Revendiquer son caractère culturel n'est pas inutile lorsque l'on organise un rassemblement musical et festif sur le campus du Sart-Tilman. Surtout lorsque son esprit se démarque d'autres événements qui s'y déroulent tels que les 4 heures trottinettes ou le Bal des moflés... ou qui s'y dérouleront peut-être, à l'heure où le traditionnel chapiteau planté chaque année au Val-Benoît voit son avenir compromis par des contingences immobilières.
La 4e édition de l'Unifestival, festival gratuit organisé par un comité de 17 étudiants reconnu comme une commission de la Fédé, démontre en tout cas que la vie nocturne autour des amphis de l'Europe n'est pas forcément l'apanage des chercheurs nyctalopes ou de la faune sauvage. « Le site s'y prête bien, confirme Aleksandra Waliszewska, responsable communication de l'événement. On clôture généralement vers 3 ou 4 heures du matin. Dans le cadre d'un partenariat avec le TEC, nous payons pour pouvoir mettre des navettes à disposition des étudiants. Et en dehors des contraintes de sécurité comme l'accès pour les pompiers ou les évacuations lorsqu'on prévoit le plan du site, il n'y a pas de problème particulier. »
De fait, 10 000 étudiants de l'ULg complétés d'un camaïeu de jeunes du même âge avaient pris part à l'édition 2009 de l'Unifestival sans écueil notable, de nombreux satellites des cercles estudiantins et une trentaine de bénévoles constituant le cœur du dispositif. « En général, ils sont fiables, très motivés, et d'ailleurs certains des plus motivés d'entre eux finissent par rejoindre l'organisation. Comme Marc qui est président cette année ou Jacques, responsable culture et bénévoles », relève Aleksandra. Et puis il y a aussi Renaud et Simon, les responsables "artistes" aux goûts musicaux très différents. Car, côté programmation, l'Unifestival a eu cette année l'occasion de choisir les deux têtes d'affiche que sont The Vismets, un groupe de rock bruxellois présent cette année aux Francofolies et au festival de Dour, et Monday Morning. L'on retrouvera également les Liégeois de The Expozers dont la musique électro électrisante avait déjà mis une sacrée ambiance l'an dernier.
Pour le reste de la programmation, impossible de stipendier les deux programmateurs qui fonctionnent de conserve avec le reste du comité (même si leur avis pèse lourdement dans la balance). Le maître-mot demeurant l'éclectisme, Aleksandra confirme : « Chaque année, nous discutons tous ensemble du choix des artistes. Chacun peut proposer ses idées et donc, à chaque fois, Geoffrey fait marcher son imagination et nous propose des trucs farfelus du style le champion du monde de sculpture à la tronçonneuse ou encore le gars qui tourne sur Youtube en faisant la musique avec les tic-tac. » Il ne sera finalement pas question de bonbons mentholés pour les artistes de rue qui égayeront également le campus ce soir-là.
C'est en réalité grâce à un budget plus replet que l'Unifestival se fend cette fois d'une affiche plus ambitieuse. Les organisateurs misent en effet sur deux étudiants de l'université de Bruxelles (ULB) pour générer davantage de recettes publicitaires ou de sponsoring. La jeune entreprise "Meta For Events" a en effet pour ambition de gérer collectivement cet aspect pécuniaire pour un ensemble de festivals estudiantins proposant des concerts ou de la musique et rassemblant au minimum 10 000 personnes. « Pour le moment, en plus de l'Unifestival, nous regroupons la Nocturne de l'ULB et les 24 heures vélo de Louvain-la-Neuve. Mais nous recherchons de nouveaux partenariats afin de développer une structure professionnelle susceptible d'offrir une constance aux sponsors », explique Quentin Debois, l'ancien président des fameuses Nocturnes de l'ULB.
Outre le budget et l'apparition de gobelets réutilisables (de plus en plus répandus cet été), le déplacement de la scène moyenne vers le parking P14 constitue aussi un changement majeur. Le bâtiment du nouveau restaurant universitaire risquait de limiter davantage la circulation entre les trois scènes. Du coup, la nouvelle configuration en triangle devrait encourager le public à voyager davantage le jeudi 7 octobre.
Fabrice Terlonge
Informations sur le site www.unifestival.org