Janvier 2011 /200
Janvier 2011 /200

Faire mouvement

Nouveau laboratoire, autre atout liégeois pour le centre sportif de haut niveau

C’est le projet inédit de cinq professeurs de l’ULg : développer un laboratoire d’analyse du mouvement humain. Ce projet verra le jour à la fin de ce mois de janvier 2011. En associant plusieurs départements universitaires, il se caractérise par une approche multidisciplinaire. L’objectif, c’est de récolter des informations dynamiques, en trois dimensions, sur le mouvement du corps humain. Pour faire fonctionner ce laboratoire au quotidien, l’Université a recruté un jeune chercheur français formé au Danemark. Il s’appelle Cédric Schwartz, une sorte de Kid Paddle parmi ses écrans d’ordinateur…

MouvementAméliorer les performances
C’est un expert ingénieur âgé de 28 ans. Il est Parisien. Il a répondu à une offre de recrutement de l’université de Liège parue dans une mailing list. Aujourd’hui, il se trouve à l’interface des différents départements qui ont fondé le laboratoire d’analyse du mouvement humain. En faculté de Médecine, le Pr Jean-Louis Croisier et Bénédicte Forthomme, chargé de cours, sont des spécialistes du muscle. Ils en étudient la force maximale pour mesurer l’évolution d’une pathologie ou perfectionner l’entraînement d’un sportif de haut niveau. Ils collaborent avec le Prs Serge Cescotto, Vincent Denoël et Oliver Brüls, chargés de cours, de la faculté des Sciences appliquées. Leurs disciplines à eux, c’est le génie civil et la modélisation. Ensemble, ils veulent « approfondir avec une précision inégalée l’analyse de différents gestes sportifs. Cela, autant dans le but de détecter des anomalies que de proposer des programmes de correction et d’optimalisation ». Aujourd’hui, disposer d’une image statique s’avère en effet insuffisant pour traiter certaines pathologies ou, plus prosaïquement, améliorer les performances d’un athlète de haut niveau.

Le projet a d’emblée suscité l’intérêt de la fédération francophone de tennis. Logique pour un laboratoire qui, dans un premier temps, va focaliser ses travaux sur l’analyse du mouvement dynamique de l’épaule, une partie du corps humain plus complexe et donc moins étudiée par les chercheurs. Mais d’autres fédérations, comme celle d’athlétisme, ont aussi exprimé leur intérêt de collaborer avec le nouveau laboratoire. « Tous les mouvements du corps humain s’effectuent en trois dimensions, précise Cédric Schwarz. Malgré cela, les prothèses du genou, par exemple, se caractérisent par un mouvement en deux dimensions qui donc ne respecte pas le mouvement naturel. Nos travaux contribueront aussi à l’amélioration de ce type de matériel médical. »

Pour développer ses travaux, le nouveau laboratoire dispose d’une vaste salle de 200 m2 et d’équipements de pointe financés par l’Université et la Communauté française. Il s’agit notamment de quatre unités vidéo composées chacune de trois capteurs optiques pour analyser le sujet en trois dimensions grâce à des marqueurs disposés sur le corps, d’une plateforme de force qui permet d’enregistrer 1000 données par seconde – pour décrire par exemple le déroulé du pied ou pour définir l’orientation de l’impact du contact – et d’une piste de course d’une longueur de 35 m pour décortiquer l’image dynamique d’un sprint. Ces équipements sont installés dans le bâtiment B52 de la faculté des Sciences appliquées, mais ils peuvent être aisément transportés sur une piste d’athlétisme, un court de tennis ou n’importe quelle salle de sports. Ensemble, ils représentent un investissement de quelque 500 000 euros.

Implantation naturelle
Au moment où la Communauté française doit désigner le lieu d’implantation du futur centre sportif de haut niveau (on en parle depuis 2005 !), ce laboratoire unique par son approche multidisciplinaire constitue un atout indéniable pour Liège. Il se situe à quelques centaines de mètres à peine du complexe sportif du Sart-Tilman, un endroit bien connu de l’élite sportive mais aussi de nombreux amateurs, où le futur centre pourrait s’implanter presque naturellement.

CremersJacquesJacques Cremers
journaliste – chef d’édition RTBF Liège
rédacteur en chef de Liège Université (1991-1992)

Photo : Codamotion

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