Fragonard à l’écran

Philippe Raxhon se lance dans le cinéma

S’il est moins connu que son illustre cousin, Honoré Fragonard jouit cependant d’une belle notoriété grâce à ses célèbres Ecorchés. Cet anatomiste français s’est fait connaître au XVIIIe siècle par ses mises en scène de cadavres décharnés. Personnage historique intéressant à plus d’un titre, il sera prochainement le sujet principal d’un téléfilm, un docu-fiction, réalisé par Jacques Donjean, aidé dans sa tâche par Philippe Raxhon, professeur au département des sciences historiques, qui s’attelle à l’écriture du scénario. C’est la maison de production liégeoise Tarantula qui est porteuse du projet, en partenariat avec notamment la RTBF, la chaîne “Histoire”, la Région wallonne et Point du Jour International.

Un témoin de son époque

Endossant les rôles de co-scénariste, de dialoguiste et de conseiller historique, Philippe Raxhon tente de réactualiser un homme trop peu connu. « Fragonard est un témoin privilégié des enjeux scientifiques mais aussi politiques de son époque qui annonce la Révolution française. » Témoin toutefois contraint au mutisme par le manque de traces et de documents le concernant. La tâche de l’historien n’en est que plus ardue, mais le Pr Raxhon s’est laissé séduire par le défi. Ses nombreuses recherches menées sur le XVIIIe siècle lui donne une marge de manœuvre pour faire vivre le personnage de Fragonard et l’appréhender dans son milieu, malgré la carence des sources.

L’histoire offre un champ de liberté propice à l’écriture et le cinéma l’a depuis longtemps compris. Habitué à la rédaction d’articles historiques et scientifiques, Philippe Raxhon a déjà exploré l’écriture romanesque puisqu’il s’est consacré à la réalisation d’un roman épistolaire, Lettres mosanes, diffusé sur les ondes de la RTBF en 1989. Malgré tout, transposer une vie, un fait historique dans cette perspective ne peut justifier des approximations scientifiques, pratiques souvent répandues dans cette catégorie. « L’historien se doit de respecter une éthique et doit, de ce fait, être le garant d’une justesse dans le compte rendu de faits et cela, principalement à l’heure où ce genre de production devient davantage populaire. » Telle est la ligne de conduite de cette collaboration qui combine scènes de reconstitutions et interventions plus documentaires. Notons au passage que la vie estudiantine de l’époque ne sera pas oubliée !

Liège, un cadre idéal

Face à cette volonté d’exactitude, Liège répond sous différents angles à cette attente. « La ville possède des ressources extraordinaires pour faire revivre cette époque », souligne l’historien. Le Palais des princes-évêques, par exemple, offre des décors dignes des plus hauts lieux aristocratiques, ou encore le Musée d’Ansembourg et son cadre bourgeois qui est idéal. L’Université sera impliquée également dans le tournage du téléfilm. Seront sollicités les compétences et les conseils des anatomistes liégeois, en particulier le Pr Carlier, et ceux de la faculté de Médecine vétérinaire dont on connaît la réputation. Ce sont des gages de qualité. En outre, notre Institut d’anatomie possède un ancien amphithéâtre de dissection parmi les plus beaux du monde. Le film pourra bénéficier également du soutien de l’Ecole vétérinaire d’Alfort en la personne du Pr Christophe Degueurce, directeur de son musée, grand spécialiste de Fragonard.

Les repérages sont en cours, le tournage va bientôt commencer, mais il faudra patienter un peu avant de regarder la biographie de Fragonard sur les petits écrans.

Elodie Deward

« Vous avez dit Fragnonard ? »