La formation d’ingénieur suscite aujourd’hui beaucoup de questions : pourquoi y a-t-il pénurie d’ingénieurs en pleine crise ? Quel est leur rôle dans la société actuelle ? Sont-ils aptes à faire face aux défis gigantesques tels que le changement climatique ? Et, plus prosaïquement, faut-il ou non supprimer l’examen d’entrée ?*
La pénurie de diplômés inquiète le monde de l’entreprise depuis plusieurs années. La Région wallonne a un cruel besoin de bons techniciens alors que l’offre est lacunaire. Il y a cependant une lueur d’espoir : l’ULg a enregistré lors de la rentrée dernière une hausse de 30 % des inscriptions en première année de Sciences appliquées. « Nous avons interrogé ces étudiants sur leurs motivations. Ils ont fait ce choix parce qu’ils se sentent concernés par les enjeux de la planète et considèrent qu’acquérir une solide formation technique est le meilleur moyen de pouvoir y contribuer », confie le doyen Michel Hogge.
Telle est la situation aujourd’hui : le métier d’ingénieur est considéré différemment depuis que la notion de “développement durable” fait l’unanimité. Les ingénieurs ne sont plus perçus comme des pollueurs, mais bien comme des professionnels dont dépend notre salut. Créativité et capacité d’innovation doivent dès lors trouver une place dans la formation initiale… et continuée.
Et quid de l’examen d’entrée ? « La Communauté flamande l’a supprimé », fait remarquer le doyen Michel Hogge. Et il se murmure dans les couloirs que la Communauté française pourrait bien suivre cet exemple. Or, selon le Doyen, « le résultat du côté flamand n’est guère concluant : on s’aperçoit en effet que les étudiants ayant échoué en première année ne se tournent pas vers la formation d’ingénieur industriel dispensée dans les Hautes Ecoles mais restent à l’Université, dans des Facultés voisines. Ce qui, à terme, diminuera encore le nombre d’ingénieurs… ».
Et de rappeler à l’envi que le taux de réussite en premier bachelier de faculté des Sciences appliquées est deux fois supérieur à celui des autres Facultés. Les cercles d’étudiants, le corps académique dans son ensemble, les associations d’ingénieurs plaident unanimement pour la conservation de l’examen lequel – outre le fait de favoriser la réussite – provoque une émulation dans l’enseignement secondaire. Affaire à suivre…
Eddy Lambert