Avril 2011 /203
TypeArt

Concours cinéma

Fighter

Un film de David O. Russel, USA, 2011, 1h53. Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adam.
A voir aux cinémas Churchill, Le Parc et Sauvenière.


Derrière son titre à première vue banal, le nouveau film de David O. Russel est fort, poignant et profondément social. Au delà des combats, Fighter parvient à revisiter le film de boxe – grand sujet de cinéma –, actualisant sur le ring les problèmes sociaux et familiaux des classes moyennes américaines de Boston, dans les années 90. On plonge alors, dès les premières images, au cœur de cette histoire de fraternité entre un ancien boxeur déjanté, complètement désarticulé (Christian Bale), et son petit frère (Mark Wahlberg) qu’il désire entraîner a tout prix.

Commence très vite une histoire menée comme un portrait, celui de cette grande famille américaine atypique où les femmes – très nombreuses – exercent un pouvoir étonnant tout en jouant un rôle uni de solidarité envers leurs frères. Mais Fighter est surtout l’histoire d’une désillusion, qui ne concerne pas directement le ring puisqu’elle est d’abord dans la définition même du héros de cinéma. Le film montre d’abord que toute petite histoire est grande pour ceux qui la vivent.

Fighter n’est donc pas Rocky, même s’il conserve un schéma narratif identique, il semble animé d’une volonté biographique de produire des effets de réalité qui sont, en fin de compte, une fois placés dans leur contexte, des effets télévisuels. Le cinéaste choisit d’ailleurs de filmer les matchs avec une caméra de télévision, mettant de la sorte le spectateur face à des images de spectacle pur et interrogeant à nouveau la représentation de la boxe au cinéma. Fighter n’est pas non plus Ali, puisqu’au-delà de son aspect biographique et de ses enjeux sociaux (enjeux qui sont aussi politiques dans Ali), la dimension de l’instant spectaculaire est complètement assumée et même menée a bout. Fighter est un film de cinéma qui met le spectateur face à la télévision, face à une grande télévision – au sens de “grandiose” –, parce qu’à travers sa mise en scène, il réussit à jouer sur une sorte de “suspense en direct”. En l’espace de quelques minutes, cette sensation de live au cinéma emporte le spectateur dans un autre monde, une autre époque, et le transforme malgré lui en fan inconditionnel, capable de passer ses journées à contempler sur Youtube les archives télévisuelles du personnage qu’il est amené à découvrir. C’est peut-être là le premier réflexe du spectateur, une fois rentré chez lui : vérifier que la charge émotionnelle du moment cinématographique correspond à celle du moment télévisuel.

Abdelhamid Mahfoud

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 27 avril de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : en quelle année Micky Ward devint-il champion du monde ?

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