Novembre 2009 /188

Au service du bien-être commun

Le Conseil culturel mondial remettra ses prix le 25 novembre dans la salle académique

L’automne est la saison des prix. Les Nobel, on le sait, ont entre tous les faveurs des médias : il suffit de penser à celui de la Paix, décerné tout récemment à Barack Obama. Mais il en est d’autres, non moins prestigieux, dont la rumeur publique ne s’alimente guère, en dépit de la qualité de ceux et celles qui les reçoivent. C’est le cas des prix Albert Einstein et Léonard de Vinci créés par le Conseil culturel mondial (CCM).

User des connaissances
Voilà en effet une association fondée à Mexico en 1982 par 127 personnalités des cinq continents, dont le conseil d’administration est actuellement dirigé par Edmond Fischer et dont l’objet – promouvoir un usage positif des connaissances – est susceptible de contribuer au bien-être de l’humanité. « Mon père, qui a été directeur de l’Observatoire de Cointe et enseignait à l’ULg, était parmi ses fondateurs, se souvient Jean-Pierre Swings, professeur émérite au département d’astrophysique, géophysique et océanographie. Peu après sa mort en 1983, j’ai été appelé à lui succéder au CCM. Depuis, chaque année, sur base d’une bonne dizaine de dossiers qui me sont envoyés – avec CV et lettres de recommandation –, je suis amené avec quantité d’autres membres du jury issus des quatre coins du monde à me prononcer pour l’attribution annuelle du prix Albert Einstein, lequel concerne tous les domaines de la science. »

Cette année, c’est Sir John Houghton qui le recevra dans notre Alma mater. Ce professeur émérite de physique atmosphérique a longtemps enseigné à Oxford et est très vite devenu le spécialiste, internationalement reconnu, de la mesure de la température dans l’atmosphère, et ce à partir de satellites. Ses méthodes satellitaires ont par ailleurs été utilisées dans les missions planétaires de la Nasa, particulièrement pour sonder les atmosphères des planètes telles que Vénus et Jupiter. Il n’est donc pas étonnant que, préoccupé comme personne par les changements climatiques, il ait été – de 1988 à 2002 – le premier président de la commission scientifique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et qu’il ait rempli dans ce domaine un rôle consultatif essentiel auprès du Premier ministre britannique. Car, pour lui et selon ses propres dires, « le réchauffement global est maintenant une arme de destruction massive ».

 


« Mais John Houghton n’a pas seulement été un pionnier de la mesure des températures à l’aide de méthodes satellitaires, observe le Pr Jean-Claude Gérard, spécialiste de physique atmosphérique. Il a aussi été un formateur exceptionnel à Oxford, université où son enseignement a ouvert un champ d’investigation toujours vivace actuellement. Du reste, il est l’auteur d’un livre mondialement connu, The Physics of Atmospheres, qui est devenu un standard de la physique atmosphérique et que je fais lire chaque année à mes étudiants. Cet ouvrage en est aujourd’hui à sa troisième édition. » Comme quoi, on peut être un éminent savant, un grand pédagogue et descendre dans l’arène, là où savoir et compétences se mettent au service des êtres humains.

Une disposition semblable se reconnaît chez Marcell Jankovics, lauréat du prix Léonard de Vinci qui récompense quiconque – peintre, sculpteur, écrivain, poète, cinéaste, photographe, architecte, musicien, etc. – a apporté un legs significatif à la communauté humaine. Cet artiste hongrois a écrit, conçu et réalisé plusieurs centaines de courts et longs métrages d’animation. Il a notamment participé à la direction de la populaire série animée appelée Gustave et contribué à faire connaître par ses films le folklore et les légendes de son pays. En fait, sa palette de talents est très diversifiée puisqu’il joint à ceux d’animateur et de designer celui d’adaptateur : depuis 1989, il s’attelle notamment à adapter le drame La tragédie de l’homme du grand dramaturge magyar Imre Madách, pièce qui a déjà fait le tour du monde et dont la production par ses soins devrait trouver un terme cette année. Autorité reconnue, Marcell Jankovics fait preuve d’un dynamisme protéiforme, passant allègrement de spectacles consacrés à l’enfance à des conférences données tant dans les universités et les écoles que dans les sociétés culturelles les plus modestes.

Personnalités hors pair
C’est donc un honneur pour l’université de Liège d’accueillir dans sa belle salle académique, le mercredi 25 novembre, ces deux personnalités hors pair. Gageons qu’elles conserveront de notre Institution, déjà choisie en 2004 par le CCM pour sa cérémonie annuelle, une impression au moins aussi agréable que celle éprouvée par le Pr Ralph Cicerone, lequel y avait reçu il y a cinq ans le prix Albert Einstein : « La remise des prix à Liège m’a beaucoup ravi, et je suis heureux que votre université ait été à nouveau choisie, après celle de Princeton l’année dernière, pour ce grand événement. » Il était à l’époque chancelier de l’université de Californie; il est maintenant président de l’Académie des sciences des Etats-Unis. Et c’est à Jean-Pierre Swings, qui l’a rencontré récemment à Boston, que nous devons de prendre connaissance de cet aimable témoignage. 

Henri Deleersnijder

Distinctions
Lors de cette cérémonie, le Conseil culturel distinguera aussi des personnalités scientifiques et artistiques. C'est ainsi que l'écrivain Jean-Philippe Toussaint, le poète Karel Logist, l'artiste Mady Andrien, le dramaturge Jacques Delcuvellerie et le chef d'orchestre Patrick Davin recevront le prix "Special Recognition da Vinci of Arts". Steven Laureys, Vinciane Despret (ULg), Luc Henrard, Jean-Marie Baland (FUNDP ), Jérôme Cornil et Christophe Caucheteur (UMons) seront les lauréats du prix "Science".

|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants