Dans un futur proche, les Liégeois verront peut-être évoluer des bateaux-bus sur la Meuse. Un mode de transport en pleine expansion, pour lequel une étude a été initiée par DN&T, une spin-off du département Argenco-Anast de l’ULg.
Navibus
Le bus, le train, le vélo, le tram ou encore les piétonniers : les idées visant à laisser la sacro-sainte voiture au garage ne manquent pas à Liège. Le souci de l’environnement autant que l’engorgement des grands axes de la ville sont deux bonnes raisons pour se pencher sur le développement de projets alternatifs. Le dernier en date : utiliser les voies fluviales à l’aide d’un réseau de bateaux-bus… “Navibus” pour les intimes. Mais le projet, aussi séduisant soit-il, doit d’abord être étudié sous toutes ses coutures. La société désignée pour le faire est une spin-off de l’université de Liège : Design Naval & Transport (DN&T).
André Hage, chargé de cours adjoint en faculté des Sciences appliquées et patron de la société, se montre très enthousiaste. « C’est un beau projet pour Liège. Il permettrait de désengorger les axes routiers et d’être plus respectueux de l’environnement. Et ce, avec un investissement faible puisque l’infrastructure est préexistante. Nous avons juste à construire les bateaux et à aménager des quais d’embarquement. » Les activités de loisirs et de tourisme sont également concernées. « Nous pouvons envisager des circuits touristiques faisant le tour des musées. Mais aussi systématiser l’utilisation de parkings de délestage. Par exemple, le week-end, on peut proposer un ticket spécial familles. Il comprendrait un emplacement au parking des Halles des foires et un aller-retour en bateau jusqu’au quai de la Batte, ou au centre-ville. » Les bateaux seront également étudiés pour voguer sur l’Ourthe et la Dérivation, permettant l’accès aux centres commerciaux à proximité de l’eau comme la Médiacité et Belle-Ile.
Malgré tous ces avantages, le projet n’est pas encore prêt d’être finalisé. « Il faut analyser avec précision la viabilité de l’ensemble. Pour ce faire, nous allons procéder à une étude en cinq phases. D’abord, comprendre les succès et échecs de projets similaires et ensuite estimer le nombre de passagers, déterminer la localisation des arrêts et des lignes, avant d’envisager l’étude technique qui déterminera les dimensions, le nombre de bateaux et les modes de propulsion des navibus. Nous évaluerons encore l’impact environnemental de ce mode de transport avant d’envisager la dernière phase, soit l’analyse économique axée sur le coût de l’investissement et sa rentabilité. »
Synergie de moyens
Le point faible du projet est évident : là où un bus roule par monts et par vaux, le bateau, lui, est limité aux sillons mosans. « D’où l’importance de travailler en synergie avec les autres moyens de transport, souligne André Hage. Par ailleurs, ce handicap est compensé par d’autres avantages : le confort, la fréquence des bateaux, les services proposés tels qu’un accès privilégié pour les personnes à mobilité réduite, ou encore un emplacement réservé aux vélos. »
La société DN&T a donc déjà beaucoup réfléchi au projet, notamment sur les possibilités de financement (par exemple un partenariat public-privé), l’intégration de la publicité, l’installation des points de vente, etc. Elle compte publier les résultats de son étude avant la fin de l’année 2010. Mais d’ores et déjà, plusieurs personnes manifestent une curiosité encourageante, notamment de la part de quelques villes à l’étranger. Une aubaine pour la jeune spin-off créée en 2006 qui semble bien avoir le vent en poupe.
Philippe Lecrenier
Voir le site http://dn-t.be/