Juin 2009 /185
Juin 2009 /185

Travail d’éditeur

Pedigree dans La Pléiade

 

 

Pedigree

Après les deux volumes parus en 2003 dans la prestigieuse collection de La Pléiade et rassemblant 21 romans de Simenon, le professeur émérite Jacques Dubois et Benoît Denis, chef de travaux au département de langues et littératures romanes, viennent d’en éditer aujourd’hui un troisième. Le long roman autobiographique Pedigree y occupe une place centrale, entouré d’autres textes mettant son originalité en lumière et soulignant son rôle particulier dans la trajectoire littéraire du créateur de Maigret. 

Mais qu’est-ce qu’un travail d’éditeur ? Il n’est évidemment pas question de corriger le texte de l’auteur, mais bien de publier une version la plus proche possible de l’intention de cet auteur. Règle de base : choisir la dernière édition revue par l’écrivain de son vivant. Dans le cas présent, Pedigree, initialement paru en 1948, a subi trois éditions successives à la suite de procès intentés à Simenon par des personnes qui se sont reconnues – ou ont cru se reconnaître – dans certains des personnages du roman, procès qui ont amené la suppression de passages litigieux. La dernière d’entre elles, datant de 1958, a été revue par Simenon et peut donc être considérée comme définitive. Mais les variantes des deux éditions précédentes ont été données dans l’abondant appareil critique qui l’accompagne et qui donne toute la mesure de la complexité de la tâche entreprise. 

Les notices, notes et variantes se trouvent en fin de volume et comportent essentiellement quatre éléments : une notice explicative de chaque texte, qui en retrace la genèse et en donne une lecture explicative ; une reproduction de notes et de dossiers préparatoires (au sein desquels figurent en bonne place les fameuses “enveloppes jaunes” où étaient consignées quantité de notations touchant notamment aux personnages du récit) ; les variantes et autres divergences entre les éditions successives, hormis celles de caractère purement accidentel ou technique ; les indications ayant pour but d’expliquer au lecteur des passages obscurs, de lui donner aussi une information sur des aspects historiques ou géographiques référentiels, voire de langue (les mots wallons, par exemple). 

Indépendamment de l’originalité de leur construction, les romans repris dans cette édition – Les trois Crimes de mes amis (1938), Je me souviens... (1945), Les Autres (1962), etc. – ont tous à faire avec un retour sur le passé et, le plus souvent, avec l’enfance de Simenon. Il n’est donc pas étonnant que la ville de Liège, et singulièrement son quartier d’Outremeuse, y soit très présente. D’où les plans de la Cité ardente au début du XXe siècle sur lesquels se clôture le présent volume. 

Henri Deleersnijder 

Voir l’article détaillé sur le site http://reflexions.ulg.ac.be (rubrique Pensée/Lettres)

 
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