Septembre 2010 /196

La clinique à la ferme

Les vétérinaires diagnostiquent in situ

VeteElle s'impose, là, à l'ombre de la cour de la clinique vétérinaire des gros animaux du Sart-Tilman, sur une dalle de béton fraîchement séchée pour supporter son poids gargantuesque. La camionnette bleue, toute jeune, est la nouvelle fierté d'Hugues Guyot, 
1er assistant à la faculté de Médecine vétérinaire. « Une clinique ambulatoire comme celle-là, avec une telle technologie de pointe, il n'en existe aucune en Europe, s'enthousiasme-t-il. Elle nous permet d'établir diagnostics et pronostics chez les bovins, de la même manière que sur le campus, et même parfois avec une plus grande précision. » Et les avantages pour le client sont patents.

Le premier avantage est certainement de pouvoir faire face à un problème dans son contexte. « Il n'est pas toujours aisé d'identifier une maladie en examinant l'animal en dehors de son milieu de vie, explique le chercheur. Ici, je vais "au chevet du patient", ce qui me permet de visualiser son environnement. » C'est également une belle anticipation des mesures sanitaires à venir, lesquelles seront plus sévères quant au transport des bovins en clinique.

Autre point intéressant : la plupart des analyses effectuées dans le camion donnent des résultats immédiats, ce qui est toujours très précieux tant pour le vétérinaire que pour l'éleveur. Par ailleurs - et c'est aussi un paramètre intéressant à l'Université -, l'investissement s'avère particulièrement utile d'un point de vue pédagogique. Trois ou quatre étudiants de 3e master peuvent en effet accompagner les sorties de la clinique ambulatoire. « J'essaye de mettre les étudiants "en situation" devant un animal souffrant afin qu'ils réalisent un diagnostic, poursuit Hugues Guyot. Cette formule leur permet aussi de voir des cas bénins, de première ligne, et pas uniquement ceux qui arrivent en clinique, souvent plus sérieusement atteints. Quand ils seront diplômés, ces étudiants auront déjà été confrontés au terrain. »

En trois mois, la clinique ambulatoire est sortie 160 fois. Une belle fréquence rendue possible par un partenariat avec deux vétérinaires de la région. « En Europe, les autres écoles vétérinaires qui ont ce type de camionnette vont plus loin que le diagnostic : ils soignent aussi. Mais cela suppose alors de racheter une clientèle à un vétérinaire, développe Hugues Guyot, ce qui n'est pas notre optique dans l'immédiat. Nous avons préféré établir une collaboration avec deux vétérinaires qui nous fournissent des cas de base (mammites, pneumonies, diarrhées, mais aussi tout ce qui touche à l'endoscopie, aux échographies, à l'imagerie, à l'analyse du lait, du sang, etc.). En échange, nous établissons le diagnostic à prix réduit et le vétérinaire s'occupe de l'aspect thérapeutique. »

En raison de la qualité du matériel de la camionnette, il arrive également que des vétérinaires fassent appel à la clinique ambulatoire pour des examens plus poussés. « C'est un équilibre qui satisfait tous les protagonistes : éleveurs, vétérinaires et étudiants », conclut le chercheur.

Philippe Lecrenier

|
Egalement dans le n°269
Éric Tamigneaux vient de recevoir le prix ACFAS Denise-Barbeau
D'un slogan à l'autre
Résultats de l'enquête auprès de "primo-arrivants" en faculté des Sciences
21 questions que se posent les Belges
Le nouveau programme fait la part belle à l’histoire de la cité
Panorama des jobs d'étudiants