Octobre 2009 /187

Violente, la jeunesse ?

Un colloque fait le point sur les mythes et les réalités

Les comportements délinquants - et ceux des jeunes particulièrement - ont déjà fait l'objet de plusieurs études. Toutes tentent de cerner le problème afin d'envisager des pistes d'action efficaces. C'est pour faire le point que le groupe de travail de la Commission provinciale de prévention de la criminalité, présidé par André Lemaître, chargé de cours en criminologie, organise le mardi 20 octobre - en collaboration avec l'ULg - un colloque autour de cette thématique. « Il nous a paru utile d'envisager le phénomène sous des angles différents : celui des médias, de la police et aussi des scientifiques », explique André Lemaître, à l'initiative de la rencontre. D'autant que la matière est délicate car le diable se cache sous les termes : les mots "délinquance" et "violence" peuvent recouvrir une multitude de faits ainsi qu'une grande variété d'appréciations.

Regard sur une délinquance sexuée
Très récemment, les résultats d'une enquête auprès de jeunes entre 12 et 15 ans (International Study on Self-reported Delinquency) ont fait l'objet d'une publication scientifique*. « Un même questionnaire a été proposé aux jeunes adolescents dans 32 pays, explique Claire Gavray, première assistante au département personne et société (faculté de Psychologie et des Sciences de l'éducation) et co-auteur de la publication. Son objectif était de mesurer et de mieux comprendre la violence que ces jeunes subissent ou manifestent. Elle devait également permettre des comparaisons internationales comme celle en cours avec le Canada et la Suisse qui fera prochainement l'objet d'une publication. »

Les premiers résultats de cette enquête montrent que la violence est plus souvent un fait masculin. Les filles commettent moins d'actes délinquants que les garçons, surtout d'actes violents. Elles les "rattrapent" néanmoins en ce qui concerne les actes plus banalisés comme le vol à l'étalage, le téléchargement, la consommation d'alcool ou de haschisch. « Lorsque l'on regarde de près les réponses, continue Claire Gavray, on s'aperçoit que les filles qui manifestent le comportement le plus violent ont souvent subi un traumatisme dans leur enfance. Pas les garçons. Par ailleurs, alors que ces mêmes filles vivent mal l'échec scolaire comme un drame (parce qu'elles voient en l'école une perspective d'autonomisation), les garçons l'assument mieux car ils considèrent l'école avant tout comme un réseau social. » Deux facteurs "protecteurs" ressortent encore de l'enquête : la qualité des relations entre élèves et professeurs d'une part, et, d'autre part, l'intérêt des parents pour les projets et les problèmes du jeune.

Sanction positive
Pour le Pr Michel Born - spécialiste de la délinquance chez les jeunes -, il faut réfléchir aux mesures à prendre : comment sanctionner les faits de violence tout en apportant à la mesure prise une dimension positive ? Quels leviers psychologiques peut-on utiliser pour susciter une réponse judicieuse de la part du jeune ? Car le but - ne l'oublions pas - est de construire et de garantir aux citoyens une société où il fait bon vivre. « Dans la mesure du possible, je pense qu'il faut éviter le placement car nombre de rapports en ont dénoncé les effets pervers, expose Michel Born. Dans de très nombreux cas - le denier film de Jacques Audiard l'illustre de façon éclatante -, le jeune sort conforté dans son attitude. Les mesures "d'intérêt général" me semblent infiniment plus éducatives. » Selon lui, le travail avec les services d'intervention dans les familles ainsi qu'avec le service de prestations éducatives et philanthropiques est au cœur d'une action efficiente.

Nul doute que ces partenaires seront présents lors de la journée du 20 octobre qui sera conclue par Michel Marcus, délégué général du Forum européen pour la sécurité urbaine.

Patricia Janssens

* Voir notamment Gavray Claire, "Délinquance juvénile et enjeux de genre", dans Interrogations, revue en sciences de l'homme et de la société, n°8, "Formes, figures et représentations des faits de déviance féminins", juin 2009, www.revue-interrogations.org

Colloque : Vous avez dit "violente, la jeunesse ?"- mythes et réalités
Le mardi 20 octobre, 9h,

dans les locaux de l'Aide, rue Voie de Liège 40, 4681 Oupeye.
Organisé par la Commission provinciale de prévention de la criminalité, en collaboration avec l'université de Liège, la Maison du social de la Province de Liège et le CEDS asbl.

 

 

tél. 04.237.27.70-72-73,

courriel sarah.brandenberg@provincedeliege.be

 

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