Du 2 au 6 mai prochains, l’ULg accueillera son 43e colloque sur la dynamique des océans, rencontre qui rassemble chaque année des chercheurs du monde entier. L’édition 2011 s’inscrit dans la continuité de l’Année polaire internationale : de grandes campagnes océanographiques avaient été menées entre 2007 et 2009. C’est maintenant le temps des moissons. Une centaine de personnes sont attendues par les organisateurs Marilaure Grégoire et Bruno Delille, tous deux chercheurs FRS-FNRS au centre interfacultaire de recherche marine de l’ULg (Mare). Plusieurs grands programmes internationaux auxquels l’ULg participe se sont également associés à l’événement, tels Geotraces, Imber Solas et Bonus-Goodhope (Année polaire internationale).
Les sessions du colloque graviteront autour de la thématique centrale que sont les traceurs utilisés pour étudier les processus à l’œuvre dans l’océan. Un traceur est un élément chimique présent naturellement dans un système ou introduit par l’homme. L’évolution de sa distribution dans l’océan sert d’outil pour étudier des processus physiques ou biogéochimiques importants, comme la circulation des masses d’eau, la séquestration du carbone atmosphérique par l’océan ou la structure de la chaîne alimentaire marine. Le principe des traceurs est aussi utilisé en médecine humaine : l’iode radioactive, par exemple, est le traceur de référence pour la scintigraphie de la thyroïde.
« L’équipe d’océanographie chimique de l’ULg s’est spécialisée dans l’étude de l’absorption et de l’émission de gaz à effet de serre par les systèmes aquatiques, souligne Bruno Delille. 30% du CO2 rejeté par les activités humaines est absorbé par l’océan. Cette efficacité dépend notamment de l’existence de mouvements verticaux capables de transporter en profondeur le carbone pompé par les eaux de surface. Il est donc important de comprendre les mouvements des masses d’eau océanique, notamment la circulation verticale. Mais pour ce faire, la dynamique du CO2 est trop complexe car elle est affectée par les processus biologiques. Aussi lui préfère-t-on parfois celle des gaz inertes, tels que les chlorofluorocarbures (CFC) relargués en masse par les appareils de climatisation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux accords de Montréal en 1987 qui en limite l’émission. Les CFC sont donc des traceurs introduits par l’homme dans l’atmosphère pendant une courte période à l’échelle des océans et utilisés pour comprendre les échanges air-mer et la circulation physique au sein de l’océan. »
Si la thématique des traceurs est précise, le colloque saura la décliner selon une large gamme de couleurs. Toute une session sera dédiée à l’océan Austral qui a fait l’objet d’une attention particulière dans le cadre de l’Année polaire internationale. D’autres sessions seront consacrées aux contaminants, à la modélisation, aux échanges air-mer, à la circulation physique, à la dynamique de la chaîne alimentaire, aux éléments traces, etc.
Les éléments traces se distinguent des traceurs. Ils sont présents en quantités traces (donc infimes) dans l’océan, mais leur abondance est déterminante pour le fonctionnement de la chaîne alimentaire océanique. « Il ne s’agit plus uniquement d’un outil scientifique comme le sont les traceurs, mais d’éléments indispensables à la vie dans l’océan, précise Marilaure Grégoire. L’élément trace le plus étudié est le fer. La disponibilité de ce micronutriment détermine le développement de la vie primaire et, par là, de la photosynthèse des algues phytoplanctoniques dans certaines régions du globe. Certaines études paléoclimatiques suggèrent que la température de l’atmosphère est donc liée à la quantité de fer dans l’océan. » La problématique est d’autant plus actuelle que des géo-ingénieurs préconisent, par exemple, l’introduction de fer dans l’océan Austral pour y accroître la quantité de micro-algues et en faire ainsi un puits plus efficace de CO2 atmosphérique.
Si les sujets scientifiques abordés seront souvent brûlants, une nourriture plus festive ne manquera pas de divertir les participants du colloque, un dîner officiel à Colonster aura lieu le mercredi, une visite du Grand Curtius le jeudi, etc. Aucun détail ne sera laissé au hasard dans ce colloque financé par le FRS-FNRS, la politique scientifique fédérale belge et le projet international Solas (Surface Ocean - Lower Atmosphere Study).
Elisa Di Pietro
Photos : Damine Cardinal
43e colloque sur la dynamique des océans
Du 2 au 6 mai.
Petits Amphithéâtres (bât. ) , Sart-Tilman, 4000 Liège
Informations sur le site http://modb.oce.ulg.ac.be/colloquium/