Les changements climatiques, les champs électromagnétiques, les pandémies, les problèmes environnementaux, les nanotechnologies, la qualité de la chaîne alimentaire ou encore les biotechnologies sont autant de thématiques qui se caractérisent par de fortes controverses scientifiques. Celles-ci mettent en scène nombre d’acteurs aux statuts différents ainsi qu’aux intérêts le plus souvent antagonistes. D’une part, au cœur des débats qui sont ainsi nourris, la communauté scientifique ne se présente plus comme monolithique et parlant d’une seule voix. D’autre part, l’incertitude propre à toute démarche scientifique n’est plus confinée aux laboratoires, mais fait l’objet d’une exportation et d’une mobilisation par d’autres acteurs de la société comme des groupes de citoyens, directement ou indirectement concernés, des associations de protection de l’environnement ou encore des groupes industriels.
Les controverses portent généralement sur la question des risques liés à telle ou telle activité et, au-delà, questionnent la pertinence de certains choix de société. En d’autres termes, les controverses ont une portée politique et nous obligent à repenser les relations, désormais vécues comme inextricables, entre nature, science et société. Dans cette perspective, la nature a perdu son statut privilégié d’objet dont les lois sont extérieures aux activités humaines. Aussi, l’intime interconnexion des processus naturels et sociaux, plus particulièrement visible dans le développement des sciences et des techniques, est porteuse de complexité, elle-même source de nouvelles incertitudes. Les controverses contemporaines déploient et rendent lisibles ces nouvelles incertitudes qui placent les scientifiques au centre de débats aux fortes dimensions éthiques, politiques et sociales.
“les controverses ont une portée politique et nous obligent à repenser les relations entre nature,
science et société”
Partant d’une approche interdisciplinaire (sciences juridiques, ethnologie, philosophie, sciences de l’environnement et science politique), l’objectif du projet de recherches “Fructis”* (From Uncertainty and Controversies to Innovation and Social Creativity : Contemporary politics of nature) est de tester l’hypothèse que ces controverses scientifiques et sociales, généralement considérées comme des obstacles à l’innovation et à la prise de décision, sont au contraire une source d’innovation et de création tant sur le plan de la connaissance que sur celui de la politique et de l’éthique.
Cette étude des controverses scientifiques et sociales, en contexte de grande incertitude, contribuera à une cartographie des politiques contemporaines de la nature et se fondera sur la réalisation de différentes études de cas sur des controverses impliquant des membres de la communauté scientifique et des publics locaux.
Les principales orientations de recherche seront les suivantes :
Les résultats escomptés sont les suivants :
L’appel est donc lancé aux scientifiques… et aux citoyens.
Pr Sébastien Brunet
département de science politique, gouvernance et société
Florence Caeymaex
chercheur qualifié FNRS, département de philosophie
* Il s’agit d’une recherche financée avec le soutien de la Communauté française de Belgique (actions de recherche concertées) – Académie Wallonie-Europe. Elle rassemble une équipe interdisciplinaire composée d’anthropologues, de juristes, de philosophes, de politologues et de sociologues, tous travaillant au sein de l’université de Liège. Débutée en octobre 2010, elle se terminera en octobre 2015.
Informations sur le site www.fructis.ulg.ac.be