La gestion, autrefois, s’étudiait en faculté de Droit. Ce n’est qu’en 1987 que fut fondée, à l’université de Liège, une faculté indépendante pour l’Economie, la Gestion et les Sciences sociales, transformée depuis en HEC-Ecole de gestion. Depuis lors, bien des passerelles ont été jetées entre les deux matières*: le nouveau master en gestion-droit en témoigne une fois encore, avec éclat.
« Manifestement, il y a un besoin, au sein de l’entreprise, de regards compétents à la fois dans les matières juridiques et dans celles de la gestion, constate le Pr Olivier Caprasse, doyen de la faculté de Droit. C’est le cas notamment dans le monde des affaires où l’interdisciplinarité est un véritable atout. » Et de penser, par exemple, aux carrières de juriste et de réviseur d’entreprise ou d’avocat du droit des affaires.
Forte de ce constat – c’est une première en Belgique –, l’ULg organisera dès la rentrée prochaine un master en gestion-droit qui délivrera deux diplômes aux étudiants arrivés au terme de ce nouveau cursus. Près de 25 étudiants de 3e bachelier ont déjà manifesté leur volonté de s’inscrire dans cette nouvelle filière qui comportera trois ans et non deux. « La charge de travail sera forcément plus importante, relève Thomas Froehlicher, doyen de HEC-ULg, mais après trois années, ces étudiants (motivés) détiendront alors pleinement un master en droit (ils pourront s’inscrire au Barreau) et un master en sciences de gestion. Si certains décident, après avoir réussi deux années, de ne pas poursuivre, ils obtiendront alors un master en sciences de gestion à finalité spécialisée en droit ou, dans l’autre sens, un master en droit à finalité spécialisée en gestion. »
Inutile d’attirer l’attention sur le surcroît de travail que ce choix va demander aux étudiants. « Ils devront “rattraper” les cours importants qu’ils n’ont pas suivis pendant leur premier cycle : mathématiques et statistiques (par exemple) pour les juristes ; droit spécifique pour les bacheliers en gestion », poursuit Olivier Caprasse. Sans parler des langues étrangères : les étudiants de cette cohorte devront tous étudier, en plus de l’anglais, le néerlandais… Détail supplémentaire : leur agenda particulièrement rempli ne leur permettra pas d’effectuer un séjour “Erasmus” et ils ne pourront choisir des options que de manière très partielle. Mais, pour les passionnés du monde des affaires, le gain de temps est indéniable et le double diplôme constituera à l’évidence un sésame pour les postes intéressants.
« Notre volonté n’est pas de juxtaposer les deux cursus, poursuit Thomas Froehlicher. Nous avons l’ambition d’articuler les deux matières, notamment au cours de séminaires spécifiques conduits par un binôme de professeurs issus des deux disciplines : Nicolas Petit (faculté de Droit) et Axel Gautier (HEC-ULg), par exemple. D’autre part, nous serons directifs quant au stage : les détenteurs d’un bachelier en droit iront prioritairement en entreprise tandis que les diplômés de HEC-ULg travailleront dans un cabinet d’avocats d’affaires. Quant au mémoire, il devra bien sûr comporter une double approche. »
Parmi ceux qui vont devenir les pionniers de cette ambitieuse filière, une dizaine d’étudiants proviennent de la faculté de Droit, une quinzaine de HEC-ULg. L’objectif étant d’équilibrer les deux provenances. « Nous avons déjà été contactés par de futurs bacheliers d’autres institutions, se réjouit le Pr Caprasse. Pourtant, les critères de sélection sont assez sévères : vu la somme de travail que ces étudiants s’apprêtent à fournir, nous avons décidé de recruter les meilleurs éléments et, parmi eux, ceux qui avaient déjà manifesté un certain intérêt pour l’autre matière. »
Patricia Janssens
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*Un master complémentaire en droit fiscal, un Tax Institute, un projet de Competition Institute, un projet de master congolais en gestion et droit de l’entreprise.
tél. 04.366.56.74, courriel info.etudes@ulg.ac.be