C’est sous le signe du questionnement que le Pr émérite Pierre-Armand Michel a placé son cycle de conférences : “Comptabilité et finance : meilleures ennemies ?”. Un binôme qui a connu au cours des dernières années un développement spectaculaire dans le monde académique et dans le monde professionnel. Titulaire pendant 30 ans de la chaire d’analyse financière à l’Ecole d’administration des affaires de l’ULg d’abord et à HEC-ULg ensuite, le Pr Pierre-Armand Michel définit l’analyse financière comme une méthodologie permettant d’apprécier la performance de l’entreprise en s’appuyant principalement sur l’information comptable.
« Tel le médecin généraliste face à son patient, l’analyste financier porte un diagnostic sur la situation de l’entreprise. » Et de rappeler que si la comptabilité est une condition nécessaire pour comprendre la finance d’entreprise, elle n’est pas suffisante. « La comptabilité, c’est le passé. La finance d’entreprise, c’est le futur. »
Jamais les deux matières n’avaient intéressé tant de monde. « La comptabilité financière n’est pas un pur système technique d’information ; elle participe à la régulation sociale parce qu’elle influe sur les décisions des dirigeants », estime le professeur qui montrera au cours des mois de mars et d’avril que la comptabilité, langage commun du monde des affaires, est intensément liée aux évolutions du monde économique. Il reviendra également sur les recherches menées dans le domaine de la théorie financière qui ont fait évoluer la discipline et les fondements de l’entreprise.
« L’entreprise est-elle maître ou esclave ? Sa mission principale est de créer de la valeur. Mais au profit de qui ? Les années 1980 ont vu l’affirmation dogmatique de la prééminence de l’actionnaire. Ne convient-il pas d’aussi de veiller aux intérêts des clients, du personnel, des sociétés partenaires, de la protection de l’environnement ? », s’exclame-t-il avant de conclure, se référant à un ancien PDG de Lafarge : « La raison d’être de la prospérité de l’entreprise, c’est l’homme, non seulement l’homme du dedans de l’entreprise, mais aussi l’homme du dehors. »
Pa.J.