L'idée est toute simple : plus tôt le diagnostic de l'arthrose est posé, plus vite le patient peut recevoir un traitement pertinent et modifier son hygiène de vie le cas échéant, afin d'atténuer les conséquences de la maladie. La dernière spin-off de l'ULg, Artialis, s'inscrit dans cette démarche.
L'arthrose touche en Belgique près d'un million de personnes, les seniors principalement. Si l'on en croit une étude américaine réalisée à la fin des années 1990, l'impact socio-économique de cette affection se chiffrerait en milliards de dollars. « L'arthrose est en effet une maladie douloureuse et terriblement invalidante », observe le Pr Yves Henrotin, directeur de l'unité de recherche sur l'os et le cartilage (Uroc) à l'université de Liège.
C'est la détérioration du cartilage recouvrant l'extrémité des os qui est responsable de la pathologie. Au début, la douleur n'apparaît que lorsque l'articulation est sollicitée mais, dans les stades plus avancés, elle peut même être ressentie au repos, ce qui provoque un handicap sévère et cause une perte progressive d'autonomie. « L'action conjuguée de la kinésithérapie et de médicaments soulage la douleur et réduit le handicap, reprend le Pr Henrotin, mais, pour l'instant on ne parvient pas à soigner la maladie. »
A l'heure actuelle, la recherche s'oriente vers le diagnostic précoce du mal. Et la piste des marqueurs biologiques (ou biomarqueurs) s'avère extrêmement intéressante. « Nous devons détecter dans le sang ou les urines les molécules qui indiquent de façon indubitable la présence de la pathologie », expose le Pr Henrotin dont les travaux - menés avec le Dr Michèle Deberg - ont permis de mesurer l'oxydation (c'est-à-dire le vieillissement) et la dégradation du collagène contenu dans le cartilage. Cette découverte et la mise au point d'une nouvelle technologie ont fait l'objet de plusieurs brevets déposés par l'ULg.
Aujourd'hui, l'unité de recherche sur l'os et le cartilage crée Artialis, une spin-off qui commercialise des kits (Elisa) « capables de doser neuf biomarqueurs dans le sang, les urines ou le plasma, explique Yves Henrotin. Ce dépistage, simple et peu onéreux, permettra ensuite un traitement thérapeutique précoce. » Dans un premier temps, ces kits sont utiles aux médecins spécialistes, aux sociétés pharmaceutiques et aux chercheurs dans le cadre du développement de nouveaux traitements. Ensuite, Artialis espère que ces marqueurs biologiques seront utilisés en routine, et donc accessibles à l'ensemble des médecins.
Située au troisième étage du Giga, la spin-off bénéficiera de laboratoires aux normes GLP et emploiera une dizaine de personnes. Quant à la production des kits, elle a été confiée à Zentech, la firme liégeoise bien connue.
Les marqueurs biologiques de l'arthrose feront très certainement l'objet de discussions lors du congrès international de l'Osteoarthirtis Research Society International "Oarsi 2010" organisé par le Pr Yves Henrotin du 23 au 26 septembre prochains. « C'est une première en Belgique, se réjouit-il. Nous attendons près de 1500 chercheurs - américains, européens et asiatiques pour la plupart - qui évoqueront l'état de leurs recherches. » Ce congrès sera également l'occasion de présenter de nouvelles recommandations en matière de diagnostic et de traitement de l'arthrose.
Patricia Janssens - Photo Jim Sumkay
| Le symposium international de l'Osteoarthirtis Research Society International (Oarsi), "Start of new Decade", aura lieu du 23 au 26 septembre, au Square, Brussels Meeting Centre, rue du Musée, 1000 Bruxelles. Contacts : courriel aschrier@ahint.com, site www.oarsi.org Artialis : courriel info@artialis.com, site www.artialis.com Uroc : site www.uroc.be |