1915)”

Les mercredi 18 et jeudi 19 février
Avec notamment la participation de Gian Paolo Giudicetti (UCL), Alberto Brambilla (Université de Besançon, Gianni Turchetta (Università degli Studi di Milano), etc.

Au Petit Physique, place du 20 Août 7, 4000 Liège.

Contacts : courriel Luciano.Curreri@ulg.ac.be,
programme sur le site www.ulg.ac.be/facphl

   
Facebook Twitter