Octobre 2009 /187
Octobre 2009 /187
TypeArt

3 questions à Eric Florence

Europalia.China

FlorenceEricEric Florence est premier assistant au département de langues et littératures modernes, chercheur au Cedem et codirecteur de l'Institut Confucius au sein de l'ULg.

Lancé à Bruxelles en 1969, Europalia est un grand festival international qui présente tous les deux ans l'essentiel du patrimoine culturel d'un pays. D'octobre à février, la Belgique entière arbore alors les couleurs du pays invité et met en valeur ses différentes pratiques artistiques telles que la musique, le cinéma, le théâtre, la littérature, etc.

L'édition 2009 - qui marquera le 40e anniversaire de la manifestation - sera placée sous le signe de la Chine, un "Empire du Milieu" qui intrigue autant qu'il fascine. Après les Jeux olympiques et avant l'exposition universelle de Shanghai en 2010, "europalia.china" offrira au public européen, du 8 octobre au 14 février 2010, une immersion dans la vie et la culture chinoises. 60 ans après la fondation de la République populaire de Chine, au-delà des clichés persistants dans la société occidentale, l'objectif est de présenter un art de vivre millénaire à l'heure de la globalisation et du progrès technique. L'occasion pour Le 15e jour du mois de rencontrer Eric Florence.

Le 15e jour du mois : L'Institut Confucius participera-t-il à Europalia ?

Eric Florence : Oui. A Liège, nous avons mis sur pied - avec l'asbl Les Grignoux - un festival de cinéma, "Chine & films", qui se tiendra du 15 au 21 octobre. Au programme : un inédit et une reprise de Jia Zhangke, Still Life (Lion d'or à Venise en 2006), des documentaires ainsi que Blind Moutain de Li Yang en avant-première. Le festival rendra aussi hommage à Wang Quan'an, réalisateur du Mariage de Tuya (Ours d'or à Berlin en 2007), qui sera présent lors de la séance d'ouverture.

Cette programmation privilégie une approche réaliste des grands enjeux de la société chinoise : urbanisation, transformations de la stratification sociale, marchandisation, etc. Les réalisateurs à l'affiche sont des figures emblématiques du cinéma chinois contemporain qui observent de l'intérieur et questionnent une réalité sociale dure et complexe.

En effet, deux tendances sont à l'œuvre aujourd'hui. D'un côté, la Chine parvient à se hisser sur le devant de la scène internationale (au niveau diplomatique ou économique, mais aussi au niveau de la recherche par exemple), ce qui impliquera à terme un regard nouveau de l'Occident sur elle et sa population ; de l'autre - et en dépit d'une réduction considérable de la pauvreté depuis la sortie du maoïsme -, les inégalités sociales continuent de croître et les fractures entre villes et campagnes ainsi qu'entre l'est et l'ouest du pays perdurent. Il y a peut-être sur ce point une spécificité du cas chinois qui combine des éléments-clés du capitalisme avec des institutions héritées du maoïsme, cette combinaison renforçant le processus de polarisation sociale et notamment la domination à l'égard de certaines catégories de la société (paysans, travailleurs migrants, anciens ouvriers du secteur étatique, etc.). L'objectif de notre festival est aussi de faire découvrir le regard de réalisateurs sur la Chine d'aujourd'hui.

Le 15e jour : C'est le rôle de l'Institut Confucius ?

E.F. : C'en est un. Outre les cours dispensés à l'Institut, notre souhait, à l'ULg, est également de faire connaître certaines dimensions de la société et de la culture chinoises par des manifestations plus ponctuelles. C'est dans cette optique que nous avons élaboré plusieurs cycles de conférences, mis sur pied des expositions en collaboration avec des artistes chinois vivant en Belgique et organisé une série de manifestations lors du Nouvel An chinois.

Bien sûr, notre principale activité reste la formation. Nous organisons à présent, rue de Pitteurs, des cours de langue (niveaux 1, 2, 3 et 4) et des cours de calligraphie. Nous avons également mis en place un cours de langue à destination des jeunes du secondaire (au lycée Saint-Jacques) et un autre cours, au Sart-Tilman, destiné aux étudiants de l'ULg. L'institut joue peut-être aussi un rôle moteur indirect en ce qui concerne l'enseignement en rapport avec la Chine. Un cours de langue chinoise est ainsi dispensé au sein du département de langues et littératures modernes depuis l'an dernier et une finalité "Chine contemporaine" vient d'être créée au sein du master en sciences de la population et du développement à l'Institut des sciences humaines et sociales.

Par ailleurs, nous participons à un projet de formation continuée visant à mieux appréhender des aspects culturels, linguistiques et sociétaux lors d'échanges professionnels avec les Chinois, formation que l'Interface Entreprises-Université organisera à partir de novembre - pour les fonctionnaires - et dès janvier pour les entreprises, dans le cadre du programme Teskim de la Région wallonne et du Fonds social européen. Une collaboration est également en cours avec le Ceran au niveau de l'apprentissage intensif du chinois.

Le 15e jour : Quelques mots au sujet du colloque "China 2009 State of the Art" ?

E.F. : En collaboration avec l'Awex et la Cité internationale, l'Institut organise ce grand colloque au Palais des académies à Bruxelles, les 3 et 4 décembre prochains. Sept ateliers et trois panels pléniers réunissant une trentaine de spécialistes de premier plan aborderont des thématiques qui vont de l'économie chinoise à la question sociale, en passant par les migrations chinoises en Europe et en Afrique de l'Ouest. Les publics visés sont aussi bien des fonctionnaires, parlementaires, hommes d'affaires et demandeurs d'emploi que des étudiants.

Propos recueillis par Patricia Janssens

 

 

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