Juin 2011 /205
Juin 2011 /205

Le concept d’intelligence territoriale au cœur du développement liégeois

A la fin des années 1960, avec la requalification de l’industrie wallonne, le tissu économique évolue et s’engage dans une nouvelle forme. Terminés les bassins miniers, place aux zonings industriels implantés en rase campagne et éloignés des centres urbains. L’entreprise s’implante en périphérie, dans une logique de regroupement, même si on ne parle pas encore à l’époque de “pôle de compétitivité”.

S’il semblait alors logique, voire rationnel, de procéder de la sorte, l’approche actuelle s’inscrit en faux par rapport à cette démarche de plus en plus critiquée : « On ne décide plus systématiquement de placer une société dans un parc industriel, sans réfléchir, parce qu’on a toujours fait “comme ça”, affirme Guénaël Devillet, maître de conférences du département de géographie en faculté des Sciences. A présent, on s’efforce d’adopter une position globalisante qui intègre différents aspects, en plus du strict versant économique. On pense ainsi en termes de redéploiement social cohérent et réfléchi, et en termes d’impact environnemental. Cela a-t-il du sens, à l’heure actuelle, de faire se déplacer autant de personnes en voiture pour se rendre à un travail qui pourrait se rapprocher des lieux d’habitation ? »

Le bon sens

Guénaël Devillet, directeur du Service d’étude en géographie économique fondamentale et appliquée (Segefa), avance comme nouvelle piste de réflexion le concept d’intelligence territoriale. Apparue vers la fin des années 1990, cette notion se focalise sur le développement durable des territoires en y intégrant la communauté territoriale. « L’expression “développement durable” a été un peu galvaudée. Pourtant, si l’on s’en tient à son sens premier, il conserve toute sa pertinence dans le domaine de l’intelligence territoriale puisqu’il combine les piliers que sont l’économique, le social et l’environnemental auxquels on peut ajouter la culture dans une vision transversale à long terme », observe le chercheur.

En pratique, cela se traduit par une collecte de données complètes concernant le territoire, la multiplication et la confrontation des points de vue des acteurs de terrain, l’implication des entreprises dans une optique de prise en compte globalisante d’un territoire donné. En somme, une meilleure compréhension du territoire, de ses enjeux, de ses forces et de ses faiblesses pour co-construire des actions et des projets qui répondent au besoin du territoire. Longtemps discuté, toujours reporté, le projet de réaménagement du Val-Benoît s’inscrit dans cette logique transversale. « L’idée a été émise de transformer le site en éco-quartier multifonctionnel. Concept plus que louable, d'ailleurs prôné à l'époque par une étude du Segefa, mais qui appelle une série de compétences diverses et une collaboration à caractère systémique. Un exemple : le tri des déchets. Souvent évoqué en toute fin de projet, il paraît pourtant nécessaire de l’inclure en amont et donc de sonder également les acteurs responsables de cette problématique », reprend le chercheur. Outre l’analyse rigoureuse et scientifique de données diverses, l’intelligence territoriale inclut les opérateurs locaux dans la discussion et fait en sorte qu’ils croisent leurs points de vue et compétences dans le but d’aboutir à une vision multiscalaire.

Un colloque concret

Acteur central du développement économique de la province de Liège, la SPI+ fête ses 50 ans. Pour marquer le coup et aller de l’avant, l’agence s’est associée au Segefa et veut organiser un colloque international autour de la question des territoires intelligents et de l’approche intégrée du territoire. Le but est de s’inscrire dans la politique de stratégie Europe 2020 qui insiste sur les méthodologies destinées à aider les territoires à croître, à se différencier aussi tout en introduisant une réflexion sur la cohésion territoriale. « Autour de quatre thèmes centraux, plus d’une centaine d’acteurs seront réunis, avec les membres du réseau européen d’intelligence territoriale et des scientifiques sélectionnés par un comité, pour mettre en commun leurs compétences, leurs regards et discuter ensemble et au même endroit. Il est essentiel de mêler scientifiques et acteurs de terrain en vue de dégager des résultats pertinents pour Liège à l’issue de cette rencontre d’envergure », conclut Guénaël Devillet.

François Colmant

L’économie durable au sein de la nouvelle culture du développement

Colloque organisé par la SPI+, du 12 au 14 septembre, au Val Saint-Lambert, rue du Val 245, 4100 Seraing.

Contacts : courriel liege2011@territorial-intelligence.eu, site www.territorial-intelligence.eu

 

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