Les Belles Etrangères

Evénement littéraire autour de la Colombie

Quand la Colombie fait la “une” de l’actualité, il est rare que ce soit pour des événements pacifiques. L’édition 2010 des “Belles Etrangères” contribuera à corriger quelque peu la vision d’une terre andine dont la vie ne se résume pas à des scènes de violence récurrentes. Il s’agit, en effet, d’un événement littéraire annuel consacré aux lettres d’un pays non francophone et qui, les 9 et 10 novembre prochains, mettra à l’honneur la littérature colombienne. Les villes de Liège et de Bruxelles ont été retenues à cette occasion.

Il est, c’est bien connu, des arbres qui cachent la forêt. Le roman Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez est de ceux-là, qui laisserait entendre que sous ses flamboyantes frondaisons ne végéteraient que misérables pousses. La réalité est tout autre. Jacques Joset, professeur émérite à la faculté de Philosophie et Lettres, atteste de la vitalité de la production romanesque particulièrement plurielle issue de Colombie: « L’œuvre de création de Fernando Vallejo, qui a fait l’objet de nombreuses traductions, en constitue une preuve éclatante. Voilà un écrivain considérable dont les autofictions, qui ont pour cadre Medellín où il est né, jouent d’une ample gamme de réécritures imaginaires de soi. » Et ce spécialiste des littératures en langue espagnole d’ajouter : « Son roman “La Virgen de los sicarios” (1994) a été porté à l’écran par Barbet Schroeder en 2000 sous le titre “La Vierge des tueurs”: tant le livre que le film – projeté en son temps au cinéma Churchill – ont connu un beau succès. Vallejo, que j’aurai le plaisir d’accueillir en Belgique, est un auteur dérangeant, politiquement incorrect, dont l’écriture tourmentée et extraordinairement rythmée a radicalement renouvelé la prose espagnole. »

Celles et ceux qui souhaitent mieux connaître cet auteur que la critique française compare volontiers à Louis-Ferdinand Céline n’ont, dans la mesure où ils maîtrisent la langue de Cervantes, qu’à se référer au livre que Jacques Joset vient d’écrire à son propos: La muerte y la gramatica. Los derroteros de Fernando Vallejo.

Henri Deleersnijder