Février 2010 /191
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TypeArt

Concours cinéma

Les chats persans

Un film de Bahman Ghobadi, 2009, Iran, 1h41.
Avec Negar Shaghaghi, Ashkan Koshanejad, Hamed Behdad, Babak Mirkhani, etc.
A voir aux cinémas Churchill, Le Parc et Sauvenière.

En Iran, jouer de la musique et spécifiquement de la musique occidentale est interdit. Negar et Ashkan ont été emprisonnés deux mois pour avoir joué du rock. A leur sortie de prison, ils n'ont qu'une idée en tête : fuir leur pays pour une tournée internationale. Mais à Téhéran, la dictature ne permet pas facilement la concrétisation d'un tel rêve...

Le film Les chats persans est une petite perle émouvante, intelligente et puissante. La trame est simple : un couple de jeunes rockers souhaite trouver des musiciens pour partir avec eux en Europe. Il sillonne en mobylette les rues de Téhéran pour aller à la rencontre du milieu underground. Mais alors qu'à Berlin ou à Londres les difficultés se seraient limitées à la recherche d'argent et de lieux pour répéter, dans la capitale d'un régime totalitaire, les obstacles sont décuplés. Le film, qui vaut plus que tout discours sur l'Iran, ne parle donc pas de dictature, mais est au cœur de celle-ci. Il nous dépeint un pays où la jeunesse se bat pour sa liberté envers et contre tout. La douleur sous-jacente de cette oppression constante est exacerbée par cette musique indie rock envoûtante qui accompagne chaque minute du récit.

Le scénario, qui se base sur l'histoire véritable de Negar et Ashkan, n'est pas sans rappeler les conditions mêmes de production du film. Bahman Ghobadi attendait désespérément depuis trois années l'autorisation de tourner son nouveau scénario. Lassé de cette attente et ne pouvant se procurer de caméra 35 mm puisque toutes les caméras de ce type appartiennent à l'Etat, il décide d'acheter une petite caméra digitale afin de tourner coûte que coûte. C'est dans un studio d'enregistrement qu'il rencontre Negar et Ashkan, deux chanteurs de rock qui prévoient de partir à Londres une vingtaine de jours plus tard.

Sans argent, sans autorisation, sans préparation et en 17 jours, Bahman Ghobadi et une petite équipe de huit personnes commencent au péril de leur vie le tournage. Malgré les contrôles de la police, celui-ci s'achève de justesse peu avant le départ du jeune couple pour Londres où il vit actuellement. C'est aussi au même moment que la compagne du réalisateur Roxanna Saberi, journaliste américano-iranienne, est accusée d'espionnage par la justice iranienne. Dans la crainte d'être saisi, Bahman Ghobadi envoie ses rushs à Berlin où il commande à distance par e-mail ou téléphone la postproduction de son film. Depuis, le réalisateur a dû quitter définitivement son pays. Cette œuvre ne sortira jamais en Iran, mais Bahman Ghobadi espère secrètement que quelques dvd clandestins pourront traverser les frontières.

Christelle Brüll

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l'asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 17 février, de 10 à 10h 30, et de répondre à la question suivante : quel est le nom du groupe de Negar Shaghaghi et Ashkan Koshanejad ?

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