Le lundi 14 mars démarraient officiellement les festivités de la Saint-Torè qui allaient aspirer plusieurs milliers d’étudiants liégeois dans le traditionnel triptyque chapiteau-cortège-trottis. Mais depuis l’année passée, une étape supplémentaire venue élargir l’horizon festif prend un sérieux essor : la “Garden Party HEC”.
Cette petite dernière a connu un développement… éclair, comme le surnom de celui qui l’organise. Simon Regnier, président du comité de baptême de l’Ecole de gestion de l’ULg, rappelait d’ailleurs les chiffres avec délectation, en contemplant l’esplanade Saint-Léonard grouillante de tabliers blancs : « Il y a cinq ans, la première édition avait attiré 600 personnes pour atteindre le double l’année suivante. En 2010, après une édition ratée pour cause d’intempéries, nous avions rassemblé 3500 personnes. Cette année, nous devrions réunir davantage d’étudiants des autres Facultés, baptisés ou non, à proportions égales. » Selon un quotidien local, c’est finalement 5000 d’entre eux qui ont investi la grande place du bord de Meuse.
Hasard ou non, la soirée forfaitaire organisée le soir même au Val-Benoît attirait nettement moins de monde qu’escompté. Sachant que le site ne pourra plus accueillir le chapiteau des étudiants en 2012 et la difficulté qu’ont actuellement les responsables de l’Agel et de la Mel à lui trouver une vraie salle de remplacement
– notamment par rapport aux questions de mobilité –, l’on pourrait penser que la fameuse “Garden” puisse naturellement s’ériger en substitut.
« C’est un truc qui prend de l’essor», confirme le disc-jockey des 4h trottinettes venu mixer quelques dizaines de minutes sur la place dans une ambiance électro-house qui se démarque volontairement des musiques plus festives distillées tout au long de la Saint-Torè. « C’est vrai que notre implantation au centre-ville semble jouer en notre faveur, articule Simon Regnier. Les gens viennent à pied et retournent à pied lorsque nous stoppons tout à 19h. Après, ils sont libres d’aller dans le Carré ou ailleurs. C’est pour ça que je nous considère plus comme un warm-up que comme un événement susceptible de déforcer les autres qui nous suivent au calendrier. »
Entre rires et étonnements, les grappes qui convergeaient encore vers la bruyante esplanade aux alentours de 16h avaient plutôt tendance à confirmer ce point de vue. Il y a celles pour qui « c’est pareil puisque de toute façon on a un abonnement et que les trottis il ne faut pas les manquer parce que c’est génial. Et puis le chapiteau, c’est pas cher : 15 euros pour boire à volonté ». Et d’autres considérant que les guindailles en dehors du centre de Liège changent un peu du Carré qui, lui, fonctionne sans discontinuité.
Inévitablement, ces libations urbaines amènent leur lot de protestations émanant des proches habitations. Malgré les aménagements sanitaires et infrastructurels consentis cette année par les organisateurs, les incivilités en tous genres pullulaient dans les rues avoisinantes. La Garden résistera-telle aux protestations des riverains ? Les services du bourgmestre, en tout cas, hésiteront à délivrer l’autorisation qui, cette année, était soumise à conditions.
Reste que, entre tapage nocturne sous tente, descente sur la foire et cortège, le folklore étudiant perdrait aussi son sens s’il servait la tranquillité des “bourgeois”. Michel Péters, historien de formation et président d’honneur de l’Association générale des étudiants liégeois, rappelait récemment à dessein que, dès le milieu du XIXe siècle, alors que notre Université était à peine trentenaire, les étudiants donnaient déjà des sérénades (concerts accompagnés ou non de chants) sous les fenêtres de personnes à honorer ou divertir. L’existence de ces fameuses sérénades nous est souvent connue car elles occasionnaient des “débordements” relatés aux autorités académiques, notamment par le commissaire en chef de la police…
Fabrice Terlong
Photo : Fabrice Terlonge