Depuis des temps quasi immémoriaux, l'enseignement universitaire se faisait de manière frontale. Le professeur donnait son cours, les étudiants prenaient des notes, et tout ce petit monde se revoyait en fin d'année pour les examens. Nonobstant quelques travaux pratiques ou séances de labo dans les filières scientifiques, tel était le dispositif le plus courant qui prévalait dans les études supérieures.
Les choses sont en train de changer. Un vent de réformes s'est même mis à souffler dans la plupart des Facultés. C'est le cas dans celle du Droit où l'accent est désormais porté sur l'implication des étudiants dans leur propre formation, notamment par le renforcement du volet oral de celle-ci. « Cette mini-révolution, explique le doyen Olivier Caprasse, s'articulera autour de trois grands axes : le travail de fin d'études (TFE), la participation à des concours à l'extérieur et l'introduction d'une formule pédagogique se situant à l'intersection entre la méthode "ex cathedra" et la "socratique". »
Premier axe d'abord, le TFE. Il ne s'agit pas d'un mémoire au sens classique du terme, mais d'une formule originale reposant sur trois pieds : un travail écrit, un stage en milieu professionnel et une épreuve orale. Cette dernière est constituée soit d'une plaidoirie à présenter devant des magistrats, soit d'un rapport de synthèse à soumettre à un conseil d'administration.
Deuxième axe ensuite : les concours à l'extérieur. Là, dans le courant de 2010, les étudiants de l'ULg se sont vraiment illustrés. Sur 120 au total en 2e master, ils ont été 25 à participer à six de ces rencontres - dans six pays différents - où ils ont pu faire montre de leurs compétences discursives et de leurs talents oratoires*.
Troisième axe enfin, la méthode d'enseignement. Si cette phase de la réforme est toujours au stade de la réflexion, un point est cependant acquis à ce jour : il convient de renforcer la participation des étudiants à leur formation. Il ne peut être question de se cantonner aux cours ex cathedra, sans pour autant foncer tête baissée dans la méthode socratique qui a la cote aux Etats-Unis et dans pas mal d'autres pays sous influence anglo-saxonne. « Au stade du master, diverses formules pourraient être mises en place, estime le Doyen, y compris au sein des cours obligatoires réunissant un grand nombre d'étudiants, afin d'améliorer la capacité de ceux-ci à apprendre par eux-mêmes, à structurer et à exprimer leur pensée, à travailler en équipe, etc. » Une formule possible serait de combiner cours ex cathedra et méthode socratique (ou encore apprentissage par problèmes) : sur la base d'un manuel, 10 heures d'exposé général et transversal de la matière seraient données à l'ensemble de l'auditoire par le professeur. Le cours serait alors suspendu pendant plusieurs semaines pour permettre aux étudiants de "rentrer" dans le manuel par eux-mêmes. L'auditoire serait alors divisé en groupes restreints afin de tenir avec le professeur des séances d'étude de cas, de discussions, sur la base des pages lues.
« L'avantage de ce modus operandi, c'est l'interactivité entre les enseignants et les apprenants. Si l'on en juge par les expériences déjà menées ailleurs, c'est une relation pédagogique qui porte manifestement ses fruits et qui, de surcroît, est loin de déplaire aux jeunes générations », conclut le Pr Olivier Caprasse.
Henri Deleersnijder - Photo Michel Houet
* Parmi divers succès, épinglons deux équipes d'étudiants de 2e master en faculté de Droit qui ont participé en mai - et pour la première fois - au concours international d'arbitrage à Montpellier. La première équipe (Adrien Calvaer, Thibaud Smolders, Emmanuel Bottaro et François Neuville) a remporté la finale ; la deuxième (Manal Chatar, Sophie Materne, Melissa Moineau et Pierre Cultiaux) a atteint les demi-finales et remporté le prix du mémoire. Par ailleurs, quatre étudiants en master complémentaire en droit européen, droit de la concurrence et de la propriété intellectuelle, (Anne-Sophie Come, Mathieu Coquelet, Willem Devos et Pierre Sabbadini), ont remporté en juin à Paris la première édition du concours de la revue Lamy en droit de la concurrence.
Voir le site www.droit.ulg.ac.be/index.php?m=98&c=309