Mai 2009 /184
Mai 2009 /184

3 questions à Thomas Froehlicher

HEC-ULg, une référence en Europe

 

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Photo: ULg-JL Wertz

Thomas Froehlicher est directeur général de HEC-ULg. 

 

Tandis que les Etats-Unis et l’Europe tracent les contours des plans de relance, les Business Schools se regardent dans le miroir. Dans la crise actuelle, quelles sont les pistes de réflexion à mettre en œuvre en ce qui concerne les formations ? Le 1er avril dernier, le conseil d’école de HEC-ULg s’est tenu sous la présidence de son nouveau directeur-général. L’occasion pour Thomas Froehlicher d’exposer son plan stratégique 2009-2012. Un plan basé sur les forces de la Faculté, tourné vers l’excellence, l’internationalisation au quotidien et le renforcement de l’esprit d’appartenance à la communauté HEC-ULg ainsi que, de ses équipes, de ses étudiants, de ses alumni et de ses grands partenaires au sein de l’ULg. 

 

Le 15e jour du mois : Pensez-vous que la crise économique mondiale actuelle affecte négativement les vocations en management ? 

 

Thomas Froehlicher : Au contraire ! La demande est d’autant plus forte de comprendre les mécanismes économiques et financiers. Et les entreprises sont toujours à l’affût de matière grise. Malgré la conjoncture peu favorable, nos quatre chaires (Arcelor-Mittal, Ethias, KBC et Cera) n’ont pas été remises en question. Mais il y aura un “avant” et un “après” septembre 2008, c’est indéniable. La situation est à la fois critique et favorable à l’invention de nouveaux mécanismes de régulation. Nous avons, plus que jamais, besoin de réflexions, d’informations, de formations. Pour une école de management, c’est une motivation supplémentaire pour poser un regard critique sur ses méthodes, ses cursus, ses recherches. 

 

HEC-ULg a une bonne réputation en Belgique, et c’est la plus grande école de management en Communauté française. Le “nouvel arrivant” que je suis découvre progressivement de nombreuses “perles” en interne dans tous les domaines, mais elles sont trop peu visibles à l’extérieur : il faudrait organiser la mise en réseau de ces “micro-excellences” et confectionner des “colliers de perles”. Dans le domaine académique par exemple, dans la recherche et l’innovation pédagogique, notre Pôle interdisciplinaire en gestion et en économie (Prisme), qui réunit les représentants de nos centres de recherche et de nos unités d’enseignement et de recherche, a répertorié une douzaine de domaines particulièrement intéressants. Je pense que nous devons choisir parmi ces secteurs les thèmes les plus prometteurs pour en faire nos “pointes d’excellence”, lesquelles devront répondre à des critères de cohérence. Elles devront en effet démontrer à la fois la robustesse de leur production académique, l’attractivité de leur enseignement au plan international et une capacité d’expertise avérée par le monde socio-économique. 

 

Le 15e jour : Quel profil pour HEC-ULg ? 

 

Th.F. : HEC-ULg doit viser l’excellence au niveau européen. Cela suppose que nous nous comparions avec nos voisins – et concurrents – proches et plus lointains. Ils ne manquent pas dans la région. Je pense notamment à l’université de Maastricht, dont la réputation de rigueur et de sérieux est bien établie. Quand je dis qu’il faut viser l’excellence, cela signifie que nous devons être “bons” partout et excellents dans un nombre restreint de domaines. A l’ULg, le CSL et les biotechnologies, par exemple, ont atteint un niveau d’excellence reconnu dans le monde entier. Cette qualité leur apporte la notoriété indispensable pour attirer professeurs, étudiants et partenaires institutionnels et économiques. 

 

Comment devient-on excellent ? En faisant des choix et en s’y tenant, tout en s’évaluant rigoureusement. Maastricht met l’accent sur la pédagogie, investit dans l’encadrement des étudiants (un professeur encadre 17 étudiants en moyenne, contre 80 à HEC Paris qui a pourtant un budget plus important) et dans une recherche très académique. Nous avons besoin de nous profiler différemment pour affirmer nos points forts et exister sur la carte européenne des Business Schools. Cela suppose évidemment de considérer la pertinence de nos programmes vis-à-vis des métiers et des carrières de nos futurs diplômés, de se focaliser sur quelques domaines où nous pouvons être visibles rapidement au plan international et utiles au plan régional pour trouver plus facilement des ressources, financières mais surtout humaines. 

 

Parallèlement, nos cursus doivent évoluer vers plus de transversalité, intégrer une meilleure préparation à la vie professionnelle. Nous souhaitons tout particulièrement offrir des programmes de spécialités au sein de nos masters intégralement délivrés en langue anglaise afin d’attirer plus d’étudiants étrangers et de professeurs invités provenant d’universités partenaires : il faut que nos enseignements en “full-track english” soient plus séduisants pour les étudiants étrangers… et belges. La multiplication de doubles diplômes en master, avec Aachen et Gand, devrait aussi dès cette année nous permettre de conserver et d’attirer les étudiants de la région et les transfrontaliers les plus brillants. 

 

Le 15e jour : Que pensez-vous des accréditations ? 

 

Th.F. : Elles constituent à l’évidence un gage de sérieux pour les étudiants et les entreprises. Par ailleurs, elles apportent, dans un environnement concurrentiel, une visibilité certaine. Pour ma part, je pense que le label est un outil de développement et non une fin en soi. L’essentiel sera notre projet. Notre objectif est néanmoins d’acquérir une accréditation internationale avant 2012 et nous avons le choix entre deux accréditations d’excellence, AACSB ou Equis, qui sont reconnues et légitimées mondialement. 

 

Pour réussir, nous devrons mutualiser davantage nos ressources, engager des dynamiques avec des partenaires stratégiques à l’étranger, mais aussi avec les autres Facultés de l’ULg. Nous désirons aussi nous investir pleinement dans la dynamisation du quartier Saint-Gilles où toute l’Ecole finira par se retrouver un jour. Créons sans attendre un “campus Saint-Gilles” au cœur de Liège, un campus vivant, ouvert socialement et multiculturel… Une excellence humaine en quelque sorte… 

 

Propos recueillis par Patricia Janssens

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