Mars 2009 /182
Mars 2009 /182

Evolutions ? Révolutions !

 

Un Printemps des sciences en ébullition, du 23 au 29 mars prochains 

La progression des connaissances scientifiques et des techniques a profondément marqué notre mode de vie : découverte des rayons X, des antibiotiques, de l’ADN, développement de la radiothérapie et de l’imagerie médicale, de l’électronique, des télécommunications et des moyens de transport rapides, des nanotechnologies, etc. C’est donc une science en ébullition permanente au cœur de nos sociétés, moteur de révolutions culturelles et technologiques, qui sera à la fête lors du Printemps des sciences, du 23 au 29 mars. 

Fil conducteurs des activités proposées dans ce cadre, un triple anniversaire, à savoir celui de Charles Darwin né en 1809, celui de la parution de son ouvrage L’Origine des espèces en 1859 et celui des observations de Galilée (en 1609) grâce à la lunette astronomique. D’où le thème proposé par le réseau Scité cette année : “Evolutions-Révolutions”. 

L’évolution de nos assiettes 

Alors qu’au début du siècle dernier, les achats alimentaires représentaient 60% du budget des ménages belges, ils ne constituent plus aujourd’hui que 12 %. La diminution du coût de l’alimentation ne suffit pas à expliquer cette chute : manifestement, les nouvelles dépenses (loisirs, communications, transports, etc.) ont pris beaucoup d’importance dans “le panier de la ménagère”. « La part de produits frais – fruits, légumes, pommes de terre et viande –, mais aussi celle de pain, farine, huiles, beurre, sucre et condiments qui constituent les bases d’une alimentation traditionnelle dans nos régions, est en nette diminution alors que celle des dépenses de restaurants et de plats préparés augmente », constate Brigitte Duquesne, chercheuse dans l’unité d’économie et développement rural (Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux). 

 

 

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Paradoxalement, alors que les Occidentaux disposent d’une alimentation abondante et peu chère, ils optent pour des comportements peu judicieux… et développent des maladies liées à la surcharge pondérale (un Américain sur trois et un Belge sur dix sont obèses). « S’il se dit préoccupé par la qualité des aliments, le consommateur est surtout très sensible au prix des denrées, continue la chercheuse. Il est donc pertinent de rappeler que les habitudes alimentaires de chacun ont des répercussions non seulement sur sa santé mais aussi sur celle de la planète et des populations qui y vivent. » Or, il existe des solutions pour manger sainement tout en favorisant une agriculture et un système alimentaire durables. Et de recommander de préférer des aliments “nus (sans emballage), non loin (agriculture locale) et naturels”. 

A Gembloux, des conférences, posters et animations exposeront les grands principes de l’agriculture durable et attireront l’attention sur le paradoxe délétère de notre consommation. 

La révolution électrique 

La surconsommation des ressources naturelles, la pollution et les émissions de gaz carbonique responsables avec d’autres gaz de l’effet de serre ont poussé les scientifiques à envisager des solutions alternatives à notre approvisionnement en énergie, et plus globalement à développer le concept d’énergie renouvelable. Les énergies électriques “vertes” (éoliennes, panneaux solaires photovoltaïques, énergies hydrauliques, piles à combustible) et la gestion de l’énergie (gestion des réseaux électriques, maison passive) s’imposent petit à petit, mais seront-elles suffisantes ? Rien n’est moins sûr. A l’évidence, en Belgique, ni l’énergie éolienne ni l’énergie solaire ne permettent un approvisionnement stable et suffisant en électricité. De plus, la production en électricité doit pouvoir être assurée à tout moment, quelles que soient les conditions météorologiques. « Dans un premier temps, explique Huu-Minh Nguyen, assistant au département d’électricité, électronique et informatique (Institut Montefiore), nous ne pourrons pas nous passer de l’énergie thermique et nucléaire à moins d’acheter l’énergie dans les pays voisins qui l’accepteront, ce qui ne résoudrait pas le problème ! » 

EOLes recherches – à l’Institut Montefiore notamment – s’orientent maintenant vers des solutions “globales” qui combinent les avantages de chacune d’entre elles et modernisent la gestion du réseau : c’est ce que l’on appelle les smart grids (mini-réseaux interconnectés). Mais c’est aussi du côté des économies d’énergie qu’il faut se tourner. Si demain on consommera moins d’énergie par habitant, il est très probable que la part de l’électricité va grandir dans le trio de fourniture énergétique typique (électricité-chauffage-voiture) d’un particulier. Les ingénieurs sont donc confrontés à une équation à trois inconnues : comment économiser notre consommation globale et la rendre plus écologique tout en garantissant une qualité optimale d’approvisionnement ? 

A l’aide de maquettes, les chercheurs de l’Institut Montefiore et des départements Argenco et sciences et gestion de l’environnement tenteront de répondre à toutes les questions relatives à ces énergies électriques vertes. Quelles sont-elles ? Quels sont leurs avantages et leurs défauts ? Comment ces nouvelles sources d’énergie vont-elles faire évoluer notre quotidien, notamment dans la conception de nos maisons (chauffage, économie d’énergie), des loisirs (communications, internet, etc.), et des transports ? Ce sont les réponses à ces questions qui façonneront notre rapport à l’énergie de demain. 

 

Patricia Janssens 

 


Printemps des sciences

 • En semaine pour les écoles : du lundi 23 au vendredi 27 mars,  de 9 à 16h (le mercredi, en matinée uniquement).  Inscription préalable obligatoire.  • Le week-end : les samedi 28 et dimanche 29 mars,  de 14 à 18h. Ouvert au grand public. Accès libre et gratuit.  Pour plus d’informations, voir le site www.printempsdessciences.be      

Le Printemps des sciences se déroule dans toute la Communauté française. Pour la région de Liège-Luxembourg, la majorité des activités proposées se déroulent à l’Embarcadère du savoir, le pôle muséal scientifique et technique de la ville de Liège. Des activités sont également organisées à Gembloux, Arlon, Libramont et La Reid. 

 

Contacts : Embarcadère du savoir, Institut de zoologie, quai Van Beneden 22, 4020 Liège, tél. 04.366.96.96, courriel sciences@ulg.ac.be, site www.ulg.ac.be/sciences 

Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, tél. 081.62.22.66, courriel leleux.v@fsagx.ac.be, site www.fsagx.ac.be/fac/fr  

 

Dans le cadre du Printemps des sciences

  Doc’café : “Nucléaire, eau, électricité : on gère?”  Le dimanche 29 mars à 15h  à l’Embarcadère du savoir, Institut de zoologie,  quai Van Beneden 22, 4020 Liège.  Avec la participation de trois doctorants de l’ULg :  - Teresa Elola Calderon (politologue), 
- Huu-Minh Nguyen (ingénieur) 
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 et Sophie Pedoux (physicienne).

 

Contacts : tél. 04.366.96.96, courriel sciences@ulg.ac.besite www.ulg.ac.be/sciences 

 

La révolution de Darwin 

« On pourrait croire, au moment de la célébration du bicentenaire de Darwin, que la théorie de l’évolution est définitivement admise. Pourtant des groupes intégristes s’efforcent encore de jouer la foi contre la science et de raviver le mythe créationniste. L’acceptation ou le refus du darwinisme n’est pas uniquement une question de science : les implications sont politiques, sociales et philosophiques », expose Geneviève Xhayet, chercheuse au Centre d’histoire des sciences et des techniques de l’ULg, dans un récent numéro d’Espace de libertés*. 

Selon la Bible, la création est l’œuvre de Dieu. Sur la foi des textes sacrés, certains ont calculé que cette création a eu lieu en l’an 4004 avant J-C. Mais au XVIIIe siècle, la mise à jour de fossiles suscite beaucoup de questions : le monde serait-il plus vieux que le laisse croire le texte sacré ? 

En 1859, dans un ouvrage désormais célèbre, L’Origine des espèces, Darwin, un naturaliste anglais, propose un tout autre système explicatif, incluant l’homme dont l’animalité est ainsi affirmée. Il confirme la théorie de l’évolution des espèces, déjà envisagée par Jean-Baptiste de Lamarck, et l’explique par la sélection naturelle et sexuelle, ce qui est nouveau. Son explication repose sur deux constats. Premièrement, les espèces varient constamment et seuls les individus porteurs de traits les plus avantageux survivent et transmettent leurs caractères. Deuxièmement, les êtres vivants se reproduisent en trop grand nombre : seuls les plus forts peuvent se nourrir et survivre. De la même manière, seuls les plus forts s’adjugent les femelles et procréent. Ainsi fonctionne la sélection naturelle et sexuelle. Au fil des générations, elle favorise toujours les plus aptes et les meilleurs. 

« De scientifique, le darwinisme se mue vite en question de société, poursuit Geneviève Xhayet. En effet, la conception traditionnelle de l’homme et sa place dans le monde sont en jeu. Face au créationnisme qui définit un ordre immuable, le monde proposé par Darwin est en mouvement. Alors que les milieux libre-exaministes accueillent favorablement la nouvelle théorie, l’Eglise catholique, dont Darwin sape les fondements doctrinaux, se hérisse. Mais, peu à peu, le principe de l’évolution graduelle est admis. » 

* Espace de libertés, n°372, février 2009.

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