Avril 2011 /203

La troisième édition de l’atlas de Belgique s’affiche aussi sur le net

AtlasBelgique-CouvLe nouvel atlas de Belgique est arrivé. Elaboré essentiellement à partir des données du recensement de 2001, il constitue une somme extraordinaire d’informations sur le pays et ses habitants. Pour rappel, c’est en 1950 que parut le premier atlas de Belgique, le deuxième en 1973. Cette troisième édition devrait être complètement publiée fin 2011, en deux versions bilingues : néerlandais-anglais et français-allemand.

Alors que les précédentes éditions faisaient la part belle à la géographie physique (à la géologie, à l’hydrologie, etc.), la dernière en date privilégie très manifestement la géographie humaine et économique. Et ce n’est pas le seul changement notable. Non seulement la présentation du recueil diffère – l’ouvrage “hors format” fait place à six fascicules de manipulation aisée –, mais il comprend de multiples analyses, ce qui n’était pas le cas auparavant. En outre, et c’est probablement un apport majeur de cette édition, un site internet complète la publication imprimée. L’unité de géomatique (faculté des Sciences) de l’ULg, dirigée par le Pr Jean-Paul Donnay, a grandement participé à cette aventure : elle a coordonné la cartographie de la moitié des fascicules et, surtout, réalisé le site internet2 qu’elle continuera à actualiser.

“L’accent est davantage porté
 sur la géographie humaine”

Selon les auteurs, “l’atlas est un recueil systématique et cohérent de cartes, généralement sous la forme d’un livre, qui représentent un territoire donné ou qui présentent un ou plusieurs phénomènes géographiques”. L’Association cartographique internationale définissait pour sa part, en 1995, la carte comme “une image codifiée de la réalité géographique représentant une sélection de caractéristiques avec pour but de souligner les relations spatiales essentielles”. « Alors que la réalité est en 3D, précise Marc Binard, chercheur dans l’unité de géomatique, la carte doit la représenter en deux dimensions. Son élaboration est donc assez complexe et requiert, outre des opérations mathématiques, des traitements graphiques appropriés afin que les phénomènes soient lisibles et correctement interprétés par le lecteur. »

L’atlas de Belgique 2011 se divise en six volumes de 80 à 120 pages et comporte entre 125 et 280 illustrations en quadrichromie (cartes, tableaux, graphiques, photos). Les deux premiers tomes 
– “Géographie politique” et “Paysages, monde rural et agriculture” – ainsi qu’un guide de lecture sont déjà disponibles, les numéros 4 et 6 (“Habitat” et “Population”) sous presse, les deux derniers “Villes” et “Activités économiques” en cours de réalisation. « Les notices et les données nécessaires à la réalisation des cartes sont fournies par plusieurs chercheurs issus des départements de géographie des universités belges, poursuit Marc Binard. La coordination cartographique a été confiée à l’université de Liège, qui s’est occupée plus précisément des tomes 1, 4 et 5, et à l’université de Gand pour les trois autres tomes. » L’unité de géomatique de l’ULg dispose en effet de tous les logiciels nécessaires à la transformation des données à références spatiales : des listes de chiffres et des tableaux comparatifs se muent, sous nos yeux, en cartes couleurs !

AtlasBelgique-CartesHAujourd’hui, la publication de cartes électroniques vient enrichir la version papier. En Europe, la France, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse ont tracé la voie en ce sens. A la différence de la version imprimée, la version numérisée de l’atlas belge ne comporte pas d’analyse mais intègre plusieurs thèmes supplémentaires. Elle permet également des mises à jour ad libitum et, de surcroît, de composer – à partir des banques de données disponibles – ses “propres cartes”, avec ses propres indicateurs et son échelle souhaitée. « C’est une option intéressante pour les chercheurs, observe Marc Binard, ainsi que pour les professeurs du secondaire ou plus généralement pour les entreprises qui peuvent ainsi étudier leur terrain d’action : marché, hinterland, etc. » L’atlas devient véritablement un outil d’aide à la décision.

Quatre partitions de la Belgique sont disponibles suivant les thèmes abordés (arrondissements, cantons électoraux, communes et sections statistiques), la fonction “zoom” permettant d’afficher des cartes très détaillées. Les tableaux des données et des graphiques synoptiques peuvent également être visualisés.

“L’atlas, véritable aide à la décision, s’est enrichi d’une version en ligne”

La représentation spatiale des enjeux actuels est la préoccupation première de la publication, mais la compréhension des faits nécessite un recours aux documents historiques. Le premier tome de l’atlas (“Géographie politique”) s’ouvre ainsi sur l’évolution du découpage territorial de l’espace belge et remonte… au traité de Verdun (843) ! La géographie électorale et ses rapports avec les partis politiques occupent évidemment une place importante de ce fascicule qui comporte une proportion notable d’analyses scientifiques. On suit ainsi la mise en place des frontières de l’Etat belge et la constitution du cadre administratif jusqu’à l’apparition des Régions et Communautés.

Le volume n°4, consacré à l’habitat, se focalise sur les conditions de logement en Belgique et s’intéresse aux relations entre l’habitant et son environnement. Il livre une image des disparités sociales en observant tour à tour la qualité du logement ainsi que le prix du foncier ou de l’immobilier. On constate, par exemple, un phénomène assez récent dans les campagnes : la construction d’immeubles à deux ou trois étages. « Alors que nous nous interrogeons aujourd’hui sur le coût pour la société de l’extension urbaine (ce que l’on appelle la péri-urbanisation), ces constats peuvent être utiles pour définir une politique d’aménagement du territoire », note le chercheur.



LAtlasBelgique-CarteAgricolees cartes ne sont pas seulement illustratives. « Elles constituent un outil de synthèse qui montre parfois mieux qu’un long rapport la réalité des choses. » Les plus détaillées présentent toute la Belgique à l’échelle de 1:1 000 000; certaines, encore plus détaillées (1:150 000), ne couvrent que le territoire de quelques communes. A contrario, à échelle très petite, les cartes très généralisées permettent de visualiser des évolutions sous forme de BD.

Dans le quatrième fascicule, les structures spatiales des logements sont ainsi présentées selon leur taille et selon leur degré de confort. Quelques thématiques abordent aussi les différents types de ménage (seniors, jeunes, monoparentaux), la vétusté des logements, etc. Les cartes laissent apparaître, par exemple, une multiplication d’immeubles de haut standing dans les régions proches de la frontière allemande et luxembourgeoise : Raeren et Arlon sont des villes prisées par les transfrontaliers.

Le cinquième volume, consacré aux activités économiques, a pour ambition de montrer la localisation des activités à différentes échelles (bassins d’emplois, agglomérations, etc.). L’accent y est mis sur les dynamiques récentes, “sans omettre la formation des grands espaces économiques héritée de l’histoire”  (lit-on en préambule).

Si les grands secteurs de l’économie font l’objet d’une analyse cartographique (industries manufacturières, services, commerces, bureaux), leur répartition est étudiée sous l’angle de l’emploi et de l’espace occupé. La géographie du tourisme est également évoquée dans ce fascicule – à travers le volet “offre” (attraction, hôtellerie) et “demande” (hôtellerie) – tout comme la localisation des services informatiques ou des entreprises étrangères.

Plus moderne dans sa forme, enrichi de commentaires et d’analyses, l’atlas 2011 est aussi plus accessible : chaque fascicule pourra s’acquérir pour la somme de 30 euros. Il sera distribué gratuitement dans les écoles et les bibliothèques. Et la version numérique est offerte.

Patricia Janssens

1 
La publication de l’atlas est réalisée en collaboration avec la Commission de l’atlas national dans le cadre du programme “Atlas de Belgique : valorisation des résultats de l’enquête socio-économique 2001”. Elle est financée par la Politique scientifique fédérale (Belspo).

www.atlas-belgique.be

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