
Jean-Marie Frère
« En principe, la plupart des infections bactériennes sont sensibles à la pénicilline mais, au fur et à mesure, les bactéries s’adaptent et résistent aux différentes formes d’antibiotiques. Il est donc très important que la recherche puisse conserver une longueur d’avance pour empêcher la prolifération des souches résistantes. » André Matagne, chargé de cours au département des sciences de la vie, précise cependant que tant l’Union européenne que les entreprises pharmaceutiques ont ces dernières années drastiquement diminué leurs aides et investissements à la recherche dans ce secteur. Ce qui, pour lui, est « un non-sens total ».
Les chercheurs du Centre d’ingénierie des protéines de l’université de Liège (CIP) sont à l’initiative d’un important symposium international, organisé en juillet prochain, sur le thème des enzymes de résistance. « Comprendre le fonctionnement précis de ces enzymes, établir pourquoi elles réagissent à certains types de pénicilline et pas à d’autres est essentiel pour pouvoir concevoir des mécanismes efficaces contre les nouvelles défenses développées sans cesse par les bactéries », martèle le chercheur. L’importance de ces recherches trouve toute sa pertinence dans la lutte contre les maladies nosocomiales (infections acquises en milieu hospitalier). L’hôpital utilise en effet un grand nombre d’antibiotiques et les bactéries qui y survivent sont évidemment les plus résistantes et les plus dangereuses.
Si le congrès sera donc l’occasion pour les orateurs de faire part de l’avancée de leurs recherches actuelles, un hommage appuyé au Pr Jean-Marie Frère, ancien directeur du CIP, sera rendu. « Mais hommage ne signifie pas que le professeur arrêtera de collaborer avec nous. Au contraire, nous avons encore énormément besoin de lui », souligne André Matagne. Bien que jeune retraité, Jean-Marie Frère demeure un esprit actif puisqu’il collabore toujours avec l’Université et épaule de nombreux scientifiques dans leurs recherches. Laboratoire de référence, le CIP lui doit – ainsi qu’à son prédécesseur, le Pr Jean-Marie Ghuysen – une grande part de sa renommée. « Il est sans nul doute à l’origine de nombreuses vocations et son apport dans la connaissance des enzymes de résistance reste indéniable. » Un symposium en forme d’hommage donc, qui ne signifie aucunement pour Jean-Marie Frère un éloignement définitif des spectrophotomètres.
François Colmant
Penicillin-recognizing enzymes : from enzyme kinetics to protein folding
Du 1er au 3 juillet, Amphithéâtres de l’Europe, salle 204, Sart-Tilman, 4000 Liège.
Programme sur le site www.cip.ulg.ac.be/congresjmf
Contacts : tél. 04.366.34.19, courriel amatagne@ulg.ac.be