Mai 2011 /204
Mai 2011 /204

Intégrer les principes de développement durable dans l’architecture

JanssenAnneMichelDepuis le 1er mai 2010, aucun candidat constructeur ne peut plus ignorer l’obligation de se conformer à la réglementation “Performance énergétique des bâtiments” (PEB) relative à l’isolation et à la ventilation de tout bâtiment. Cette réglementation régionale est une des applications les plus visibles du concept de “développement durable” dans la construction. Mais cette démarche énergétique, pour être durable, ne peut être envisagée qu’au regard d’une vision holistique de l’acte de construire.

On constate en effet que le concept de développement durable est complexe à mettre en œuvre, vu la difficile adéquation entre des paramètres distincts et peu conciliables (l’économie, la gestion sociale et la préservation de l’environnement). Pour bien en comprendre toute la portée (et son champ d’application), il importe de revenir sur sa genèse et sa définition.

Depuis les années 1970, le monde scientifique observe quelques modifications environnementales. Dans l’histoire de la Terre, notons qu’il n’y a jamais eu évolution si rapide. Or notre mode de vie sédentaire ne nous permet plus de nous adapter aux changements qui pourraient s’opérer. Dès lors, en 1987, dans le rapport Our Common Future, la commissaire européenne Harlem Brundtland établit un nouveau concept : le Sustainable Development, traduit par “développement durable” en français, destiné à “réduire les inégalités sociales, tout en préservant l’environnement de manière pérenne, et cela sans contrainte sur le développement économique”. Il s’agit donc d’un développement qui “doit répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures ”.

Concrètement, on pourrait considérer qu’il s’agit d’avoir simultanément une qualité de vie notable et une demande énergétique qui n’épuiserait pas nos ressources. La rencontre de ces deux préoccupations nous permettrait de maintenir un niveau de vie confortable, sans que notre impact sur la planète soit trop important. Suivant les carences rencontrées dans chaque pays, le développement durable peut donc prendre une signification différente.

Or, on constate qu’aucun pays ne répond à cette double contrainte. En Belgique (et dans les pays européens occidentaux), la qualité de vie est globalement satisfaisante, mais notre impact sur les ressources planétaires n’est pas tenable à long terme. L’objectif principal est donc de réduire notre empreinte écologique. Cela signifie qu’il faut diminuer nos demandes en matières premières non-renouvelables (matériaux et énergie) afin de ne pas épuiser les ressources, mais aussi réduire notre production de déchets non-recyclables, afin d’éviter une pollution exponentielle.

“Ne jamais perdre de vue que
toute construction est un lieu de vie”

Le parc immobilier belge représente à l’heure actuelle 24% des demandes énergétiques globales du pays (l’industrie, le transport, l’agriculture et le tertiaire constituant le reste des demandes). Et si l’on regarde à l’échelle d’un logement sans performance particulière, 36% de sa facture énergétique concerne le chauffage et 25% l’électricité. Agir ainsi sur la question de la performance énergétique, c’est agir sur une part substantielle des demandes énergétiques, ce qui réduirait notre empreinte et assurerait notre viabilité financière à long terme. La construction passive est l’aboutissement de cette vision puisque le chauffage est alors supprimé.

S’il importe encore d’éviter la technologie de ventilation forcée – l’utilisation de cheminées de ventilation permet d’assurer naturellement le renouvellement d’air nécessaire pour obtenir un espace sain –, il est tout aussi crucial de ne jamais perdre de vue que toute construction est destinée à être un lieu de vie. Le sentiment de confort d’utilisation comme la meilleure gestion énergétique doivent être de la même façon les priorités de demain.
Or, le sentiment de confort intègre bien sûr des notions hygro-thermiques et acoustiques, mais est aussi lié au choix des matériaux de construction et aux détails de mise en œuvre. Une réflexion sur le lieu de construction permet de réguler les températures ressenties par l’évapo-transpiration des végétaux (principe du bio-climatisme) et la relation avec l’environnement d’un bâtiment permet par ailleurs d’apporter la lumière naturelle nécessaire pour mener une activité. Il importe aussi de réfléchir sur notre dépendance à l’eau et à l’approvisionnement des nappes phréatiques qui pourrait se faire via les filets d’eau des voiries, etc.

C’est dans cet esprit que la faculté d’Architecture de l’ULg organise une formation continue à l’attention des architectes : le certificat en développement durable et conception architecturale.

Anne-Michèle Janssen
chargée de cours HE, faculté d’Architecture

Formation continue-certificat en développement durable et conception architecturale, voir le site www.formcont.auwe.be/portal/catalog.htm?id=276

 

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