Avril 2009 /183
Avril 2009 /183

Le Grand Curtius

Une porte entre passé et avenir Liège, quartier Nord.

 

Entre la place du Marché et les portes de Saint-Léonard, le Grand Curtius enfin. Témoins privilégiés des mœurs, modes et techniques d’une époque aujourd’hui révolue, cinq magnifiques édifices – les maisons De Wilde et Brahy, l’hôtel de Hayme de Bomal ainsi que la résidence et le Palais Curtius, véritables pierres angulaires de l’ensemble muséal – ont été réunis en un seul. Cinq musées (du Verre, des Armes, d’Archéologie, des Arts religieux et mosans et des Arts décoratifs) assemblés pour n’en former plus qu’un, gigantesque.  

« Cette idée d’intégration est excellente, indispensable et attendue depuis une vingtaine d’années, confie André Gob, professeur de muséologie au département des sciences historiques de l’ULg. Elle fait du Grand Curtius un musée d’une qualité exceptionnelle et d’une attractivité culturelle et touristique indéniable. »

 

Un écrin à la hauteur des collections

 

Le 7 mars dernier, les Liégeois avaient rendez-vous avec leur histoire. Il faut dire qu’entre batailles juridiques et abandons annoncés, euphorie et nouvelles impulsions, la restauration ne s’est pas faite en un jour. Mais le résultat est très intéressant. D’un point de vue architectural, il a fallu déceler le ton juste, valoriser plus que transformer, trouver l’intersection entre passé et présent. « C’est un projet architectural splendide », confirme le muséologue. Ainsi restauré, l’extérieur retrouve toute sa fraîcheur d’antan, rehaussé de structures contemporaines et agrémenté de jardins. Quant à l’intérieur, il associe avec subtilité l’élégance de la forme et l’esthétique du contenu. Un écrin à la hauteur de ses collections. 

 

D’une très grande valeur historique et scientifique, le département d’archéologie permet de retracer l’évolution humaine de la Préhistoire à la fin de l’époque carolingienne. Il abrite, par exemple, une partie de l’outillage lithique du Paléolithique moyen découvert à Spy en 1885-1886 qui apporta, en ces années, la preuve indiscutable de l’ancienneté du genre humain. 

 

Fruit de fouilles heureuses et d’importantes donations, le domaine des arts décoratifs est tout aussi important. La collection d’orfèvrerie compte des œuvres magistrales telles que la coupe Oranus datée de 1564. C’est dans cette section également que le visiteur pourra admirer les réalisations de style Art Nouveau et Art Déco de Gustave Serrurier-Bovy. 

 

Le verre est lui aussi à l’honneur, notamment à travers une série d’objets permettant de retracer l’histoire du Val Saint-Lambert. La section des Arts religieux et mosans est riche en chefs-d’œuvre. L’évangéliaire dit de Notger et la Vierge d’Evegnée évoquent à merveille ce que fut l’âge d’or du diocèse liégeois. Quant au département des Armes, outre les pièces civiles et militaires, il donne un aperçu des techniques et de la vie armurières, ainsi que des métiers de l’armurerie de luxe. 

 

palais CurtiusMVerpoorten 1

Photo: Marc Verpoorten, Office du Tourisme de la ville de Liège

 

Prolonger l’engouement

 

Au Grand Curtius, c’est donc actuellement 5800 pièces remarquables qui jalonnent les trois niveaux que compte le parcours. Une richesse sans doute proche de la pléthore pour le visiteur. « Nous préconisions de développer davantage les parcours thématiques. Finalement, ces derniers se greffent au parcours historique principal, regrette André Gob qui a fait partie du comité scientifique de rénovation chargé de faire des propositions sur l’intégration du projet. Et, bien que cela n’enlève rien à l’intérêt propre de chaque pièce, j’estime qu’il y a beaucoup trop d’objets exposés, ce qui éclipse les œuvres majeures et rend impossibles les visites à taille humaine. »

 

De nos jours, la médiation culturelle a pourtant une importance capitale. « Dans les années 80-90, précise le professeur, il y a eu une très forte augmentation de la fréquentation des musées. Les directions se sont rendu compte qu’il fallait se centrer, non pas sur le conservateur ou la collection mais sur le public, ce qui a rendu indispensable la médiation culturelle. Dans le cas du méga musée de Liège, il est primordial à mon sens de prolonger l’engouement de la réouverture qui risque de n’être qu’un feu de paille. » Une réflexion qui n’a pas échappé au directeur général, Constantin Chariot, lequel entend bien nourrir l’enthousiasme à travers diverses expositions temporaires. Certaines seront d’ailleurs réalisées en collaboration avec l’ULg. « Avec Jean-Patrick Duchesne, professeur d’histoire de l’art contemporain, nous travaillons activement sur une exposition intitulée ‘’Les poubelles du Reich’’, poursuit le Pr Gob. Nous tentons de rassembler toutes les oeuvres vendues à Lucerne en 1939 et considérées par le régime nazi comme étant de l’art dégénéré. » 

 

 

Martha Regueiro

 

 

Le Grand CurtiusEn Féronstrée 92, 4000 LiègeOuverture du lundi au dimanche et jours fériés, de 10 à 18h. Fermé le mardi.

Contacts : tél. 04.221.93.25, site www.grandcurtiusliege.be  courriel info@lesmuseesdeliege.be


De Demain à Delvaux

 

Point d’orgue de l’événement “Destinations Delvaux”, l’exposition “De Demain à Delvaux” inaugure les salles d’expositions temporaires du Grand Curtius.

 

Jusqu’au 28 juin, près de 80 œuvres relevant de diverses disciplines seront visibles, illustrant toutes les facettes de cet artiste hors norme : une trentaine de tableaux de grand format, une sélection des plus belles aquarelles étonnantes de fraîcheur, des croquis sélectionnés au départ des carnets de notes, de photos, etc. En outre, la plupart des grands tableaux seront illustrés par une série d’études préalables, esquisses ou projets. Les peintures murales réalisées en Belgique et ayant trait au rail seront également présentées ou évoquées par des maquettes et des croquis.

 

Côtoyant Delvaux, Philippe Lavandy présentera ses derniers travaux photographiques “Minutes d’arrêt”. Un travail photographique sur la solitude existentielle à travers des portraits nocturnes de navetteurs plongés, comme pour l’éternité, entre violence et hébétude, dans le trouble labyrinthe des transports ferroviaires. 

 

Informations sur le site www.destinationsdelvaux.be .Voir aussi le site http://culture.ulg.ac.be  (rubrique arts)
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