3 questions à Albert Corhay

Les Instituts supérieurs d’architecture rejoignent le giron universitaire

Albert Corhay est le vice-recteur de l’ULg.

Au sein de l’Europe, la Communauté française de Belgique se caractérise par le fait que des formations de type long sont organisées à la fois par les Universités et les établissements d’enseignement supérieur. C’est le cas de l’architecture. En effet, il existe une section ingénieur-architecte en faculté des Sciences appliquées, mais il s’agit d’une orientation réservée aux ingénieurs civils. Pour le reste, la majorité des architectes réalisent leur cursus dans des Instituts supérieurs d’architecture (ISA), lesquels ont d’ailleurs acquis une solide réputation dans leur domaine et organisent une formation en cinq ans sanctionnée par l’obtention d’un master.

La situation évolue. Certains enseignements supérieurs de type long ont déjà rejoint les Universités. Pour mémoire, en 2004, un décret a réglé l’intégration de HEC-Liège au sein de l’ULg. Plus récemment, un autre a organisé l’intégration de la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux (Fusagx) au sein de l’ULg. Pour ce qui concerne les architectes, en 2007, un autre encore a ouvert la voie à de nouveaux rapprochements, soit par co-diplômation, soit par intégration, entre les Universités et les ISA.

Le 15e jour du mois : L’architecture à l’Université. Pourquoi ?

Albert Corhay : Le premier objectif de cette opération est certainement de nous mettre en conformité avec la déclaration de Bologne qui entend unifier l’offre des formations supérieures sur tout le territoire européen. C’est dans cette optique que le gouvernement de la Communauté française a incité les établissements d’enseignement supérieur à se regrouper afin de présenter à tous les jeunes européens une offre de formations lisible.

En ce qui concerne la filière d’architecture, le gouvernement a adopté, le 30 janvier en première lecture, puis le 6 mars en deuxième lecture, un avant-projet de décret qui devrait être voté à la fin du mois d’avril. Ce texte organise la fusion entre les Instituts supérieurs d’architecture et les Universités dès janvier 2010. A partir de cette date, les Ecoles d’architecture de La Cambre et Victor Horta rejoindront l’ULB ; l’Institut supérieur d’architecture de Mons, l’université de Mons ; les Instituts Saint-Luc de Bruxelles et de Tournai, l’UCL, tandis que les Instituts d’architecture Lambert Lombard et Saint-Luc de Liège rejoindront l’ULg. Manifestement – et c’est le vœu du gouvernement –, priorité a été accordée au critère géographique pour réaliser ces rapprochements.

En ce qui nous concerne, les discussions en vue d’un rapprochement avec les deux ISA Lambert Lombard et Saint-Luc se poursuivent depuis plusieurs mois. Si le principe de la fusion a été rapidement acquis, le modus operandi reste encore à déterminer. Mais il est vraisemblable que l’intégration sera effective dès la rentrée académique prochaine, soit en septembre 2009.

Le 15e jour : Comment les deux Instituts vont-ils s’insérer dans notre structure ?

A.C. : Les deux Instituts seront réunis pour former la faculté d’Architecture de l’ULg. Actuellement, 800 étudiants sont inscrits dans les deux établissements et 85 enseignants y travaillent. Comme ce fut le cas en 2004 lors de l’intégration de HEC, le personnel des deux Instituts sera transféré au sein de l’ULg en conservant son statut. Seuls les nouveaux engagements s’opéreront conformément aux règles universitaires habituelles.
Dès la rentrée de septembre, tous les étudiants en architecture s’inscriront à l’ULg. Mais ils continueront à suivre leurs cours sur leurs sites habituels. Je tiens à dire aussi que la nouvelle Faculté gardera la maîtrise de ses programmes pédagogiques et de ses méthodes de travail. Le cursus en architecture donne en effet une formation généraliste et professionnalisante aux étudiants, ce qui implique de nombreux stages, un contact étroit avec l’Ordre des architectes, etc. Par ailleurs, son enseignement est également centré sur un projet développé en atelier.

Le 15e jour : Quels avantages cette intégration apportera-t-elle aux trois partenaires ?

A.C. : L’université de Liège accueillera une nouvelle filière, complémentaire aux siennes, ce qui étoffera encore son offre de formations. Cette filière est d’ailleurs intéressante à maints égards, notamment parce qu’elle touche à plusieurs disciplines. Et je suis certain que les contacts avec les facultés de Philosophie et Lettres et des Sciences appliquées se noueront naturellement.

Pour les Instituts d’architecture Saint-Luc et Lambert Lombard, le fait de faire partie de l’Université va faciliter l’accès des étudiants au doctorat et inciter le personnel à la recherche. Mais il y a d’autres avantages : l’accès aux divers financements de la recherche, aux bibliothèques et autres banques de données, à la collaboration de l’Interface pour la valorisation de recherche, et j’en oublie ! De surcroît, l’insertion et l’union de ces institutions dans un ensemble plus large leur permettra certainement d’élargir leur offre de formation et d’avoir une meilleure visibilité dans le paysage européen.