L'exécution du décret de la Communauté française Wallonie- Bruxelles relatif à l'intégration au sein des universités des Instituts supérieurs d'architecture (ISA) a concrétisé l'intention des deux institutions liégeoises, Lambert Lombard et Saint-Luc, de rejoindre l'université de Liège*. La faculté d'Architecture - la onzième à l'ULg - est ainsi née et sa direction sera assurée de manière transitoire par Marc Goossens et Norbert Nelles, anciens directeurs des ISA, aujourd'hui coprésidents avec rang de doyens.
L'arrivée des deux écoles, apporte à notre Alma mater plus de 1000 étudiants et une soixantaine d'enseignants. « L'ULg est maintenant l'employeur et le gestionnaire des deux anciens Instituts supérieurs d'architecture, confirme le Recteur. Dès à présent, tous les étudiants qui suivent cette filière s'inscrivent à l'Université et les diplômes délivrés à partir de 2011 seront estampillés "ULg". » « Quant au personnel, poursuit le premier vice-recteur Albert Corhay, véritable maître d'œuvre du rapprochement des institutions, il est repris dans la nouvelle structure et conserve bien sûr et son statut et ses acquis. La commission permanente d'architecture - que je préside - veillera au bon déroulement de l'intégration et jouera le rôle de courroie de transmission entre le conseil d'administration et le nouveau conseil de Faculté. »
"L'architecte est au service de l'homme et de la société"
Selon Vitruve, célèbre architecte romain du Ier siècle de notre ère, « l'architecture apporte solidité, utilité et beauté ». Mais encore ? Elle est une passion selon certains, une science selon d'autres. Elle est fréquemment décrite comme un art social ou une science artistique. La conception, la réalisation d'un édifice, quelle que soit sa nature ou sa raison d'être, est évidemment le premier exercice de la discipline mais ses missions s'étendent bien au-delà.
Historiquement, l'architecte est un détenteur du savoir : géomètre ou mathématicien en Egypte, il est "maître-maçon" en Grèce antique (du grec ancien arcitektwn, "maître-maçon"). Aujourd'hui, c'est un créateur d'espaces dont la démarche s'inscrit dans le respect des règles d'urbanisme et de construction. Son objectif est de concevoir des espaces - individuels ou collectifs - en tenant compte de leurs fonctions et de la société.
En résumé, l'architecte est au service de l'homme et de la société. Scientifique et technicien, il manie le compas avec rigueur et fait la (difficile) synthèse entre les contraintes économiques et les exigences des clients. « Il doit surtout être capable de proposer des solutions créatives, souligne Norbert Nelles. Cela demande de l'écoute, de la curiosité, de la culture ainsi que de l'imagination, de la sensibilité, voire de la poésie. »
Ainsi, l'image traditionnelle de l'architecte, seul devant sa table à dessin, s'efface-t-elle pour laisser place à une vision plus collective du métier. L'architecte est un homme de contacts amené à comprendre les envies des clients, à dialoguer avec les administrations et l'ensemble des techniciens qui mèneront à bien les projets.
"La jeune faculté gardera ses quartiers
sur les sites d'Outremeuse et du Botanique"
"Projet" est d'ailleurs le maître-mot de la formation d'architecte, la colonne vertébrale de tout le cursus. « Le projet d'architecture est au cœur de notre enseignement, expose Marc Goossens. Tant comme base d'acquisition des connaissances théoriques que comme initiation à la pratique de l'art. » Le programme des cinq années d'études est ainsi organisé de manière à passer progressivement des premières découvertes à des synthèses de complexité croissante. Par ailleurs, le travail en ateliers - central dans le cursus de la nouvelle Faculté - implique de disposer non seulement d'une multitude de petits locaux interconnectés, mais encore d'un personnel encadrant en suffisance.
La jeune Faculté gardera ses quartiers sur les sites d'Outremeuse et du Botanique. Car il est prévu dans la convention signée le 16 juin dernier entre les parties que la nouveau-née restera en ville. « C'est une exigence que nous avons formulée de concert, annonce Norbert Nelles. La ville fait partie de notre enseignement. Non seulement nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans la redynamisation du quartier Outremeuse, mais, de surcroît, il nous paraît important de familiariser les étudiants à l'urbanisme..."in situ". » Un point de vue partagé par Marc Goossens : « Les étudiants sont des acteurs de la ville : dès lors ils doivent être confrontés très tôt à la réalité de la vie urbaine puisque l'architecte est au service de l'homme et de la collectivité. »
Côté programme de cours, tout le cursus du bachelier a été remis à plat, celui de la première année est totalement nouveau. La réforme de toute la filière sera terminée dans trois ans. Reste à lancer la recherche et à susciter des doctorats pour fondre définitivement l'architecture dans le paysage universitaire.
Page réalisée par Patricia Janssens - Photos : Hélène Erpicum
* Victor Horta et La Cambre rejoignent l'ULB, Saint-Luc de Bruxelles et de Tournai, l'UCL et l'institut de Mons, l'UMons.
Contacts : informations sur les études, tél. 04.366.56.74, courriel info.etudes@ulg.ac.be, site www.archi.ulg.ac.be
Santiago Calatrava En 1981, il soutient une thèse de doctorat sur la "pliabilité" des structures spatiales tridimensionnelles, une approche originale qui forme la trame de l'ensemble de ses projets architecturaux (citons, parmi ceux-ci, la gare TGV Lyon Saint-Exupéry, l'opéra de Valence, l'extension du Milwaukee Art Museum, le pont de la Constitution sur le Grand Canal à Venise et, bien sûr, la gare TGV de Liège-Guillemins). Il mène actuellement plusieurs projets d'envergure aux Etats-Unis : à New York, il a dessiné les plans du futur World Trade Center Transportation Hub ainsi qu'un gratte-ciel résidentiel sur l'East River, le 80 South Street. En lui remettant les insignes de docteur honoris causa, l'université de Liège salue l'une des plus grandes figures de l'architecture contemporaine. |
Ingénieur-architecte : une formation atypique Cette double compétence, réunie dans une même filière, est assez unique en Europe et suscite à présent un certain intérêt. L'Ecole des Mines d'Alès (EMA) a signé en juin dernier une convention avec l'ULg, laquelle autorise les étudiants de 4e année en constructions de l'EMA à s'inscrire directement en master ingénieur-architecte par le biais d'une passerelle. Selon Pierre Leclercq, président du conseil des études, les deux formations (ingénieur-architecte et architecte) sont complémentaires. Affaire de choix. Dans la profession, les deux regards sont indispensables. Dans la formation, ce rapprochement conduira immanquablement les deux Facultés à collaborer de façon croissante. Contacts : tél. 04.366.52.74, courriel info.etudes@ulg.ac.be, site www.arch.ulg.ac.be |