Dans le cadre d'Europalia Chine, l'Institut Confucius de l'ULg propose, le samedi 16 janvier prochain, aux Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles, une conférence dédiée à l'écriture chinoise. A travers quatre interventions passionnantes suivies de la visite d'expositions*, la conférence "La galaxie de l'écriture chinoise" vous ouvrira les portes d'un univers aussi complexe que fascinant.
« Les premières traces d'écriture chinoise datent d'environ 1700 avant notre ère, atteste Eric Florence, chercheur à l'Institut Confucius. Comme l'expliquera en fin de matinée Léon Vandermeersch, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études de Paris, l'écriture était alors liée à la divination. Os ou carapaces d'animaux étaient soumis aux flammes provoquant ainsi diverses craquelures. Ces dernières étaient ensuite interprétées et le fruit de cette interprétation était gravé. Les prédictions concernaient les récoltes, les guerres ou autres missions princières, de quoi savoir si elles allaient être ou non fastes. »
A l'époque, l'écriture sert déjà à la retranscription, mais sa forme est plus arrondie car les ustensiles utilisés ne sont pas très flexibles. Il faut également insister sur le degré d'abstraction qui la constitue, même s'il s'intensifiera au fur et à mesure du temps. L'écriture chinoise subira quelques évolutions de style liées aux grands tournants qui la secouent, comme la révolutionnaire invention du pinceau en 300 avant notre ère ou encore la diffusion du papier dès le début de notre ère. Mais, et c'est une de ses caractéristiques les plus fondamentales, depuis le II e ou IIIe siècle, la morphologie de ses caractères ne sera plus jamais modifiée : elle sera simplifiée tout au plus. « Le style régulier, le "kai shu", s'est très tôt stabilisé. C'est celui qu'on retrouve encore aujourd'hui dans la presse ou sur les écrans d'ordinateur », précise Eric Florence.
Si au premier abord l'écriture chinoise peut sembler complexe, son approche nécessitant patience et rigueur, sa logique peut aider à son apprentissage. « L'idée, fort répandue, que l'écriture chinoise est majoritairement composée de pictogrammes est fausse. Elle est aussi constituée d'idéogrammes, c'est-à-dire de symboles simples ou complexes. Mais la catégorie la plus importante est, sans conteste, celle des idéophonogrammes, à savoir un élément sémantique et un autre dont la valeur est uniquement phonétique. Viennent ensuite les emprunts. Lorsqu'un même caractère avait deux sens très différents, on lui a adjoint un autre élément pour préciser sa signification », développe Eric Florence. Comme l'atteste la calligraphie, l'écriture chinoise a également une valeur esthétique inestimable. Et au chercheur de conclure : « En Chine, l'écriture est omniprésente et a toujours servi de véhicule culturel. »
Martha Regueiro
* Visite guidée des expositions "Le Pavillon des orchidées, l'art de l'écriture en Chine" et/ou "Les trois rêves du mandarin".
Conférence "La galaxie de l'écriture chinoise"
Le samedi 16 janvier, 10h, aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique,
rue de la Régence 3, 1000 Bruxelles.
Contacts : renseignements et réservation, courriel confucius@ulg.ac.be,
site www.europalia.eu