Le sommet de Copenhague, révélateur d'une nouvelle fracture Nord-Sud ? Les négociations ont montré des pays des Sud réclamant une "justice climatique" aux pays du Nord, qui eux-mêmes ont défendu leur mode de vie. « La triste morale de cette histoire, observe Pierre Ozer, chercheur au département des sciences et gestion de l'environnement, dans une opinion parue dans La Libre Belgique (16/12), c'est qu'il y a vingt ans, nous avons abattu le mur de Berlin pour mettre fin à ce monde bipolaire qui opposait l'Est à l'Ouest. Sur ces fragments, nous avons bâti un village planétaire où tout est devenu possible, même la consolidation d'un nouveau mur opposant le Nord au Sud alors que l'enjeu climatique est global. Absurdité... Monstrueuse absurdité... » Au sommet de la Terre à Rio, il y a 20 ans, le président Georges Bush avait déclaré que « le mode de vie américaine n'est pas négociable ». « Actuellement, poursuit le chercheur, le reste du monde développé adopte la même posture car c'est sa politique énergétique et donc le cœur de son économie et de son confort de vie qui est touché. Actuellement, le reste du monde en développement brandit une ferme opposition car c'est simplement sa survie qui est hypothéquée... »
Toujours à propos du sommet de Copenhague, on se souvient que celui-ci a débuté sur une polémique à propos du piratage de mails échangés entre scientifiques anglais dont le contenu tendrait à prouver que certaines données sont manipulées pour accréditer la théorie des changements climatiques causés par l'activité humaine. Cette polémique a apporté de l'eau au moulin et une tribune médiatique aux scientifiques "climato-sceptiques", très minoritaires face à leurs collègues convaincus, eux, des causes anthropiques du réchauffement. Dans une carte blanche au Soir (17/12), Samuel Nicolay, chargé de cours en mathématique, et Georges Mabille, collaborateur au département de géographie, estiment que le débat prend une tournure « qui sort manifestement du cadre scientifique ». Mais ils s'interrogent aussi sur la démarche scientifique des adeptes du réchauffement anthropique. « Ce qui est condamnable, c'est la démarche sectaire d'un certain nombre de ces experts qui minimisent les travaux allant à l'encontre de la théorie dominante, écrivent-ils. Cette manière de procéder est contraire à l'esprit scientifique. Le vrai scientifique n'est-il pas, tel saint Thomas, une personne constamment en proie au doute ? N'a-t-on pas le droit d'être incrédule ? Et d'ailleurs, pour le scientifique, ce droit ne devrait-il pas être un devoir ? »
Autre polémique environnementale, mais de dimension régionale, ou plutôt interrégionale, celle-là : la pollution de cours d'eau en Flandre après la mise à l'arrêt de la station d'épuration Nord de Bruxelles. Pour Sébastien Brunet, chargé de cours en science politique et spécialiste de la gestion des risques au sein du laboratoire Spiral à l'ULg, interviewé par Le Soir (18/12), cette affaire pose deux questions : celle des limites de la régionalisation de politiques aussi transversales que la gestion de l'environnement et celle de la privatisation d'infrastructures d'intérêt général. « Pour moi, le vrai problème se situe dans la perte de compétence du public et dans ce qu'on appelle le phénomène de "capture" (...) Les autorités publiques sont de plus en plus dépendantes de la bonne volonté du partenaire privé, avec tous les risques de chantage que cela comporte (...) C'est d'autant plus perturbant que ce type de phénomènes de "capture" apparaît dans des domaines très sensibles : réseau de distribution d'électricité, téléphonie, etc. »
D.M.