Février 2011 /201
Le plus vieux métier du mondeSur le modèle anversois, Liège réfléchit à la création d’un Eros Center
Isatis en charge du dossierLe 21 janvier dernier, le groupe CPES du service de criminologie de l’ULg organisait une journée d’études intitulée “La création d’un Eros Center à Liège”, sous la houlette de Michaël Dantinne, chargé de cours à l’Ecole de criminologie. Car depuis la fermeture de salons de prostitution du quartier Cathédrale à Liège, la question du relogement de leurs anciennes occupantes (actuellement dispersées entre les officines de Seraing, un centre privé anversois et des nids privés), taraude les caciques communaux. « Nous avions mis le feu aux poudres avant la fermeture des salons, en 2008, dès la présentation publique de travaux d’étudiants en master de criminologie qui devaient répondre à la question : faut-il un Eros Center à Liège ? explique Michaël Dantinne. La balle a été saisie au bond et la ville de Liège a lancé des groupes d’études, notamment avec une association socialement active auprès des prostituées. Par après, l’asbl Initiative sociale d’aide aux travailleurs indépendants du sexe (Isatis), dont je fais partie a été créée, et nous en sommes maintenant à la phase de décision. » S’il pose d’évidentes questions morales, ce projet d’Eros Center, dont certains critiquent le nom, présente au moins le mérite de mettre en débat la question de la prostitution et celle de sa régulation. Entre la légalisation pure et simple à l’instar d’Amsterdam et la criminalisation totale telle qu’appliquée notamment en Suède, les options sont nombreuses. D’autant plus vrai que d’autres villes, comme Seraing ou Charleroi, réfléchissent à des projets similaires. Défi risquéC’est la raison pour laquelle Michaël Dantinne préconise une vision pragmatique des choses. Policiers, magistrats, politiques et travailleurs sociaux formulent quelques constats : supprimer la prostitution est une utopie ; les formes d’exploitation et la traite des êtres humains (qui ne concernent pas que la prostitution) ne seront pas entièrement résolus par le centre, certaines demeureront dans la clandestinité, etc. « Ne refusons pas le projet au motif qu’il ne règle pas tout, prévient le criminologue, pour qui le temps ne doit plus être aux palinodies ou au statu quo. L’offre et la demande existeront toujours. Il serait donc question de permettre au marché de s’exprimer visiblement afin de pouvoir mieux en contrôler les dérives éventuelles. C’est un défi risqué car il est novateur. Mais la politique de l’autruche n’est pas respectueuse des gens. » Cela relancera le débat moral et politique sur le régime de la prostitution.
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