Connu par son acronyme FNRS, le Fonds de la recherche scientifique de la Communauté française est une noble institution de 80 ans et un peu plus. Selon les volontés du roi Albert Ier qui l'a portée sur les fonts baptismaux, elle a pour vocation de promouvoir la recherche scientifique fondamentale. Son action se déroule d'habitude dans un calme discret, mais un vent de réformes et de modernisation a soudainement projeté la grande maison de la rue d'Egmont sur le devant de la scène médiatique.
« Si nous voulons maintenir nos modèles sociaux et relever le défi de la mondialisation, nous devons investir dans la recherche et la formation, explique la nouvelle secrétaire générale du FNRS, Véronique Halloin. Et même si la recherche menée en Communauté française bénéficie d'une bonne réputation, nous devons sans cesse œuvrer à l'amélioration des programmes et veiller à tirer le meilleur parti des investissements consentis. »
Contexte international
Doté d'un budget annuel de 150 millions d'euros, le FNRS finance_ - de façon temporaire ou permanente - les chercheurs à titre individuel, soutient des programmes menés dans les laboratoires et services des universités de la Communauté française et intervient en totalité ou en partie dans l'achat d'équipements. « En plus de ces interventions, nous accordons des bourses et des crédits de mobilité afin de favoriser les échanges scientifiques, nous participons à l'accueil des chercheurs étrangers, à l'organisation de réunions scientifiques, etc. », continue Véronique Halloin.
Aujourd'hui, le FNRS doit repenser son développement dans un contexte européen afin d'assurer aux chercheurs la possibilité de participer à des projets d'envergure internationale. « Il importe dès lors que nos méthodes d'évaluation soient compatibles avec celles mises en place dans les autres pays », affirme la secrétaire générale, elle-même ingénieur civil - et ancienne vice-recteur à la recherche de l'ULB - maîtrisant bien les différents aspects de la politique de recherche. Equité et transparence sont les maîtres-mots de sa réforme.
Le dépôt des candidatures reste très semblable ; c'est l'évaluation des projets (dits, dans le jargon, l'évaluation ex ante) qui est sensiblement modifiée. Dorénavant, les critères d'évaluation seront explicites et les motivations d'acceptation ou de rejet du dossier communiquées au candidat.
« L'examen du dossier se passera désormais en deux temps, précise Véronique Halloin. En premier lieu, le projet - le FNRS en reçoit chaque année 2500 - sera soumis à un des experts indépendants qui devront rendre un rapport devant une commission scientifique. Celle-ci sera alors chargée de statuer dans un second temps. Signé par le président et après décision du conseil d'administration, le rapport final sera communiqué au candidat. » 13 commissions scientifiques thématiques, inspirées du modèle de l'European Research Council, seront installées : quatre en sciences exactes et naturelles, trois en sciences de la vie et de la santé et cinq en sciences humaines et sociales. La treizième, transdisciplinaire, sera consacrée au développement durable.
Qui désignera les experts et les membres des commissions scientifiques ? Un comité d'accompagnement composé de membres des universités de la Communauté française et de représentants d'institutions sœurs. « Mis en place dans les prochaines semaines, ce comité sera chargé de proposer au conseil d'administration une liste d'experts de la première étape et une liste de membres des commissions scientifiques, reprend Véronique Halloin. La majorité d'entre eux seront choisis en dehors de la Communauté française afin de garantir un maximum d'objectivité dans l'examen des candidatures. »
A l'écoute des chercheurs
Très récemment mis en ligne, le nouveau site web du FNRS concrétise la volonté de transparence affichée par la nouvelle équipe dirigeante, puisqu'il permet d'ores et déjà de consulter les critères d'évaluation d'un dossier de candidature et de connaître la marche à suivre lors de l'introduction d'une demande. D'autre part, la plateforme "Semaphore" permettra au candidat et au promoteur de suivre pas à pas la gestion administrative de leur dossier de candidature. La réforme rencontre assez largement le souhait des chercheurs, lesquels se plaignaient d'un manque de clarté dans les procédures. Elle est mise en place dès à présent**.
Patricia Janssens
** Le délégué du gouvernement faisant fonction de commissaire du gouvernement a déposé auprès du ministre de la Recherche scientifique un recours contre les décisions du conseil d'administration du 21 décembre, lequel ne concerne pas directement les principes de la réforme exposée ici. Ce recours est suspensif pour 2011, ce qui autorise la mise en œuvre des nouvelles procédures en 2010.