10e conférence de la Société européenne de criminologie

Michaël Dantinne est chargé de cours à l’Ecole de criminologie Jean Constant.

Après Ljublijana et avant Vilnius, le congrès annuel de la Société européenne de criminologie se tiendra à l’université de Liège les 8, 9, 10 et 11 septembre prochains. C’est une première en Belgique. L’occasion pour les criminologues de présenter les résultats de leurs recherches et de se tenir au courant des thématiques en vogue.

Le 15e jour du mois : Comment définir la criminologie ?

Michaël Dantinne : Au carrefour de plusieurs disciplines (la psychologie, le droit, la sociologie, la médecine légale), tout en s’appuyant sur des corpus propres, la criminologie étudie concrètement les formes particulières de criminalité, comme les violences physiques, les atteintes à la propriété, ou encore les fraudes économiques et financières. Mais elle est aussi souvent au cœur de l’action, alimentant les campagnes de prévention et l’évolution du secteur de l’exécution des peines.

Véritable discipline enseignée dans les universités de la Communauté française de Belgique, la criminologie jouit cependant d’un statut très variable dans les pays occidentaux. Non enseignée comme telle en France par exemple, elle bénéficie, à l’opposé, d’une totale reconnaissance aux Etats-Unis. D’où l’intérêt pour les chercheurs de se retrouver au sein d’une association internationale afin de créer des collaborations, ce qui n’est pas toujours aisé dans les universités qui n’ont pas de centre de recherches spécifique.

A l’ULg, l’Ecole de criminologie Jean Constant est intégrée dans la faculté de Droit mais elle jouit d’un statut autonome. Les étudiants choisissent en nombre le master en criminologie et la formation continuée “criminologie et police”, que nous avons lancée récemment, connaît un vif succès.

Le 15e jour : Quel sera le thème du congrès ?

M.D. : Le 10e congrès s’inscrit sous la bannière “Crime et criminologie. Des individus aux organisations”. Une thématique suffisamment vaste pour que tous les sujets soient traités... Plusieurs professeurs de l’ULg feront part de leurs recherches : le Pr Georges Kellens ouvrira le congrès à l’Institut Van Beneden par une conférence sur la “prévention de la violation des droits de l’homme dans les prisons” et le Pr Michel Born évoquera, lors d’une conférence plénière, la “culture des jeunes et délinquance juvénile”. Plusieurs communications seront consacrées à la réflexion sur le terrorisme, d’autres concerneront l’exécution des peines ou encore la police*.

Ce colloque constitue à l’évidence une belle vitrine pour la ville qui l’accueille et pour son Université qui, quatre jours durant, sera le centre mondial de la criminologie. Nous attendons durant ces trois jours environ 700 personnes pour lesquelles sept conférences plénières et 150 ateliers sont programmés. Afin de célébrer dignement ce 10e congrès, nous avons décidé de lui donner une couleur belge et ardente. C’est ainsi que la journée du jeudi 9 sera rythmée par la gastronomie liégeoise ! Grâce au concours des restaurants universitaires, nous initierons les congressistes étrangers aux boulets-frites, au sirop de Liège, au péket et au lacquemant. Le surréalisme s’invitera ensuite durant la journée du vendredi 10 et la soirée de gala aura lieu dans le chapiteau à miroirs dressé sur l’espace Tivoli. De quoi garder, je l’espère, un excellent souvenir de Liège…

Le 15e jour : Parallèlement, vous organisez une exposition à l’Embarcadère du savoir.

M.D. : Oui. Avec le Barreau de Liège, nous présenterons “L’Enfer-me-ment”, une exposition qui rassemble les photographies de Jane Evelyn Atwood, Jean-Marc Bodson, Michel Vanden Eeckhoudt, Gaël Turine et Hugues Wurstemberger. L’exposition – qui a déjà été installée, au printemps 2007, dans la salle des pas perdus du Palais de justice de Bruxelles – dévoile les conditions de détention et de réinsertion des personnes emprisonnées et donne une image insoupçonnée du milieu carcéral.

C’est d’ailleurs l’un des objectifs de notre Ecole : sensibiliser le grand public – et les jeunes notamment – à l’univers pénitentiaire. L’autre but étant de créer une dynamique pour les étudiants en criminologie en les confrontant au “terrain”. Nous avons mis au point de nouvelles méthodes pédagogiques pour les étudiants de dernière année, lesquelles amplifient les projets de criminologie appliquée. Cette année, certains de leurs travaux consistaient en l’élaboration d’un outil pédagogique à destination des instituteurs et des élèves des écoles secondaires qui seront sollicités pour visiter cette exposition. Et ce sont d’autres étudiants qui assureront l’encadrement des élèves lors des visites guidées.

Ce sera là un petit avant-goût de la vie professionnelle qui atteste du souci de l’Ecole de criminologie de former ses étudiants au plus près des exigences du marché de l’emploi et qui montre l’implication citoyenne du criminologue. Il faut le savoir, celui-ci travaille la plupart du temps dans l’accompagnement social et psychologique, la médiation, la formation, la recherche, etc. On est bien loin de l’image des Experts dont souffrent parfois nos étudiants et nos diplômés et qui ne correspond en rien à la réalité !

Propos recueillis par Patricia JanssensCe colloque constitue à l’évidence une belle vitrine pour la ville qui l’accueille et pour son Université qui, quatre jours durant, sera le centre mondial de la criminologie. Nous attendons durant ces trois jours environ 700 personnes pour lesquelles sept conférences plénières et 150 ateliers sont programmés. Afin de célébrer dignement ce 10e congrès, nous avons décidé de lui donner une couleur belge et ardente. C’est ainsi que la journée du jeudi 9 sera rythmée par la gastronomie liégeoise ! Grâce au concours des restaurants universitaires, nous initierons les congressistes étrangers aux boulets-frites, au sirop de Liège, au péket et au lacquemant. Le surréalisme s’invitera ensuite durant la journée du vendredi 10 et la soirée de gala aura lieu dans le chapiteau à miroirs dressé sur l’espace Tivoli. De quoi garder, je l’espère, un excellent souvenir de Liège…

Le 15e jour : Parallèlement, vous organisez une exposition à l’Embarcadère du savoir.

M.D. : Oui. Avec le Barreau de Liège, nous présenterons “L’Enfer-me-ment”, une exposition qui rassemble les photographies de Jane Evelyn Atwood, Jean-Marc Bodson, Michel Vanden Eeckhoudt, Gaël Turine et Hugues Wurstemberger. L’exposition – qui a déjà été installée, au printemps 2007, dans la salle des pas perdus du Palais de justice de Bruxelles – dévoile les conditions de détention et de réinsertion des personnes emprisonnées et donne une image insoupçonnée du milieu carcéral.

C’est d’ailleurs l’un des objectifs de notre Ecole : sensibiliser le grand public – et les jeunes notamment – à l’univers pénitentiaire. L’autre but étant de créer une dynamique pour les étudiants en criminologie en les confrontant au “terrain”. Nous avons mis au point de nouvelles méthodes pédagogiques pour les étudiants de dernière année, lesquelles amplifient les projets de criminologie appliquée. Cette année, certains de leurs travaux consistaient en l’élaboration d’un outil pédagogique à destination des instituteurs et des élèves des écoles secondaires qui seront sollicités pour visiter cette exposition. Et ce sont d’autres étudiants qui assureront l’encadrement des élèves lors des visites guidées.

Ce sera là un petit avant-goût de la vie professionnelle qui atteste du souci de l’Ecole de criminologie de former ses étudiants au plus près des exigences du marché de l’emploi et qui montre l’implication citoyenne du criminologue. Il faut le savoir, celui-ci travaille la plupart du temps dans l’accompagnement social et psychologique, la médiation, la formation, la recherche, etc. On est bien loin de l’image des Experts dont souffrent parfois nos étudiants et nos diplômés et qui ne correspond en rien à la réalité !

Propos recueillis par Patricia Janssens