Décembre 2009 /189

Combattre le mal du siècle

Un questionnaire pour mesurer le stress professionnel
Q
ui ne s'est jamais senti stressé au travail ? Si les moments de tension font partie de la vie professionnelle, leur répétition dans le temps peut conduire vers un état de stress, avec des conséquences pour la santé des salariés... et des entreprises. Une directive européenne (1989) a donné l'impulsion pour une meilleure prise en charge des risques professionnels, et notamment de la charge psychosociale. La Belgique a été un des premiers pays à transposer cette directive dans sa propre législation du travail. Les entreprises doivent désormais se préoccuper du stress engendré par les conditions de travail auprès de leurs salariés. Mais que faire et comment faire ?

A la demande
Les chercheurs de l'unité de Valorisation des ressources humaines (Valorh) dirigée par Isabelle Hansez, chargé de cours en faculté de Psychologie et Sciences de l'éducation, se penchent sur ce sujet depuis une quinzaine d'années*. Le WOCCQ (comprenez Working Conditions and Control Questionnaire) est « une méthode de diagnostic collectif du stress professionnel, indique Stéphanie Peters, chercheur dans le service. Il s'agit de questionnaires standardisés qui permettent de réaliser des enquêtes à la demande des entreprises pour déterminer le niveau de stress, les facteurs de l'environnement de travail qui en sont la cause, et surtout d'identifier les groupes de travailleurs qui sont le plus soumis à un environnement stressant afin de mettre en place des actions de prévention ciblées. » Le bilan varie évidemment en fonction de chaque entreprise, mais les contraintes temporelles couplées à la charge de travail sont citées de manière récurrente.

Poussés par la législation, les professionnels de la santé au travail et l'actualité (en France, les suicides de plusieurs salariés de France Télécom sur leur lieu de travail ont causé un véritable électrochoc), les responsables d'entreprise prennent de plus en plus conscience de l'intérêt de prévenir le stress au travail. Aussi, de nombreuses entreprises ont fait appel à Valorh et à son outil. C'est le cas par exemple du groupe aéronautique français Safran qui en a étendu l'application à tous ses sites dès 2004. Si le modèle jouit d'une grande renommée, « c'est parce qu'on a été les premiers à proposer un outil de ce genre validé scientifiquement, continue Stéphanie Peters. De plus, quand l'outil a été créé, nous avons voulu en assurer une diffusion la plus large possible, en formant les professionnels de la santé au travail, notamment grâce à un dispositif de formation à distance. » Quelques chiffres témoignent de ce succès : une base de données de 50 000 personnes, un réseau de licenciés de 200 personnes autonomes dans l'utilisation du WOCCQ, et plus de 150 personnes formées.

Le diagnostic... et après ?
Diagnostiquer est une chose, intervenir pour soulager la souffrance des salariés en est une autre. Bien souvent, le risque est que l'entreprise se limite au constat et ne s'engage pas sur des actions concrètes de prévention. « Nous ne disposons pas d'un catalogue d'interventions miracles, chaque cas est unique. C'est pourquoi la préparation et l'accompagnement du projet sont importants pour faire émerger des solutions. Celles-ci sont parfois très simples à mettre en place, comme par exemple investir dans un système de visio-conférences permettant aux salariés d'assister à des réunions sans se déplacer (le site de cette entreprise était très étendu et les bâtiments très dispersés) et ainsi gagner du temps », précise Stéphanie Peters.

Bérénice Vignol

* Recherches initiées dans le service de psychologie du travail du Pr. Véronique De Keyser.

Informations sur le site www.woccq.be

 

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