Avril 2009 /183
Avril 2009 /183

Concours cinéma

Linha de Passe (Une famille brésilienne)  

 

linha_photo

 

Un film de Walter Salles et Daniela Thomas, Brésil, 2009, 1h48.
Avec Vinicius de Oliveira, Joao Baldasserini, José Geralgo Rogrigues, Kaique de Jesus Santos, Sandra Corveloni, etc.
Ce film sera à l’affiche des cinémas Churchill, Le Parc et Sauvenière

 

Sao Polo. Cleusa est femme de ménage et est à nouveau enceinte. Elle élève déjà seule ses quatre fils, tous nés de pères différents. Reginaldo, le plus jeune, cherche désespérément son père dans les bus de la ville. Dario rêve de devenir footballeur mais, âgé de 18 ans, ne peut plus participer aux concours d’entrée dans les clubs renommés. Dinho, pompiste dans une station essence, trouve du réconfort dans la religion. Enfin, Denis, jeune papa, parcourt la ville sur sa mobylette pour trouver de quoi payer sa pension alimentaire. Au cœur de cette grouillante métropole, quatre frères essayent de se frayer un chemin… 

 

“Linha de Passe” serait un terme footballistique pour désigner un échange de passes dans une même équipe sans que la balle ne touche le sol ou ne soit interceptée par l’équipe adverse. « Tu joues trop perso », dit l’entraîneur à Dario. Mais comment jouer collectif quand on vit dans un Brésil pauvre, inégalitaire, où les perspectives d’avenir sont inexistantes ? Comment vivre en fratrie quand la couleur de peau de ses frangins n’est pas la même que la sienne ? C’est la question qui sous-tend le nouveau film de Walter Salles : comment être quelqu’un quand on ne sait ni d’où on vient ni vers quoi on se dirige ? Et cette question prend encore davantage son sens quand elle se pose pour les Brésiliens d’aujourd’hui.  

 

En partant d’un drame intérieur et en s’inspirant d’histoires réelles, Walter Salles parvient à nous montrer plus largement la réalité brésilienne actuelle. Les quatre garçons représentent à eux seuls des centaines de milliers de Brésiliens sans travail, lesquels deviennent coursiers (300 000), se tournent vers la religion pentecôtiste, s’engagent dans le football (2 millions de jeunes essayent chaque année d’entrer dans un club de deuxième ou troisième division) ou sombrent dans la violence. Le réalisateur déjoue ainsi les idées préconçues que nous avons du Brésil. Loin de la samba et du soleil, il nous emmène dans une réalité âpre, mais sans jamais tomber dans le piège du misérabilisme. Sans jugement, mais aussi sans sensationaliisme, cette fiction a ainsi une visée documentaire dont la fin débouche malheureusement sur un constat sincère d’impuissance. 

 

Esthétiquement, Linha de Passe est une réussite. Walter Salles parvient à passer d’une histoire à une autre comme un ballon qu’on s’envoie. Il crée ainsi des rythmes différents qui sont soutenus par la musique du grand compositeur Gustavo Santaollala (Babel, Brokeback Montains). Et puis, il y a le jeu des acteurs. Le jeu sobre de cette mère aimante mais dure, qui doit mener son monde masculin à la baguette, a valu à Sandra Corveloni le prix d’interprétation féminine à Cannes. 

 

Christelle Brüll 

 

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18 le mercredi 22 avril entre 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : pour quel autre film de Walter Salles le compositeur Gustavo Santaollala a-t-il composé la bande son ?   

Facebook Twitter