Février 2010 /191
Février 2010 /191

Réforme pour la recherche

Trois secteurs pour favoriser les collaborations à l'ULg

WolperPierreLa recherche s'émancipe. Jusqu'à présent, les deux missions essentielles de l'Université - la recherche et l'enseignement - reposaient sur les Facultés. Désormais, la première d'entre elles à l'université de Liège sera structurée en trois grands secteurs, dotés chacun d'un conseil sectoriel, l'ensemble étant chapeauté par un conseil universitaire de la recherche. Une réforme pilotée par le Pr Pierre Wolper, vice-recteur à la recherche. Interview.

Le 15e jour du mois : Quel est l'objectif de cette réforme ?

Pierre Wolper : Comme présenté dans le "Projet pour l'ULg" du Recteur, la réforme vise à découpler la gestion des moyens destinés à la recherche de celle des moyens destinés à l'enseignement. Le but poursuivi est de se situer dans un contexte plus large pour mieux gérer et favoriser les collaborations qui traversent les barrières facultaires.

Le 15e jour : Le projet initial n'évoquait-il pas la formation de quatre instituts de recherche ?

P.W. : Le projet était effectivement construit autour de quatre instituts (sciences humaines, sciences de la vie, sciences de la matière et sciences de l'environnement), mais l'enquête réalisée auprès des membres du personnel académique et scientifique de l'ULg (y compris les permanents du FNRS) a conduit à modifier ce découpage. En effet, d'après les réponses des chercheurs, il semble que l'environnement ne peut être considéré comme un institut "de base". Il a dès lors été décidé de créer non pas quatre mais trois... "secteurs" (le terme "institut" étant déjà utilisé dans plusieurs acceptions différentes). En restreignant "vivant" à "santé" et en étendant "matière" à "sciences et techniques", nous avons voulu répondre au vœu de beaucoup de chercheurs tout en rééquilibrant les secteurs. En résumé, trois secteurs sont à présent définis : les sciences humaines, les sciences de la santé et les sciences et techniques.

Le 15e jour : Quel sera le rôle des conseils sectoriels ?

P.W. : Les conseils sectoriels se substituent aux conseils facultaires de recherche comme organes de première analyse dans l'attribution des fonds gérés par l'ULg (fonds spéciaux, ARC, subside fédéral, etc.). Les propositions des conseils sectoriels seront ensuite intégrées par le conseil universitaire de la recherche qui fera des propositions au conseil d'administration. Une deuxième mission des conseils sectoriels est de préparer le processus d'évaluation de la recherche en pilotant la mise en place des entités de recherche (unités, centres, etc.) qui seront soumises à évaluation. A plus long terme, il est prévu que les conseils sectoriels jouent aussi un rôle dans l'affectation des postes académiques et scientifiques, lesquels sont des ressources à la fois pour la recherche et l'enseignement.

Le 15e jour : Comment évaluer la recherche ?

P.W. : Les procédures exactes sont en voie d'élaboration conjointement avec le vice-recteur à la qualité, le Pr Freddy Coignoul. Dans les grandes lignes, l'évaluation des centres ou des unités de recherche commencera par un processus d'auto-évaluation. Cette démarche est déjà fort utile en soi dans la mesure où les chercheurs seront invités à se pencher sur leur activité passée et à envisager leurs activités futures avec un certain recul. Elle sera évidemment suivie par un regard externe sur l'entité évaluée qui aboutira à des recommandations dont il faudra assurer le suivi. Mettre en place un processus d'évaluation suscite toujours certaines craintes et je tiens à rassurer l'ensemble des chercheurs : l'objectif du processus n'est pas de sanctionner mais bien d'améliorer notre activité de recherche. L'évaluation nous aidera à mieux nous connaître et à prendre des décisions en étant mieux informés. A cet égard, celles-ci pourraient tout aussi bien consister à soutenir et renforcer un point faible d'avenir qu'à promouvoir un point fort, ou encore à ne plus développer un domaine toujours très actif mais avec un avenir moins prometteur. Il n'y aura certainement pas de lien automatique entre évaluation et attribution de moyens.

Le 15e jour : L'administration de la recherche et du développement (ARD) sera-t-elle également "sectorisée" ?

P.W. : L'ARD assure d'une part le suivi de la gestion des moyens de recherche internes et, d'autre part, aide les chercheurs à trouver des financements externes adaptés et à préparer leurs demandes de financement. Très naturellement, l'ARD assurera le suivi du travail des conseils sectoriels; il n'est cependant pas nécessaire pour cela de la sectoriser. Pour ce qui est de l'aide à la recherche de financement, rôle joué aussi par l'interface pour les projets où la participation industrielle est centrale, une spécialisation par secteur existe déjà, mais il est essentiel qu'il y ait une entité unique au sein de laquelle l'expérience soit partagée. Un de mes projets est de renforcer l'équipe actuelle pour permettre un soutien complet du chercheur, de la préparation du projet à la clôture du financement.

Propos recueillis par Patricia Janssens

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