Mars 2009 /182
Mars 2009 /182

Que deviennent nos enfants… ?

La Société belge de pédiatrie tient son 37e congrès à Liège

  

Le congrès annuel de la Société belge de pédiatrie, qui aura lieu les vendredi 13 et samedi 14 mars à Liège, s’ouvre cette année sur une série de points d’interrogation : que deviennent les enfants soignés, hospitalisés, voire traités en consultation ? La maladie dont ils ont souffert a-t-elle laissé des traces ? Aura-t-elle des répercussions pendant leur vie d’adulte ou n’était-ce qu’un épisode dramatique de leur enfance ? Le pédiatre joue-t-il un rôle dans le diagnostic précoce ou la prévention de maladies dites de l’adulte ? Ces thèmes seront abordés et discutés lors de sessions plénières et d’ateliers qui réuniront les différentes branches de la pédiatrie devant un parterre de médecins, assistants et étudiants. On attend environ 500 praticiens lors de ces deux journées. 

 

Confrontation d’expériences 

 

Le programme* concocté sous la houlette de deux pédiatres de l’ULg, les Prs Jean-Pierre Bourguignon, pédiatre endocrinologue au CHU-Notre-Dame des Bruyères, et Jean-Paul Misson, chef du service de pédiatrie au CHR de la Citadelle, est éclectique et ambitionne de croiser les regards des spécialistes autour d’un même enjeu. C’est ainsi que les pédiatres endocrinologues auront notamment l’occasion de discuter avec leurs homologues gastro-entérologues. 

 

« Dans nos consultations de neuropédiatrie, explique Jean-Paul Misson, nous recevons des enfants qui ont un retard de langage ou une maladie musculaire, font des crises d’épilepsie ou développent une tumeur au cerveau, etc. » Ces pathologies soignées – voire guéries – dans l’enfance auront-elles des conséquences à plus long terme ? 

 

Parmi les sujets traités, le “trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité” (ADHD), plus fréquent chez les anciens prématurés. Si 3 à 5% de la population d’enfants en âge scolaire sont affectés par cette pathologie, elle concerne 20% des grands prématurés. Pour le Dr Jean-Marie Dubru du service de neuropédiatrie, « l’ADHD ne résulte pas d’une erreur d’éducation ou de troubles de la dynamique familiale : il s’agit d’un trouble neurobiologique qui touche principalement les petits garçons. S’il est établi que des facteurs génétiques sont prépondérants dans la genèse de l’ADHD – dans certaines familles, la fréquence de l’affection est cinq fois supérieure à la norme habituelle –, plusieurs travaux suggèrent que des anomalies du gène codant le récepteur dopaminergique D4 pourraient être à l’origine de l’ADHD. » Que deviennent ces enfants soignés pour leur déficit d’attention et leur hyperactivité ?

 

 
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Quelles conséquences peuvent avoir les maladies de l'enfant?
  

Le point sur la recherche 

 

Plusieurs conférenciers prendront la parole en séance plénière dès le vendredi soir pour évoquer quelques aspects de leurs recherches. Le Pr Jean-Pierre Bourguignon, responsable de l’unité de neuroendocrinologie du développement au Centre de neurobiologie cellulaire et moléculaire (Giga), évoquera ainsi les répercussions des agents chimiques sur le développement. « Différentes recherches ont mis en évidence que la puberté précoce chez les petites filles (apparition des seins avant 8 ans et des règles avant 10 ans) concernait principalement des enfants adoptées d’origine étrangère, expose-t-il. Les chercheurs se sont rendus compte que ces enfants avaient été exposées, notamment in utero, à des “perturbateurs endocriniens”, par exemple des agents chimiques comme le DTT. » A l’âge adulte, ces pollutions pourraient être impliquées dans une baisse de la fertilité, mais aussi dans des cancers hormono-dépendants (des testicules, du sein, etc.). 

 

« Plus grave encore, poursuit le professeur, nous pensons que l’exposition du fœtus à des agents de l’environnement peut modifier “chimiquement” l’ADN de l’individu, sans altérer sa structure en nucléotides, ce qui est particulièrement inquiétant puisque ces altérations “épigénétiques” peuvent être transmissibles aux générations suivantes. » Claudine Junien, professeur de génétique à la faculté de Médecine de Paris V-René Descartes, traitera de ce sujet en session plénière. 

 

Différents orateurs belges et étrangers aborderont, le samedi matin, le devenir des enfants touchés par des affections chroniques comme l’asthme, la maladie de Crohn, le cancer, l’hypercholestérolémie. Etre pédiatre en 2009, c’est accompagner les enfants jusqu’à la transition vers les médecins d’adulte et améliorer encore les prises en charge à la lumière de leurs réflexions. 

 

Patricia Janssens 

 

* Programme complet sur le site www.bvksbp.be 
** Voir l’article sur http://reflexions.ulg.ac.be  (rubrique vivant-médecine) 

 

Que deviennent nos enfants… ? 

37e congrès de la Société belge de pédiatrie, les vendredi 13 et samedi 14 mars au Palais des congrès, esplanade de l’Europe, 4020 Liège.

 

Informations et inscriptions sur le site www.bvksbp.be .  
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