Octobre 2010 /197
Octobre 2010 /197
TypeArt

Concours cinéma

Sans queue ni tête

Un film de Jeannne Labrune, 2010, France/Belgique/Luxembourg, 1h35
Avec Isabelle Huppert, Bouli Lanners, Richard Debusine, Sabila Moussadek, etc
A l'affiche des cinémas Churchill, Le Parc et Sauvenière.

Alice est prostituée. Xavier psychanalyste. L'une vend son corps, l'autre son écoute. Tous les deux veulent changer de vie. La première veut entreprendre une analyse, le second veut échapper à la solitude avec une professionnelle. Alice et Xavier se rencontrent. Mais ce qui pourrait être le début d'une romance devient la première étape d'une profonde transformation.

Six ans après Cause toujours, Jeannne Labrune nous revient avec un huitième lont métrage nettement moins léger que les précédents. Sans queue ni tête devoile sans fantaisie l'envers de la comédie humaine. Au départ du scénario, la constatation de la réalisatrice que la passe est non seulement un terme utilisé dans la prostitution, mais signifie aussi le moment  où le patient ayant suivi une analyse devient lui-même un analyste. Les parallèles entre les deux pratiques s'ensuivent : l'espace discret et clos, le sofa ou le lit, la durée d'une séance rémunérée. Quand Alice vend son corps, les sentiments sont proscrits. Xavier, lui, vend un peu de son esprit, mais pas question ni de sentiments, ni de corps. Sans queue ni tête ! Dans les deux cas, on ne doit rien attendre de l'autre. Dans les deux cas, le service rendu est payant et loin de la gratuité de l'amour.

Sans queue ni tête, c'est la question du pouvoir et de l'argent. Jeanne Labrune questionne la règle du marché. Que vend-on de soi dans son travail ? Pour la réalisatrice, que l'on soit prostituée ou banquier, on devient une marque, on vend une image, on se vend. Dans une société où tout s'achète, la personne n'a plus de valeur en soi. C'est pour se protéger d'elle-même qu'Alice doit se déguiser. Xavier, quant à lui, accumule les oeuvres d'art pour son prestige social. Mais quand Xavier rencontre Alice, elle ne peut plus se vendre et lui acheter. La rencontre les dénude. Et le film renvoie à une chanson de Souchon : "On aime les filles et puis on les lâche. Ah oui, vraiment, l'amour est un peu lâche. On aime les filles et on paye cash. Ah oui vraiment, l'amour est quelquefois vache, vache. Sans queue ni tête, sans queue ni tête ..."

Christine Brüll

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par le 15e jour du mois et l'asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 20 octobre; de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : quel est le titre du premier et unique roman de Jeanne Labrune ?

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