La face cachée d’Erasmus, Les risques du programme européen d’échanges,… Dans une pleine page réservée au célèbre programme européen de mobilité étudiante, Le Soir (16/8) épinglait les ratés d’Erasmus (problèmes de reconnaissance académique, de suivi administratif dans certaines universités, l’insuffisance du montant des bourses et l’élitisme social, l’insatisfaction des étudiants effectuant un séjour à l’étranger, etc.), à l’opposé d’un discours “triomphant” de la Commission européenne.
Une chercheuse en sciences politiques des Fucam à Mons, Anne Croché, auteur du livre Le pilotage du processus de Bologne (éditions Academia), constatait que le programme était loin d’atteindre ses objectifs. Elle relevait un glissement de la philosophie d’origine d’Erasmus (des étudiants ayant une expérience de coopération intracommunautaire, former des élites acceptant le projet européen et accélérant l’intégration) avec les programmes Erasmus Mundus et World, qui attirent les cerveaux les plus brillants en Europe en les délocalisant, alors que ces régions ont aussi besoin de cerveaux. La chercheuse estimait aussi que, de manière générale, la mobilité étudiante était réservée à une élite.
Dans une carte blanche parue le 30/8 dans le même journal, les vice-Recteurs aux relations internationales des universités belges francophones, dont le Pr Jean Marchal pour l’ULg, ont tenu à nuancer l’analyse et à rassurer les étudiants tentés par une prochaine expérience de mobilité... Les enquêtes internes auprès des étudiants mobiles montrent des taux de satisfaction très importants, les difficultés administratives ou logistiques demeurant marginales. De plus, les universités se conforment à des standards de qualité élevés et obtiennent, comme à l’ULg, des labels qui les certifient (ECTS, Diploma Supplement).
Les auteurs dénoncent surtout les “idées fausses” qui apparaissent en filigrane des critiques à l’égard d’Erasmus. La première serait que l’objectif du nombre d’étudiants mobiles serait impossible à atteindre (20% alors qu’ils seraient à peine d’1% en Communauté française). Or, si l’on rapporte le nombre d’étudiants mobiles au nombre de diplômés et si l’on prend en considération tous les programmes d’échanges, l’objectif « 20% en 2020 » est déjà très largement atteint au sein des universités de la Communauté française. Autre “mythe” , Erasmus serait réservé à une élite sociale, décourageant les étudiants moins nantis. De ce point de vue, les auteurs notent l’augmentation du montant moyen des bourses (245 euros/mois), le recours à d’autres fonds d’aide à la mobilité pour tenter d’établir une équité d’accès à la mobilité.
En conclusion, les vice-Recteurs en reviennent au retour d’expérience des étudiants eux-mêmes. Le sentiment de participer, par une meilleure connaissance de l’autre, au développement d’une société multiculturelle est très présent. Ils reviennent aussi avec un bagage académique et linguistique renforcé : ils ont appris autre chose, autrement, dans une autre langue, développant ainsi leur esprit critique. Toutes ces compétences seront hautement appréciées et recherchées lors de leurs premiers tests d’embauche.
D.M.