Les initiatives axées sur le développement durable continuent de fleurir sur les hauteurs du Sart-Tilman. Après l’inauguration du restaurant eco friendly et le lancement de la construction d’un éco-quartier aux abords des homes universitaires, l’ULg met aujourd’hui sa chaufferie à l’heure de la cogénération. Erigé dans les années 60, le bâtiment fonctionnait jusqu’alors au gaz et au fuel lourd. Une importante étape vient d’être franchie : la chaufferie vient de se doter d’une énorme chaudière alimentée en chaleur par un four à bois.
La cogénération est connue comme étant l’une des techniques les plus efficaces énergétiquement pour l’exploitation des énergies fossiles et renouvelables. Son principe est le suivant. L’installation est constituée d’une énorme chaudière alimentée en chaleur par un four à granulés de bois (pellets). Cette chaudière produit de la vapeur qui fait tourner deux turbines, produisant ainsi de l’électricité pour la consommation propre de l’Université. La chaleur de la vapeur est ensuite injectée via un échangeur dans le réseau de chaleur qui court le long de 24 km, sur toute la colline. Ces canaux alimentent la plus grande partie des bâtiments du domaine universitaire et le CHU.
« Chaque jour, trois camions apporteront 45 tonnes de pellets, c’est-à-dire des granulés à base de déchets comprimés de l’industrie du bois, explique Christian Evens, directeur de l’administration des ressources immobilières (ARI). Ils seront stockés dans les deux silos de 200 m³ installés à proximité de la chaufferie. » Ces granulés seront acheminés vers le four via une canalisation en inox dans laquelle ils seront soufflés, pour être brûlés sur une grille alimentée par un tapis roulant. Plus de 16 000 tonnes de pellets seront exploités annuellement, ce qui représente un budget d’environ 3 millions d’euros (sur un total de 8 millions pour les énergies gaz et électricité).
Cette nouvelle centrale, fruit d’un investissement total de 9 millions d’euros, est l’une des plus importantes installée par un pouvoir public en Wallonie. Elle permettra à l’Université, actuellement soumise au régime des quotas de CO2 imposés par la Région wallonne, de réduire fortement ses émissions dans l’atmosphère. « De 14 500 tonnes, nos émissions annuelles devraient passer à 5000 », espère Christian Evens. L’installation offrira également une diversification des sources d’énergie puisque le four peut brûler d’autres formes de biomasse. L’ULg limitera de cette façon son recours aux énergies fossiles et se prémunira contre les éventuelles hausses de prix. « Grâce à cette installation, nous comptons économiser sur le prix de l’énergie et bénéficier des certificats verts délivrés si l’on démontre que nous avons diminué nos émissions de CO2. » Si tout se passe bien, l’investissement amorcé par Cofely devrait être remboursé en moins de dix ans.
Une étude du Pr Jacques Rondeux pourrait aussi permettre à l’Université de valoriser le massif forestier couvrant les 570 ha que constitue le domaine du Sart-Tilman. Une partie de l’espace boisé (200 ha) subirait des opérations sylvicoles permettant de fournir du bois destiné à la production de chaleur. Des plantations relevant de taillis à courte rotation (TCR) sont également envisagées à titre expérimental. Même si la production devrait rester symbolique par rapport au besoin du campus, la valeur didactique de ces actions serait évidente puisqu’elles montreraient comment accroître la biomasse végétale renouvelable et contribueraient ainsi à diminuer la dépendance par rapport aux énergies fossile. En optant pour la biomasse et la cogénération, l’ULg entend souligner le critère du “respect de l’environnement” qu’elle a adopté pour ses projets de construction ou de rénovation de bâtiments. La nouvelle chaufferie arrive à satisfaire 70 % des besoins annuels en chaleur pour les bâtiments du campus du Sart-Tilman, CHU compris, et 30 % des besoins de l’ULg en électricité. Le reste est assuré par le gaz naturel. « Le problème de la cogénération est qu’elle produit une quantité constante d’électricité toute l’année pour assurer sa rentabilité, nuance le directeur de l’ARI. Elle ne peut pas augmenter sa production en fonction des conditions climatiques et le gaz sert à assumer les pointes quand la température descend trop bas. »
Sébastien Varveris
Photo © ULg - Michel Houet 2010