Le don de sang : un geste qui sauve

Expression de l’état du lien social dans une société où le rapport au monde est surtout individualisé, le don de sang ne concerne qu’une partie infime de la population. Le manque de temps, la peur de la seringue, l’ignorance parfois seraient autant d’obstacles au passage à l’acte.

En quête de nouveaux donneurs

Pourtant, comme le fait justement remarquer Isabelle Godin, médecin généraliste au centre de transfusion sanguine de Liège, « être en bonne santé est une chance, pouvoir donner son sang devrait être perçu tout aussi positivement ». Maladies hématologiques – de type leucémies et lymphomes par exemple –, mais également interventions chirurgicales, accidents de la route ou encore accouchements, longue est la liste des cas médicaux tributaires des dons de sang. Chaque semaine en province de Liège, pas moins de 1200 poches de sang sont d’ailleurs nécessaires pour subvenir aux besoins des hôpitaux. Un nombre qui n’est pas atteint en période estivale, comme l’explique le Dr Godin : « On observe certaines tensions sur les stocks de sang disponibles pendant les vacances d’été, puisque la plupart des donneurs partent en vacances. La période du 15 août est souvent la plus critique même si, cette année, le cap a été passé sans trop de difficultés. » Créative, l’équipe de transfusion sanguine de Liège se mobilise un peu plus encore pendant cette période charnière et organise des collectes spéciales. Elle a ainsi pris ses quartiers d’été à la Médiacité notamment, aux Beach Days d’Esneux et, plus près de nous, place du 20-Août pendant les inscriptions.

Malgré les initiatives régulièrement lancées et les efforts fournis au quotidien par l’équipe, le besoin en nouveaux donneurs se fait tous les jours ressentir. « D’autant que certains de nos donneurs décèdent, ajoute Isabelle Godin, que d’autres se trouvent en refus temporaire voire définitif de donner leur sang. » Régulièrement, le car de transfusion quitte ainsi le centre de la rue Dos-Fanchon pour avaler les routes de la province et aller directement au devant des donneurs potentiels, que ce soit dans les villages, dans les entreprises ou au sein des établissements scolaires. « On trouve un fort potentiel de nouveaux donneurs auprès des catégories les plus jeunes, notamment celles des étudiants : l’effet de groupe a une influence positive sur le passage à l’acte de don. »

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C’est le temps qu’il faut pour donner son sang, que l’on se présente au centre ou à l’intérieur d’un car ambulant. La procédure y est par ailleurs identique : avant chaque prélèvement, un examen et un questionnaire médical déterminent si oui ou non la personne est en mesure de donner son sang. « Différents critères doivent être réunis pour que le donneur soit recevable : il faut avoir entre 18 et 65 ans, être en bonne santé, peser 50 kilos minimum, ne pas avoir voyagé dans un pays tropical depuis moins de six mois, ne pas s’être fait tatouer ou percer depuis moins de quatre mois et ne pas avoir changé de partenaire sexuel depuis moins de quatre mois. » En moyenne, 14% des poches sont rejetées pour différentes raisons. « Une poche de sang – soit 430 ml – permet d’aider quatre à cinq malades selon que l’on utilise les globules rouges, le plasma, les plaquettes, indique Isabelle Godin. Les chiffres sont cependant relatifs : un patient leucémique a, lui, en moyenne besoin de 90 poches pour se maintenir en vie, avant d’obtenir une greffe. »

A l’université de Liège, deux collectes sont organisées annuellement. En novembre et en mars, autrement dit deux moments relativement creux dans l’agenda académique des étudiants. Celle de mars 2011 a par exemple permis de recueillir 236 poches de sang dont 106 issues de nouveaux donneurs.

Michaël Oliveira Magalhaes
Photo © Frank Toussaint