Le sport est une des compétences de la Communauté française. A côté de l’axe “sport pour tous”, elle entend mener dans les années à venir une politique en faveur des élites sportives. L’idée de créer un Centre de formation pour les sportifs de haut niveau a été émise en 2005. Aujourd’hui, le dossier est dans les mains du ministre des Sports André Antoine, lequel ambitionne de créer un complexe susceptible de regrouper activités sportives et infrastructures d’accueil des jeunes. Un appel d’offre est lancé : les villes intéressées doivent remettre leur candidature pour le 23 décembre au plus tard.
A Liège, la Ville, la Province et l’Université se sont unies à la Ville de Seraing afin de présenter, sous une même bannière, un dossier cohérent et ambitieux à ce projet d’envergure. « Il s’agit de créer un Centre proposant à l’élite sportive francophone des conditions optimales d’entraînement », explique le Pr Marc Cloes, du département des sciences de la motricité en faculté de Médecine. Dans une première phase, près de 200 sportifs sont concernés pour dix disciplines : l’athlétisme, le basket-ball, le tennis, le volley-ball, la natation, le judo, le tennis de table, l’escrime, la gymnastique et le rugby.
La candidature liégeoise repose notamment sur la cession, par l’Université, d’un terrain d’une vingtaine d’hectares situé dans le domaine du Sart-Tilman. « Dans ce projet, la Communauté française prévoit de construire une piste d’athlétisme “indoor” qui pourrait idéalement trouver place sur le campus », reprend le professeur. Par ailleurs, la mise à disposition des élites de la piscine olympique de Seraing et de certaines infrastructures sportives du Sart-Tilman constitue un atout capital en vue de réduire le coût global du projet. Dans la perspective de l’accueil ultérieur d’autres disciplines, le vélodrome d’Ans-Alleur revêt aussi un intérêt majeur.
Le centre – situé entre le CHU et l’Institut d’éducation physique – devrait aussi accueillir une nouvelle infrastructure pour l’hébergement et la restauration des sportifs ainsi que des installations médico-sportives indispensables au suivi des jeunes athlètes : centre d’évaluation de la santé, salles de revalidation, de musculation et de détente ainsi qu’une cellule anti-dopage.
Pour leur suivi médical, les sportifs pourront compter à Liège sur des structures hospitalières adéquates et performantes : à 300 m du site sportif, le CHU offre l’ensemble des services médicaux. Le service de médecine du sport de l’ULg (Pr Jean-Michel Crielaard) ainsi que l’Institut Malvoz de la province de Liège pourront prendre immédiatement en charge les athlètes qui se blesseraient ou rencontreraient des problèmes physiques. Par ailleurs, l’évaluation fonctionnelle des sportifs, prélude indispensable à tout entraînement intensif, pourra aussi être réalisée sur place. « Le service de physiologie du sport, dirigé par Thierry Bury, s’occupe déjà des joueurs du Standard et du club de basket de Liège ; il pourra évidemment être étroitement impliqué dans le nouveau centre », affirme Marc Cloes. Et de souligner aussi la présence des kinésithérapeutes du CHU qui, sous la houlette du Pr Jean-Louis Croisier, ont acquis une expertise reconnue en matière de prévention, revalidation et “ ré-athlétisation” des sportifs. Notons enfin que l’ULg a récemment mis en place – en collaboration avec la faculté des Sciences appliquées – le centre de référence de la Communauté française pour l’analyse du geste sportif.
Autre atout de taille : la région liégeoise dispose d’une offre de qualité en matière scolaire, tant au niveau de l’enseignement secondaire que du supérieur. A une distance raisonnable du campus, de nombreuses écoles secondaires (tous réseaux confondus) sont acquises à l’idée d’accueillir des sportifs de haut niveau. Quant à l’enseignement supérieur, il offre un éventail de formations très large. Tant à l’Université que dans les Hautes Ecoles, un statut d’“étudiant sportif” est d’ailleurs accordé aux jeunes qui mènent parallèlement à leurs études un parcours sportif de haut niveau.
Quel bénéfice l’ULg tirera-t-elle de cette opération ? « Pour les étudiants inscrits en sciences de la motricité (anciennement éducation physique), l’avantage est manifeste, poursuit le Pr Cloes, puisqu’ils pourront assister aux entraînements de ces champions en devenir et utiliser les nouvelles infrastructures. Les kinésithérapeutes, quant à eux, pourront compter sur des patients très impliqués dans leur guérison. »
Nul doute que l’environnement boisé du Sart-Tilman rencontrera les attentes des champions de demain, amateurs de calme et de nature…
Patricia Janssens