Septembre 2011 /206
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Le Campus environnement d’Arlon a 40 ans

MormontMarcProfesseur au département des sciences et gestion de l’environnement, Marc Mormont est un sociologue intéressé par les questions d’environnement. Détenteur d’une licence en sociologie de l’UCL, il est arrivé en 1973 à Arlon afin de réaliser une thèse de doctorat sur les territoires ruraux. Conquis par la question environnementale, il fera toute sa carrière scientifique en Lorraine belge.

Au moment où le campus va fêter ses 40 ans, c’est naturellement vers lui que Le 15e jour du mois s’est tourné.

Le 15e jour du mois : Votre carrière scientifique épouse l’histoire du campus !

Marc Mormont : Effectivement ! Je suis arrivé à Arlon deux ans après la création du campus. C’était le temps de l’expansion universitaire et les autorités politiques de la province de Luxembourg avaient jugé intéressant de créer – ex nihilo – un centre de recherches dans le sud du pays. Toutes les universités francophones ont contribué à la mise en place de la nouvelle “Fondation universitaire luxembourgeoise” (FUL), d’emblée consacrée exclusivement aux questions environnementales.

En 40 ans, je peux dire que son développement a été significatif. A l’heure actuelle, 70 personnes travaillent sur le campus d’Arlon : quatre académiques (bientôt six), une dizaine de scientifiques permanents, six ou sept assistants, une vingtaine de chercheurs sous contrat et environ 25 membres du personnel administratif et ouvrier. Le campus accueille aussi chaque année, en moyenne, une cinquantaine de doctorants. Il est vrai que, dès l’origine, la FUL s’est adressée en priorité aux doctorants et post-doctorants. Elle proposait ce que l’on appelait alors des DEA et DES (troisièmes cycles) dans les matières environnementales. Assez rapidement, le centre de recherches a acquis une solide réputation dans le domaine et attiré nombre d’étudiants belges, européens et ressortissants du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest.

La réforme de Bologne en 1999 a cependant contraint l’ex-FUL à abandonner les troisièmes cycles et à proposer des masters en deux ans. Cette modification a probablement facilité notre intégration à l’université de Liège. Depuis 2004 en effet, la FUL est insérée dans la faculté des Sciences et fait partie du département des sciences de l’environnement. On l’appelle désormais le “Campus environnement d’Arlon”.

Le 15e jour : Quelles formations y dispensez-vous ?

M.M. : Tout en garantissant une formation scientifique de niveau universitaire, le Campus environnement veille à ce que le cursus comporte une dimension “de terrain”.

A Arlon, les masters que nous proposons sont à la fois pluridisciplinaires et axés sur le savoir-faire. Au programme, des disciplines scientifiques bien sûr mais aussi des sciences humaines ainsi que du travail in situ, afin de plonger les étudiants en fin de cursus dans un contexte professionnel. C’est ainsi, par exemple, qu’un groupe a travaillé cette année en Corse sur la gestion des incendies. La pratique de la culture sur brûlis est ancestrale et toujours très fréquente, mais elle doit être dûment encadrée. Les étudiants sont partis un mois à Corte, ont mené l’enquête, ont établi un rapport et fait des propositions aux autorités compétentes. Dans un autre registre, certains étudiants ont réalisé, en France encore, une étude de la gestion de marais. Ce ne sont que deux exemples, mais ils témoignent de notre volonté d’inscrire les connaissances théoriques dans des situations concrètes.

Actuellement, nous organisons un master en sciences et gestion de l’environnement (en deux ans) et un master en environnement (un an), ainsi que quatre masters complémentaires. Mais, avec le soutien de la faculté des Sciences et du doyen Rudi Cloots, nous proposons à présent une nouvelle formule : les étudiants de la Faculté inscrits en “master 1” auront dorénavant la possibilité de choisir, dans leurs 60 crédits, un “module sciences et gestion de l’environnement” de 12 crédits, ce qui leur donnera directement accès à la 2e année du master en gestion de l’environnement organisé à Arlon. Et d’obtenir ainsi deux masters en cinq ans.*

Le 15e jour : Quels domaines de recherche avez-vous choisis ?

M.M. : Au fil du temps, nous avons déterminé cinq axes de recherche : l’énergie, la gestion de l’eau, celle des déchets, la surveillance et la sociologie de l’environnement. Plusieurs réalisations sont d’ailleurs nées dans le sillage de ces travaux : Opal Systems, par exemple, une spin-off dirigée par Philippe André qui propose un système innovant de chauffage par le sol ; l’installation de la climatisation solaire sur le Campus (inaugurée le 17 juin et due à Sébastien Thomas), unique en son genre en Région wallonne et au Luxembourg, et qui produit de l’air froid à partir de panneaux solaires thermiques. Quant à Jean-Marie Hauglustaine il développe une recherche intensive sur les techniques et les normes pour l’enjeu considérable que constitue la rénovation de l’habitat.

En ce qui concerne la gestion des déchets, Jean-Luc Vasel, chargé de cours, a mis au point une nouvelle technologie pour les eaux résiduaires des décharges, laquelle a engendré la spin-off Astrea Technology. La qualité de l’air est également une des préoccupations des chercheurs. Des mesures de pollution – y compris à l’intérieur des bâtiments – sont analysées et Jacques Nicolas, chargé de cours, a créé une spin-off du nom d’Odometrics qui s’intéresse de près aux odeurs environnementales. Les contrats rivières traduisent en Wallonie, mais aussi au Burkina Faso, les recherches de Francis Rosillon sur la gestion de l’eau. L’agro-météorologie de Bernard Tychon, enfin, est un domaine de recherche très prometteur.

Quant au volet sciences humaines, c’est surtout aux questions de gestion au sens large qu’il est consacré. Notre préoccupation essentielle est de lier les connaissances scientifiques et l’action. François Mélard développe ainsi des recherches sur les relations entre acteurs profanes et scientifiques dans la gestion des pollutions. Pierre Stassart interroge les relations entre chercheurs et paysans dans la perspective agro-écologie et Catherine Mougenot questionne la place de l’animal (sauvage et domestique) dans nos sociétés. Tout ceci dans le cadre de projets tant au Nord qu’au Sud (Sénégal, Bénin, Bolivie, Brésil).

Propos recueillis par Patricia Janssens
Photos : J.-L. Wertz

Programme des festivités du 40e anniversaire à Arlon

• 
vendredi 7 octobre, 20h30, Eglise du Sacré-Cœur : concert du chœur Prélude accompagné par l’orchestre Estro Armonico, Les amoureux de la Renaissance italienne
• 
les week-ends des 8-9 et 15-16 octobre, de 14 à 18h sur le campus : exposition “Les sciences au fil de l’environnement
• 
octobre et novembre, sur le campus : séminaires scientifiques
• 
lundi 28 novembre, Maison de la culture d’Arlon : soirée académique et conférence de Bertrand Piccard
Contacts : tél. 063.23.08.59, courriel acromain@ulg.ac.be,
site www.campusarlon.ulg.ac.be

* Informations sur le site www.dsge.ulg.ac.be/arlon

Voir la video sur le site de la WebTV : WebTV-Mormont 

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