Il y a la voix des urnes, puis celle de la raison. L’étudiant en science politique qu’est Maxime Counet, nouveau président de la Fédé, pourrait bien un instant imaginer que, pour une fois, les apprentis politiciens soient en mesure de donner des idées aux hiérarques des partis belges. Le 30 mars, les étudiants de l’ULg avaient élu leurs 60 nouveaux représentants appelés à siéger, pour un an, au Conseil étudiant, lequel équivaut à l’AG de la Fédé. Grande gagnante, la liste Focus (dont certains aiment à penser qu’elle fut constituée pour faire barrage à sa concurrente) l’emporta très largement sur la liste Wasabi. Sur les 60 sièges à pourvoir, 39 revinrent à la première tandis que 20 autres furent attribués à la deuxième. Une liste indépendante s’octroya le dernier siège.
Outrepasser les clivages
Mais à l’heure de la première assemblée projetant de désigner le conseil d’administration, il s’avéra que, faute d’éléments suffisamment motivés par un projet commun d’exercice de la représentation étudiante, les élus de la liste majoritaire n’étaient pas en mesure d’élire, dans leurs rangs, le quarteron d’administrateurs. Il faudra attendre le 2 septembre et une situation de crise pour que la liste… perdante accepte de reprendre la main et de sauver la situation ! Les président, vice-président et trésorier sont finalement tous les trois issus de la liste Wasabi et occupent donc trois des quatre postes-clés. « Ceux de Focus qui ont également intégré le conseil d’administration sont venus avec une volonté d’outrepasser les clivages et d’agir pour un programme commun. La notion de liste n’existe donc plus jusqu’aux prochaines élections », rassure Maxime Counet. Calme et mesuré, cet amateur de jazz aura vite dépassé la menace d’instabilité pour se prêter à l’exercice médiatique en accordant sans complexe une interview à la télé locale et au Soir, de conserve avec le recteur Bernard Rentier.
« Je suis très attaché à la langue et au discours politiques. Face au Recteur et aux autorités, j’aime aussi savoir de quoi je parle », précisait-il. Et lorsque le Recteur rêve d’un « système de transport efficace, automatisé et peut-être suspendu », qui relierait le campus au centre-ville, Maxime relève que l’arrivée du tram devrait permettre de réaffecter des bus vers le Sart-Tilman qui doit impérativement bénéficier d’un site propre. Le nouveau président a la tête froide.
Honnêteté intellectuelle
« On sait compter sur lui, mais il est trop précautionneux dans sa façon de peser les mots, estime Tom, son vice-président et nouvel ami avant de se raviser : mais c’est aussi une qualité ». Passionnel, Maxime n’aura que peu de temps pour jouer au squash s’il veut faire avancer le dossier des kots à projets instigué par ses prédécesseurs ou celui de la suppression du droit d’inscription en deuxième session. « Le Recteur parle d’un coût de plusieurs centaines de milliers d’euros, mais il faut savoir où mettre les priorités. Il parle lui-même aussi de projets délicats financièrement comme celui des cours sur CD, notamment pour pouvoir éviter de dédoubler les amphis saturés en médecine. Cela pourrait peut-être coûter plus cher en personnel », s’interroge celui qui fut aussi président des jeunes Ecolo de Liège et qui, en rigolant, précise qu’il a refusé une autre fonction au sein du parti vert pour ne pas devenir schizophrène. « Par honnêteté intellectuelle vis-à-vis de l’AG de la Fédé et par respect pour la représentation étudiante, ce n’était pas possible. Mais on fait de la politique même si l’on n’est pas membre d’un parti, dans la mesure où l’on défend tout de même un modèle sociétal. »
Et de conclure en regrettant que les étudiants des écoles d’architecture nouvellement intégrés à l’université n’aient pas participé aux élections l’an passé et soient dès lors privés de représentants au sein de la Fédé, « car même s’ils ont un ou deux représentants au CA de l’ULg, ce n’est pas là qu’il y a les vrais débats ». Heureusement, des deux côtés de la place du 20-Août, on a déjà le même mot à la bouche : concertation.
Fabrice Terlonge
Photo : © ULg - Michel Houet 2010
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