Janvier 2011 /200
Janvier 2011 /200

Le 15e jour en quelques anecdotes

La cravate de travers
C’était au temps de la machine à écrire. On fournissait son manuscrit ou son “tapuscrit” à la secrétaire qui réencodait tout dans l’unique ordinateur. On n’avait que la maîtrise de ses yeux, de sa plume et de sa vigilance. Un collaborateur avait écrit “cravatte”. Comme sa contribution était arrivée au tout dernier moment, je l’avais déposée chez l’imprimeur dans la plus grande hâte et sans y prêter l’attention qu’il aurait fallu. Le journal est sorti avec une faute d’orthographe en plein milieu de la première page. Deux “t” qui tuent. L’éditeur responsable a décidé de mettre les exemplaires ainsi imprimés au pilon. Ce fut un moment très douloureux. L’épreuve, rapatriée en voiture depuis chez l’imprimeur jusqu’à la rédaction, a été entièrement repassée au crible par plusieurs relecteurs. Et, corrections faites, le journal a finalement pu être réimprimé. Depuis lors, notre collaborateur a réellement progressé en orthographe. Mais à quoi bon puisqu’on ne porte plus de cravate ?
Fabienne Lorant

Combat naval
Le jeu de combat naval, c’était très drôle. J’ai assisté à une opération où l’on traitait un patient atteint d’un cancer de la prostate. L’acte consistait à déposer des billes radioactives dans la protaste à des endroits très précis. Pour ce faire, une grille avec une multitude de petits trous est placée devant l’anus du patient. Cette grille ressemble à celle d’un jeu de combat naval. L’échographiste indique à l’urologue en quelle position il doit aller déposer les billes. Billes qui sont placées sur de longues aiguilles. Bref, ça donne, bille 1 en E3, bille 2 en F5 et ainsi de suite. Un chouette moment.
Nathalie Duelz

Photo
A l’époque, nous avions une relative indépendance par rapport aux autorités universitaires. Si la plupart nous laissaient les coudées franches, je me souviens d’un professeur attentif à ce que sa photo figure dans chacune des éditions du P’tit Lu. Je ne sais pas si c’est grâce à notre travail, mais il a fait une belle carrière académique…
Jacques Cremers

Des souris et des hommes
En 1983, Henri Dupuis me confie un premier sujet : « Tu vas aller interroger un spécialiste de la virologie qui réalise des recherches passionnantes avec des souris. » Rendez-vous est aussitôt pris. J’arrive à la tour de pathologie, au milieu du chantier du CHU. Et des souris. Barbe en bataille, pull épais, le chercheur prend le temps de me décrire la complexité de ses travaux. Passionnants, en effet. Paniqué à l’idée de commettre une erreur à la restitution d’un jargon aussi riche en mots de 12 syllabes, je lui envoie le papier pour relecture. J’attends. Il me rappelle enfin ! Le 24 décembre, soir de réveillon ! A-t-il les boules ? Deux ou trois précisions suffisent. Ouf ! D’autant que ce brillant chercheur allait un jour devenir notre Recteur.
Marc Vanesse

Fatalité
Lors de la confection du premier numéro du P’tit Lu, le recteur de l’époque, Arthur Bodson, avait insisté sur la traque aux fautes d’orthographe et avait parié qu’il en trouverait une malgré tout. Tout le monde avait donc tout relu avec attention, les journalistes comme les profs responsables du soutien académique. Le jour de l’impression, on l’épiait avec un peu d’angoisse. Mais on voit qu’il ne cherche visiblement pas après la faute qu’il avait parié trouver. Pas besoin, il en avait déjà découvert une dans le titre de l’article mis en “une” ! Ballade avec deux “l” là où un était suffisant.
Eric Renette

Vulgarisation
Le chercheur m’avait accordé une interview pendant deux heures. Un véritable cours de biologie. Il voulait que mon papier adopte la rigueur de l’article scientifique. Je tentais de lui démontrer que personne ne comprendrait ses propos… hormis les collègues du service. La négociation fut ardue, les retouches à mon texte, nombreuses. J’avais presque perdu l’espoir de publier un article compréhensible… lorsqu’ il abdiqua. Surprise, je lui demandai les raisons de ce revirement. « J’ai montré l’article à ma femme », avoua-t-il ! Depuis lors, je ne manque jamais l’occasion de remettre mes meilleurs salutations à son épouse.
Patricia Janssens

Facebook Twitter